Des monarchies toutes en arc-en-ciel

Les monarchies européennes ont été les premières à signer les décrets légalisant le mariage pour tous en dépit de certaines oppositions. Une brèche dans un bastion longtemps considéré comme étant résolument conservateur.

Des monarchies tout en arc-en-cielLe 28 septembre 2018, Lord Ivar Mountbatten est devenu le premier membre d’une famille royale à épouser une personne de même sexe. Mais une évolution sociétale qui a permis aussi à certains membres du Gotha de faire ouvertement leur coming-out ou bien d’autres de cultiver avec ambiguïté leur image iconique de véritable machine à fantasmes gays. En mars dernier, la princesse héritière de Suède, Viktoria Bernadotte, a reçu une distinction pour son soutien aux homosexuel(le)s, signe important d’un profond changement de mentalités au sein des royautés entrées de plein fouet dans le XXIème siècle.

Les monarchies européennes, premières à signer les décrets légalisant le mariage pour tous

Prince william duc de Cambridge soutenant les LGBT« Je soutiendrais pleinement mes enfants s’ils étaient homosexuels ». Interrogé par les journalistes lors de sa visite à l’Albert Kennedy Trust, une association qui aide les homosexuel(le)s sans-abri, la petite phrase du duc William de Cambridge n’est pas passé inaperçue.  « Vous savez, j’y ai beaucoup réfléchi (…). On n’y pense pas tant qu’on n’est pas parent et je pense, évidemment, que cela ne me dérange pas » a poursuivi le petit-fils de la reine Elizabeth II qui est très actif dans son soutien aux gays et lesbiennes du Royaume-Uni. Les monarchies européennes ont été les premières à signer les décrets légalisant le mariage pour tous au grand dam des opposants qui ont parfois battu le pavé afin de tenter de s’opposer à ce que beaucoup considère comme un changement profond des états d’esprit. Sujet longtemps tabou au sein du Gotha, l’histoire ne manque pourtant pas de rois et de reines qui avaient une préférence pour leur propre genre sexuel. 

Des princes qui cultivent une image homo-érotique sur leurs réseaus sociaux

Nikolai du danemark et ferdinand de habsbourg lorraineL’archiduc Ferdinand-Zvonimir de Habsbourg-Lorraine, Nikolaï du Danemark, Constantin-Alexis de Grèce, Mirko de Saxe-Cobourg-Gotha ou même Harry de Sussex, … autant de princes qui sont devenus, parfois malgré eux, des véritables machines à fantasmes gays en publiant des photos d’eux quelque peu explicites sur les réseaux sociaux. Une image iconique homo-érotique qu’ils assument parfaitement loin de tout militantisme quelconque et qui n'ont pas manqué de faire jaser. La jeune génération de souverain(es) à venir et autres cadets royaux a décidé de s’investir dans la défense de la cause homosexuelle contrairement à certains de leurs aînés encore frileux et qui sont loin de l'accepter. Notamment dans les monarchies du Nord comme avec la princesse héritière Viktoria de Suède qui a reçu une distinction en ce sens en mars 2021 et qui a appelé tous les états à « continuer à travailler chaque jour pour un monde où les personnes LGBTQI auront la possibilité de vivre en liberté et sans oppression ». Même son de cloche chez le prince Haakon de Norvège qui a visité un centre de gays musulmans, et condamné l‘homophobie. « Un sentiment de haine inacceptable »  avait alors déclaré le fils du roi Harad V. Un souverain qui avait lui–même surpris ses sujets en apportant publiquement son soutien aux homosexuel(le)s de son royaume lors d’un discours prononcé en 2016.

Des mariages gays au sein du Gotha

Lord Ivar Mountbatten et James CoylePreuve d’un changement des mentalités dans le Gotha, le mariage en juin prochain de la princesse María Juncadella von Hohenlohe et de sa fiancée Carlota Redón, trois ans à peine  après celui de Lord Iva Mountbatten, cousin au troisième degré de la reine d’Angleterre, qui a épousé son compagnon James Coyle. Encore faut-il citer celui du prince  Manvendra Singh Gohil, futur  maharaja de Rajpipla et devenu le porte-parole des LGBT indiens. Ils rejoignent ainsi une longue liste de princes qui ont fait leur coming-out comme Egon von Fürstenberg ou Gottfried  von Bismarck-Schönhause. Faisant même preuve d’un progressisme surprenant, le prince Reza Shah Pahlavi a récemment pris la défense des gay, trans’ et lesbiennes d’Iran lors d’un communiqué, peu de temps après la mort tragique d’un membre de cette communauté, décapité par sa famille en raison de son orientation sexuelle. 

Des monarchies qui ne sont pas toutes « gay-friendly »

Une principauté pas très gay-friendlyMais toutes les monarchies, telles que celles du Cambodge, des Pays-Bas, de l’Espagne et bien d'autres sont-elles aussi « gay-friendly » que les médias l’affirment ? Dans le monde, on ne connaît que deux souverains qui sont homosexuels bien qu’ils ne se soient jamais exprimés sur le sujet. En Europe, la principauté du Liechtenstein est un îlot de résistance qui cultive la contradiction. Si elle refuse le mariage pour tous, elle autorise pourtant l’adoption d’un enfant par une personne homosexuelle à condition qu’elle soit célibataire. Quoique. Interrogé sur cette question par la radio nationale en février de cette année, le prince Hans-Adam II  n’a pas hésité à faire un amalgame entre homosexualité et pédophilie dans ses propos. Une intervention qui a mise hors d’elle la communauté homosexuelle locale et ravis les plus ultras cathos des monarchistes qui peuvent compter sur la princesse rock'n roll Gloria von Thurn und Taxis dans leur combat contre les associations LGBT. La situation n’est guère plus envieuse dans le royaume d’Eswatini où les droits en faveur des gays sont inexistants et les pratiques homosexuelles, qualifiées de « sataniques » par le roi  Mswati III, sont interdites. Dans le sultanat de Bruneï, tout acte de sodomie est punissable de mort.  Ce qui n’a pas empêché le prince Haji 'Abdul 'Azim, le défunt second fils du roi, de révéler son homosexualité après avoir été « outé » de force en 2019.  Certains prétendants au trône ou partis royalistes n’ont pas hésité à prendre des positions parfois controversées sur le sujet voire très virulentes ou tout en nuance. 

 Rois et reines gays dans ll'Histoire« Les temps ont changé. Si l’on s’aime avec sincérité, tous les orifices peuvent être éventuellement appropriés » n’avait pas hésité à dire le Dalaï Lama Tenzin Gyatso, souverain théocratique en exil du Tibet, en plein débat sur le mariage pour tous. L'encyclopédie en ligne Wikipedia s'est même dotée de pages traitant de ces royaux et aristocrates LGBT, supposés ou revendiqués, qui n'ont pas démérité pour autant en dépit de leur aptitude au « vice italien». Loin de céder mais afin de demeurer pérennes, les monarchies continuent de s’adapter aux désirs de leurs peuples sans pour autant renier aux fondamentaux qui font leur essence. Le mariage pour tous en un, la lutte contre l’homophobie en est assurément un autre pour beaucoup de royautés qui sont entrées de plein fouet dans ce nouveau siècle.

Copyright@Frederic de Natal

Date de dernière mise à jour : 16/02/2024

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