Quelques semaines après la tentative supposée de coup d’état orchestrée par le prince Hamzah, frère du roi Abdallah II de Jordanie, c’est une nouvelle crise qui a éclaté dans le royaume. Le week-end dernier, un député a proféré des menaces à l‘encontre du monarque et mobilisé ses partisans dans la ville de Naour. Des affrontements ont eu lieu entre les forces de l’ordre et soutiens d'Osama Al Ajarmeh. Hier, le souverain Hachémite est finalement intervenu et a dissous immédiatement la session parlementaire en cours.
Fragilisé par la tentative de coup d’état à laquelle serait étroitement mêlé son demi-frère Hamzah, le roi Abdallah II, qui a fêté récemment le centenaire du royaume et dont la monarchie repose principalement sur le soutien des chefs bédouins, a dû affronter de nouveau une crise qui en dit long sur la fragilité de l’institution royale. Dans une vidéo diffusée sur son compte twitter et distillée sur les réseaux sociaux ce week-end, Osama Al Ajarmeh, un député de Naour, une région urbaine et agricole située au sud d'Amman, a proféré des menaces directes et des insultes à l’encontre du souverain Hachémite. Une remise en cause du pouvoir d’Abdallah II et du Diwan (cabinet du roi) à qui plusieurs tribus du désert reprochent depuis des années (comme le puissant clan des Beni Sakhr ) un éloignement des traditions qui ont permis à cette dynastie d’occuper les trônes du Hedjaz, de Syrie, d’Irak et de l’actuelle Jordanie.
Sabre à la main et révolver dans son étui à peine dissimulé, transporté par ses partisans, il n’a pas fallu bien longtemps avant que le parlement ne décide d’expulser de l‘hémicycle Osama Al Ajarmeh qui a attaqué le gouvernement après que celui-ci ait interdit une marche tribale en faveur des palestiniens (qui constituent la majroité de la population face aux transjordaniens dit de souche) « agressés par Israël » selon le député. Menaçant d'établir une « aile droite jordanienne radicale » de chefs de tribus et avec l‘aide d'anciens officiers de l'armée, ce séditieux en devenir a même affirmé « purifier Amman de l'élite libérale » qu'il accuse d'être derrière tous les malheurs du pays, réclamant le renvoi de l’ambassadeur israélien. Au cours de la séance de dimanche, le président de la Chambre, Abdulmunim Oddat, et plusieurs autres députés ont dénoncé les « propos hallucinants » d'Al-Ajarmeh et les allégations « sournoises et diffamatoires » visant le roi Abdallah II. Très rapidement, des tensions ont éclaté dans la ville du député et les affrontements avec les forces de sécurité ont fait plusieurs blessés à Naour avant que le calme ne finisse par revenir.
« Je déclare par la présente le soutien du parlement au roi contre toutes les tentatives visant son prestige et rejette toute altération du tissu social du royaume, de son harmonie tribale et familiale, et de la paix sociale, qui constituent la base de la sécurité et de la stabilité de la Jordanie » a déclaré publiquement Abdulmunim Oddat afin de faire cesser les rumeurs de soulèvement contre la monarchie qui se sont rapidement répandues. Le gouvernement a ajouté de son côté qu'il ne « tolérerait aucun acte menaçant la stabilité et la sécurité du pays », affirmant que « personne n'était au-dessus des lois » . Face à la situation, le roi Abdallah II a réagi et dissous immédiatement la session parlementaire en cours. « Le cycle actuel était sur le point de se terminer de toute façon » explique parallèlement un avocat spécialisé en droit constitutionnel, rappelant également que les pouvoirs du parlement étaient limités et que seul le roi prenait des décisions. En avril dernier, Abdallah II avait fait un geste en faveur des tribus bédouines, ordonnant que 16 membres d’entre elles soient libérés en dépit de leur participation au putsch.
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