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Louis-Alphonse de Bourbon au XIIIème Congrès des familles

«La famille est une entité en elle-même, exactement comme le couple est plus que le mari et la femme. Ainsi s’attaquer à la famille, c’est ruiner l’équilibre naturel, c’est rompre la chaîne des générations qui va des origines du monde à ce qui sera sa fin.» Prince Louis-Alphonse de Bourbon, 2018

LLouis de bourbon congres des famillese communiqué est tombé hier, inattendu comme à son habitude , sur son site officiel*. Le prince Louis-Alphonse de Bourbon, chef de la maison du même nom, sera un des invités d’honneur du XIIIème congrès mondial de la  Famille qui se déroulera du 29 au 30 mars 2019. C’est à Vérone, en Italie, que doit se réunir autour du ministre de l’intérieur Matteo Salvini, la fine fleur de l’extrême-droite religieuse. Un congrès qui n’est pas sans susciter à chaque fois des controverses et qui plonge un peu plus l’un des trois prétendants au trône de France, ici pour la Légitimité, vers le chemin de la radicalisation. Au grand dam d’une majorité de monarchistes.

Les noms des invités déjà annoncés sont prestigieux.Parmi lesquels, on peut citer l’archiduc Edouard de Habsbourg-Lorraine, actuel ambassadeur de Hongrie au Saint-Siège, la princesse Gloria von Thurn and Taxis, proche du mouvement Alternative für Deutschland (AfD), Sa Béatitude Ignace Youssef III, le  primat actuel de l'Eglise cannonique syriaque , Attila Benada vice–député en charge des Familles pour la Hongrie, l'Archiprêtre de Moscou Dmedev Smirnov (proche des milieux monarchistes ultra-orthodoxes russes), Igor Dodon, le polémique président de la Moldavie ou encore Brian Brown, cofondateur américain  de l' Organsiation nationale pour le mariage  qui ne cache pas son opposition virulente aux groupes d’associations « LGBT ». Désigné invité d’honneur, avec une photo de jeune premier u  s’affiche sur le site officiel de l’organisation parmi les futurs « speakers », le prince Louis-Alphonse devrait retrouver les honneurs d’une estrade sur laquelle il était déjà intervenu en septembre dernier. Une présence qui avait toutefois refroidi une partie de ses partisans gênés par un discours jugé peu progressiste et loin de l’évolution sociétale actuelle. Mais conforme à ses idéaux propres et la tradition souhaitée par la frange de la Légitimité la plus ultra-catholique.

« Je vous assure que cela n'entre pas dans mes plans, ni présents ni futurs. Je n'aime pas la politique et je n'ai pas le temps pour cela»  se défendait en novembre dernier dans les colonnes du magazine Vanitatis, le prince Louis-Alphonse de Bourbon.  Depuis que le gouvernement espagnol a décidé d’exhumer en juillet 2018 son arrière–grand-père, le général Francisco Franco, le duc d’Anjou, semble avoir remisé ses déclarations aux oubliettes. Jusqu’ici très timoré dans ses apparitions, il n’a pas hésité à descendre les marches de la basilique de la Vallée de Los Caïdos ou repose (encore) le Caudillo sous les bras levés des franquistes et autres monarchistes, nostalgiques de la dictature.

Devenu le nouveau « prince bleu », pour un certain nombre de ses partisans des deux côtés des Pyrénées,  il ne cache plus ses accointances avec le mouvement d’extrême-droite Vox, dont le leader Santiago Abascal, est un ami personnel. Président de la fondation Francisco Franco et futur duc éponyme, Louis-Alphonse de Bourbon a levé le saint-oriflamme  de la préservation de l’héritage de l’ancien chef d’état. En  juin 2010, il avait d’ailleurs largement évoqué dans un entretien les réussites du régime franquiste, ce rempart contre le communisme qui avait relevé économiquement une Espagne exsangue. Sur les réseaux sociaux, dont il est un aficionado, le chef de la maison de Bourbon assume sans complexes ses positions politiques qui intriguent la presse française comme espagnole qui couvre régulièrement son actualité.

Du côté de ses partisans en France justement, l’attitude du « Bisnieto » divise. On évite d’évoquer le sujet, on affirme que les affaires espagnoles du prince ne regarde pas l’Hexagone, on tente soigneusement de le cacher quand on ne sent pas un silence gêné parfois en interrogeant les légitimistes à la sortie des commémorations. Pour une partie d’entre eux qui accepte de se confier, ceux-ci craignent que les diverses prises de positions de « sa majesté très chrétienne » ne finissent par nuire à ses prétentions au trône de France. Pour l’Institut de la maison de Bourbon (IMB), qui représente ses intérêts en France, on voit ici et plutôt le moyen d’imposer le prince comme un acteur majeur de la scène internationale.

Quitte à irriter ses adversaires, proches du prince Jean IV d’Orléans, nouveau chef de la maison royale de France, qui reprochent à Luis Alfonso de Borbón Martínez-Bordiú, ce mélange des genres impropres et passéistes à l’idéologie monarchiste. Depuis la mort d’Henri (VII) d’Orléans, le 21 janvier 2019, il est vrai que les cartes au sein du monarchisme français ont été rabattues. Avec un prince de la maison impériale, le prince Jean-Christophe Napoléon VII, quasi absent du débat français et un Louis XX très occupé avec l’affaire Franco et peu présent sur le territoire français (il est attendu toutefois pour inaugurer en mai un jardin dans les ruines du château de Bourbon –l’Archambault), l’avantage est actuellement à la maison d’Orléans qui se pose également en championne du christianisme (notamment dans la défense des chrétiens d’Orient). D’autant plus que la quasi-totalité des mouvements militants connus sont acquis au descendant de Louis –Philippe Ier, dernier roi des Français, qui a bénéficié d’une bonne couverture médiatique ces derniers mois.

ELouis de bourbon rencontre le president moldave photo presidencen France, le prince bénéficie de l’appui du colonel Jacques Hogard, commandant du groupement de Légion Étrangère lors de l'Opération Turquoise  au Rwanda (1994) et  proche des milieux nationalistes serbes (qui semble être la main derrière les déplacements de Louis-Alphonse de Bourbon) et du sulfureux Fabrice Sorlin, président de l’association nationaliste et  traditionaliste- catholique « Dies Iræ ». Ce sont d’ailleurs eux qui ont accompagné le duc d’Anjou lors de sa rencontre avec le président Igor Dodon, dont les propos contre les homosexuels de son pays ont reçu les condamnations unanimes des ligues des droits de l’homme comme ils l’ont amené dans les locaux de Tsargrad TV en avril 2017, lors de son voyage à Moscou. Peu de chances que le cousin du roi d’Espagne ne sache pas avec qui il se déplace. Il a même l’appui de Brian Brown, obsédé par son combat contre les gays et lesbiennes, qui n’hésite pas à partager les communiqués et autres tweets du fils d’Alphonse de Bourbon, comme celui publié en février sur les profanations des églises en France sur fond d’admiration du gouvernement du premier ministre hongrois Viktor Orban et de défense de la chrétienté.

Lors du précédent congrès, le prince Louis-Alphonse de Bourbon avait été d’ailleurs invité à l’initiative de Konstantin Valeryevich Malofeev, un monarchiste russe poche du Kremlin, de Philippe de Villiers ou du Rassemblement national,  fondateur de la télévision Tsargrad et directeur d’une école visant à former les futurs cadres d’un régime monarchique à venir. Une proximité avec les milieux russes proches des thèses eurasianistes d’Alexandre Doguine (conseiller de Vladimir Poutine) avérés.

Lors de son allocution, fortement remarquée et médiatisée, le duc d’Anjou avait alors dénoncé une politique visant à détruire une «famille qui subit actuellement de nombreux assauts », avant  de saluer une initiative [ici le congrès-ndlr] «qui permet(tait) à tous d’analyser une situation pour laquelle des solutions doivent être trouvées», s’opposant fermement aux réformes sociétales actuelles (loi sur le mariage pour tous et l’avortement-ndlr) et qui si elle se perpétu(ait), «contribuera(it) à ruiner notre société comme notre civilisation » avait alors ajouté le prétendant au trône de France qui avait « buzzé » en soutenant ouvertement le mouvement des Gilets jaunes au moment le plus fort de la contestation.

La présence du prince Louis-Alphonse de Bourbon à ce XIIIème congrès confirme donc son ancrage dans une idéologie très conservatrice qui ne laisse plus de place aux doutes quant à son positionnement politique. Un déplacement parmi la « gentry populiste » qui risque, une nouvelle fois, de déstabiliser une Légitimité, proie des ultra-catholiques, actuellement en pleine crise d’identité et qui ne sait plus vraiment à quel saint se vouer aujourd’hui.

Copyright@Frederic de Natal

*: https://www.legitimite.fr/   

(Publié le 20/03/2019)

Date de dernière mise à jour : 30/03/2020

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