« Dans le cas où je me réincarnerais, j'aimerais revenir en tant que virus mortel, afin de contribuer un tant soit peu à résoudre la surpopulation ». Depuis de décès du duc d’Edimbourg, les réseaux sociaux ont été subitement inondés par cette phrase attribuée à Philip Mountbatten et faisant la joie des opposants au regretté duc d’Edimbourg. Notamment dans certains cercles monarchistes qui ne savent plus quoi inventer pour montrer leur anglophobie à l’heure où toute une nation est unie derrière la reine Elizabeth II et sa famille. L’époux de la Queen, connu pour être un défenseur de la cause environnementale et auteur de quelques « bourdes » retentissantes, a-t-il vraiment fait ce type de déclaration jugée très extrême aujourd'hui ? Quel a été l’engagement réel du prince consort dans la défense de l’environnement ?
Décédé le 9 avril dernier à la veille de son centième anniversaire, on a oublié que Philip Mountbatten a été parmi l’un des premiers à s’intéresser à la sauvegarde du patrimoine environnemental de l'Humanité et se porter au secours de la cause animale. Un credo qu’il a transmis à son fils aîné, le prince Charles de Galles, désormais à la pointe du combat contre le réchauffement climatique. Fondateur et premier président du WWF-Royaume-Uni de 1961 à 1982, puis président du Fonds mondial pour la nature (WWF) international de 1981 à 1996, il a également créé l’Alliance des religions et de la conservation dont le but est d'aider toutes les grandes religions actuelles à s'engager pour l'environnement. Dans les années 1990, le duc d’Edimbourg n’a pas hésité à pointer du doigt, publiquement, tous les dégâts causés par l’ère moderne peu soucieuse de préserver sa nature et de dénoncer l’augmentation « dangereuse » de la population. « On a besoin de manger, de place pour habiter, pour l’agriculture. Le changement du climat est dû à l’augmentation de la population. La désertification, c’est la faute des humains, ce n’est pas un phénomène naturel » n’avait pas hésité à déclarer au micro du journaliste d’Europe 1, Jean-Pierre Elkabbach, un duc d’Edimbourg transformé pour l'occasion en « éco-warrior » de la communication. Philip Mountbatten s’inquiétait même alors de la surconsommation et le pillage des produits maritimes incapables de se renouveler naturellement face à une demande toujours plus croissante. « Cela progresse, beaucoup plus de gens ont entendu parler des problèmes. Mais tous ne se sentent pas également concernés » affirmait alors prophétiquement le prince Philip qui regrettait amèrement qu’aucun état ne soit impliqué dans ce combat, un enjeu du futur.
« Dans le cas où je me réincarnerais, j'aimerais revenir en tant que virus mortel, afin de contribuer un tant soit peu à résoudre la surpopulation ». Apparue pour la première fois en août 1988 dans la Deutsche Presse Agentur (DPA), l’équivalent de l’AFP pour la France, qui avait publié un rapport sur les désastres environnementaux, cette phrase a été attribuée au duc d’Edimbourg. Passée dans les annales de ses bourdes historiques, avec les réseaux sociaux, elle est subitement ressortie afin de devenir un marqueur d’anglophobie latente A regarder de plus près, la vérité est bien moins cynique qu’elle n’y paraît. Philip Mountbatten appelait régulièrement au respect de la diversité biologique, expliquant que chaque insecte ou animal était intrinsèquement lié à la survie de l’espèce humaine. Il n’hésitait d'ailleurs pas à prendre la plume pour exprimer ses opinions. En 1986, sort alors dans les librairies, le brûlot environnementaliste très provocateur de Fleur Cowes , une journaliste qui avait représenté le gouvernement américain lors des cérémonies du couronnement de la reine Elizabeth II, intitulé « Peoples as Animals ». Et auquel le duc d’Edimbourg a accepté de rédiger la préface. Aujourd’hui, les copies de cet ouvrage sont compliquées à trouver mais voilà ce qu’écrit réellement Philip Mountbatten à qui on demande en quoi souhaiterait –il se réincarner si on lui en donnait la possibilité : « Je me demande simplement ce que ce serait d'être réincarné dans la peau d’un animal dont l’espèce a été tellement exterminée en nombre qu'elle est aujourd’hui en danger d'extinction. Quels seraient ses sentiments envers l'espèce humaine dont l'explosion démographique lui a simplement refusé d'exister quelque part ?… Je dois avouer que je suis tenté de me réincarner en tant que virus particulièrement mortel afin de le savoir, mais cela va peut-être trop loin comme réflexion » écrit le duc d’Edimbourg qui demande que la cause environnementale fasse consensus « au-delà des clivages politiques ». Un long commentaire réduit à une simple extrapolation journalistique qui n’illustre en rien la pensée d’un homme, d’un prince qui a brillé pour son combat en faveur de l’environnement.
Lors du sommet de la Terre à Rio de Janeiro en 1992, Philip Mountbatten avait plaidé pour que des zones protégées soient mise en place pour les espèces animales, notamment celles où elles sont massivement représentées dans les zones humides comme l’Amazonie. A l’annonce de sa disparition, Pavan Sukhdev, a déclaré que « le duc d'Édimbourg avait été un champion infatigable de la cause environnementale et un ambassadeur passionné des questions de conservation dans le monde depuis des décennies, ayant aidé à développer le WWF depuis ses débuts et réellement apporté d'énormes contributions à l'organisation ». Pendant plus de 50 ans, les efforts de son Altesse royale, le Prince Philip, au nom du WWF ont été inestimables » a tenu à ajouter l’actuel président du WWF international qui rend hommage à son combat. « Son Altesse Royale s’est battue tout au long de sa vie pour protéger la planète et ses ressources pour les générations futures, et a consacré sa vie et sa position à influencer dirigeants mondiaux afin qu’ils comprennent l’importance de protéger la nature et la faune » a déclaré Marco Lambertini, directeur général du WWF International, dans un communiqué officiel.
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