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Proche-Orient : l’axe monarchique émirato-jordanien face au défi israélien

Face aux événements tragiques qui secouent le Proche-Orient, les Émirats arabes unis et la Jordanie unissent leurs efforts pour mettre fin au conflit et ses conséquences désastreuses. 

À quelques jours de la nouvelle Assemblée générale de l’ONU, l’émir d’Abou Dhabi Sheikh Mohamed ben Zayed Al Nahyan et le roi Abdallah II de Jordanie ont affiché une ligne claire : la défense des droits palestiniens face aux velléités israéliennes.

Le 7 septembre 2025, dans le cadre solennel du Qasr Al Shati, celui qui est également le Président des Émirats arabes unis (EAU) et le souverain hachémite ont resserré les rangs. Leurs échanges, loin des seules formules diplomatiques, ont pris des accents de mise en garde ferme contre Tel-Aviv. Soutien indéfectible aux droits légitimes du peuple palestinien, rejet de toute annexion en Cisjordanie, refus de voir Gaza coupée de la Judée-Samarie : les deux dirigeants, à l’unisson, entendent rappeler que la solution à deux États n’est pas une option parmi d’autres, mais la seule issue crédible pour éviter l’embrasement du Proche-Orient.

 

 

Le pragmatisme des Émirats arabes unis

Le roi Abdallah II a choisi des mots sans ambiguïté : toute tentative de « forcer les Palestiniens à quitter leurs terres » sera considérée comme une violation intolérable de tout accord, pointant du doigt la volonté de Tel Aviv de s'emparer de la Cisjordanie. Mohamed ben Zayed a renchéri en soulignant que la multiplication des colonies  juives et le maintien d’un contrôle militaire israélien sur Gaza ne pouvaient qu’alimenter la spirale de violence et intensifier les affrontements entre Tsahal et le Hamas. L’avertissement de son côté est également clair : toute annexion constituerait une « ligne rouge » franchissant le seuil de l’acceptable.

Ce positionnement résonne avec force dans la région. Car les Émirats, pionniers de la normalisation avec Israël en 2020 à travers les Accords d’Abraham, ont depuis assumé une stratégie d’équilibriste. Oui, Abou Dhabi entretient des relations ouvertes avec l’État hébreu, dans les domaines économiques, technologiques et sécuritaires. Oui, l'émir Mohammed ben Zayed voit en ce rapprochement un moyen de contenir l’Iran et de consolider l’alliance avec Washington. Mais la guerre à Gaza qui a fait des milliers de morts de part et d'autres depuis les événements du 7 octobre 2023, avec pour conséquence un désastre humanitaire, a rebattu les cartes. Les Émirats ont dénoncé les bombardements, envoyé de l’aide humanitaire et gelé des projets bilatéraux sensibles, soucieux de ne pas apparaître comme des partenaires aveugles aux souffrances palestiniennes.

En affichant une convergence totale avec Amman, Abou Dhabi rappelle que la normalisation n’est pas un chèque en blanc accordé à Israël. L’opinion arabe, déjà méfiante vis-à-vis des Accords d’Abraham, scrute chaque geste, chaque silence. Les dirigeants émiratis et jordaniens, rejoints lors de la rencontre par leurs héritiers respectifs – Sheikh Khaled ben Mohamed et le prince Hussein – ont voulu donner une image d’unité familiale et politique face aux défis régionaux.

 

 

Une ligne de crête risquée

La diplomatie émiratie se retrouve aujourd’hui à la croisée des chemins : maintenir les bénéfices stratégiques d’un rapprochement inédit avec Israël tout en demeurant la voix ferme de la solidarité arabe. L’équation est délicate, d’autant que la crise palestinienne s’impose de nouveau au centre de la scène internationale et s'est invité dans le débat de certains européens et leurs populations qui s'écharpent sur ce conflit et ses origines. En prenant position aux côtés du roi de Jordanie, Mohamed ben Zayed assume une ligne de crête : tendre la main à l’État hébreu sans jamais renier l’héritage arabe.

Une posture qui pourrait bien, à terme, décider du rôle des Émirats dans l’avenir du Proche-Orient : simple partenaire pragmatique d’Israël ou acteur incontournable de la défense des droits palestiniens. Entre Washington, Téhéran et Tel-Aviv, Abou Dhabi veut encore croire qu’il existe une voie médiane, loin des suspicions que le Qatar, pétromonarchie rivale et base arrière du mouvement palestinien Hamas, engendrent. Reste à savoir si l’histoire lui donnera raison à court ou long terme.

Copyright@Frederic de Natal

Date de dernière mise à jour : 09/09/2025