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Une voix pour l’Océan: William, héraut des mondes engloutis

Parmi les ors feutrés des monarchies contemporaines, rares sont les voix aussi fermes et limpides que celle du prince William. En prononçant à Monaco un discours vibrant sur la nécessaire protection des océans, le prince de Galles a réaffirmé un engagement historique de la famille Windsor pour l’écologie, devenu pilier de sa légitimité morale au XXIe siècle.

« Si nous sauvons la mer, nous sauvons notre monde. » Ce cri du cœur, emprunté au naturaliste renommé Sir David Attenborough, ne doit rien au hasard. Face à un parterre de chefs d’État, d’investisseurs, de scientifiques et de militants réunis pour le Forum sur l’économie bleue à Monaco, accueilli par le prince Albert II,  le prince William de Galles, 42 ans,  a frappé fort, dans un discours dense et sincère, mêlant lucidité écologique et appel à l’action, ce 8 juin 2025.

 

Une couronne verte par tradition

Il ne s’est pas contenté d’une simple allocution protocolaire remplie de bonnes promesses. En s’adressant dès les premières secondes en français, il a voulu souligner la portée universelle de son message : « Nous sommes réunis aujourd’hui, unis par notre lien profond avec l’océan et notre préoccupation pour sa sécurité. ». Le ton est grave, mais l’espoir n’est pas éteint : le prince croit en l’action humaine, à condition qu’elle soit collective, structurée, ambitieuse.

Ce n’est pas un hasard si le fils du roi Charles III s’érige aujourd’hui en porte-voix de la planète bleue. Depuis plusieurs décennies, les Windsor ont patiemment bâti et poli leur image d’« écologistes d’État ». Le roi Charles III, bien avant que le climat ne soit une priorité politique, dénonçait déjà les effets ravageurs de la pollution plastique, plaidait pour l’agriculture biologique, et investissait dans les énergies renouvelables. Au point de devenir, dans les années 1990, un pionnier souvent moqué pour ses prises de position... avant d’être reconnu comme visionnaire.

Le prince William s’inscrit dans cette tradition familiale, avec un souffle nouveau. Moins doctrinaire, plus pragmatique, il a lancé en 2020 le Earthshot Prize, un prix environnemental d’envergure internationale doté de 50 millions de livres sur 10 ans. L’objectif ? Récompenser et accompagner les solutions innovantes pour sauver la planète. L’initiative, soutenue par des géants comme Bloomberg Philanthropies et la Bezos Earth Fund, a déjà propulsé des projets concrets dans les domaines de l’économie circulaire, de la restauration des écosystèmes ou de la dépollution marine.

 

 

Une diplomatie verte, entre éthique et stratégie

À Monaco, le discours du prince William a servi de rappel brutal : « Ce qui semblait autrefois une ressource abondante s’amenuise sous nos yeux. » Réchauffement des eaux, destruction des récifs, surpêche, microplastiques... la liste est connue, mais son impact demeure trop abstrait pour les décideurs économiques. William y oppose un langage clair, accessible, ancré dans le réel : les océans nourrissent 3 milliards d’humains, produisent la moitié de l’oxygène que nous respirons, régulent notre climat. S’en détourner, c’est nier la base même de notre survie, rappelle t-il. 

Mais petit-fils de la reine Elizabeth II ne se contente pas d’alerter : il propose. Il met en lumière les finalistes de son prix comme autant de preuves vivantes que l’innovation peut rimer avec régénération. Il invite les investisseurs à voir dans la mer non pas un puits sans fond de profit, mais un réservoir fragile d’avenir. La posture de William ne doit pas être réduite à un « soft power royal » sans conséquence. Elle traduit une diplomatie verte assumée. En se rendant bientôt au Brésil pour la cinquième édition du Earthshot Prize, dans les pas de son père et de son grand-père le duc d'Edimbourg, le prince royal a déjà inscrit l’action environnementale dans un cadre global . Il tend la main à des pays du Sud dont les écosystèmes sont essentiels, et souvent exploités sans contrepartie.

Ce positionnement agit comme un contre-modèle face à l’inaction politique de certains dirigeants, et permet à la monarchie britannique de redéfinir sa fonction au XXIe siècle : être une force morale, apolitique mais pas indifférente, au service du bien commun planétaire.

 

 

Une voix stable dans une mer agitée

Alors que la planète entre dans ce que les climatologues nomment la « décennie décisive », la voix de l'héritier de la couronne britannique résonne comme un appel à l’unité. Elle n’a pas la légitimité démocratique d’un président élu, ni le pouvoir exécutif d’un gouvernement. Mais elle a l’aura, la constance, et la liberté de ton que donne une monarchie enracinée mais tournée vers l’avenir. « À mi-chemin de cette décennie décisive, je vous appelle tous à voir grand dans vos actions. Agissons ensemble avec urgence et optimisme, tant que nous en avons encore l'occasion. Pour l'avenir de notre planète. Pour les générations futures. », a déclaré William de Galles en guise de conclusion.

La mer est peut-être notre plus vieux mythe collectif. Grâce à des figures comme le prince héritier d'une monarchie séculaire, elle devient aussi le levier d’un futur plus juste, plus sain, plus durable. Reste à espérer que son discours ne reste pas lettre morte.

Copyright@Frederic de Natal

Date de dernière mise à jour : 09/06/2025

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