Mariage politico-princier au royaume Hachémite de Jordanie

Le 1er juin 2023, le prince héritier Hussein de Jordanie a épousé Rajwaf Al Saif, fille d'une éminente famille saoudienne. De nombreux membres de la famille royale Hachémite et diverses personnalités du monde entier ont assisté à cette cérémonie retransmise en direct sur tous les médias du royaume. Pourtant derrière tout le glamour vendu aux magazines de papier glacé, cet événement dessine une autre réalité plus géopolitique.

C’est un pays en liesse qui a communié avec sa famille royale. Célébré le 1er juin 2023, le mariage du prince héritier Hussein de Jordanie (28 ans) et de l'architecte saoudienne Rajwa Al Seif (29 ans), tous deux issus d'universités américaines, a attiré une liste d'invités prestigieux. Familles royale d’Europe, d’Asie, du Moyen-Orient, membres de la maison royale des Hachémites, membres du gouvernement, ambassadeurs, ou amis proches se sont rassemblés pour cette occasion, sous un belvédère aménagé en plein air, orné de fleurs et entouré de jardins paysagers, en plein coeur du palais de Zahran. Là où le roi Abdallah II et la reine Rania se sont mariés 30 ans plus tôt.

Un mariage popoulaire, une foule en liesse

La mariée, vêtue d'une élégante robe blanche dessinée par le designer libanais Elie Saab, est arrivée au palais royal a bord  d'une Rolls-Royce Phantom V de 1968, réalisée sur mesure pour la défunte arrière-grand-mère du prince héritier. Hussein de Jordanie, quant  lui, était déja sur place, en uniforme militaire de cérémonie complet avec un sabre à poignée en or sur son flanc droit. Faisant face aux futurs mariés largement applaudis par tous, les deux familles des mariés et leurs invités . Près du prince Hussein et de Rajwa Al Seif, le roi Abdallah II, qui ne cachait pas son émotion et qui présidait cette cérémonie traditionnelle musulmane connue sous le nom de « katb al-ketab ». Retransmise en direct, la signature du contrat a provoqué une série d’acclamations venues d’une foule en liesse, rassemblée par milliers dans les rues d’Amman, la capitale du royaume. Samara Aqrabawi, une mère de 55 ans qui a regardé la diffusion en direct du mariage avec sa jeune fille, a déclaré que la cérémonie était plus impressionnante qu'elle ne l'imaginait. « Je souhaite que toutes les mères et tous les pères en Jordanie et dans le monde se sentent comme ils se sentent sûrement » a-t-elle déclaré à l’Associated Press (AP) à propos du roi et de la reine. Les jeunes mariés ont ensuite émergé du palais dans un Range Rover personnalisée blanche, escortée de plusieurs Land Rovers rouge vif, de motos et d'une fanfare militaire - un clin d'œil aux processions traditionnelles à cheval sous le règne du fondateur du pays, le roi Abdallah Ier.

Un prince héritier formé à bonne école

Très populaire, notamment parmi les jeunes Jordaniens qui adorent sa simplicité, son charme naturel et sa proximité, le prince Hussein a pris de plus en plus d’importance dans les affaires courantes du royaume. Plusieurs fois nommé régent en l’absence de son père, c’est lui qui avait lu un discours à la tribune de l’Organisation des Nations unies (ONU) en 2017. Très bon communicant, il a un compte Instagram où il met en scène les principaux moments de vie personnelle et professionnelle, suivi fidèlement par 4 millions d’abonnés. Le palais royal a d'ailleurs excellé en relations publiques pour cette cérémonie. Alliant tradition et modernité, la famille royale a même introduit un hashtag de mariage (#Celebrating Al Hussein) et un logo omniprésent qui fusionne les initiales du couple avec les mots arabes « Nous nous réjouissons ».  Une campagne qui a porté ses fruits et une journée fériée qui a offert un bref moment de répit pour les Jordaniens frappés par une forte crise économique et un chômage persistant chez les jeunes.

Une realpolitik derrière le glamour

À la croisée des chemins de l’Orient et de l’Occident, le fils du roi Abdallah II a été formé à bonne école et désormais prêt à ceindre la couronne dès que les circonstances l’exigeront. Son mariage, disent les experts, marque un nouveau rite de passage crucial pour l’institution royale. « Ce n'est pas seulement un mariage, c'est la présentation du futur roi de Jordanie » a déclaré le politologue Amer Sabaileh à l’AP et qui ajoute que la question de la succession est « désormais close ». En 2021, la monarchie a dû faire face à une tentative de putsch visant à imposer sur le trône, le prince Hamzah, déchu de sa position de prince héritier en 2004. Mis en résidence surveillée, une réconciliation à grand renfort de publicité, le demi-frère du roi Abdallah II a dû renoncer à ses droits un an plus tard afin de recouvrer sa liberté. Une enquête a révélé que le prince aurait bénéficié de soutiens saoudiens. L’affaire avait alors provoqué de vives tensions entre les deux monarchies et fait remonter de vieilles rancœurs. Nul n’a oublié que les Saoud disputent aux Hachémites le droit du titre de gardien des lieux saints. Jusqu’en 1924, ces derniers régnaient sur la Mecque avant d’en être brutalement délogés par les premiers. Un mariage qui va apaiser les querelles entre les deux pays puisque la nouvelle bru du roi Abdallah II est la petite cousine du roi Salman d’Arabie Saoudite par sa mère. Il est vrai que depuis l’annonce des fiançailles de Hussein et Rajwa (août 2022), les deux pays ont amorcé un début d’approche diplomatique afin de faire front contre les actions de l’Iran dans la région mésopotamienne. Une alliance de circonstance qui n’est pas pour déplaire aux États-Unis et à l’Europe qui ont fait de la Jordanie un partenaire incontournable dans le conflit israélo-palestinien, dans la protection des lieux chrétiens et dans la lutte contre le terrorisme islamique. 

Un mariage fort en symboles, prometteur pour la paix au Moyen et Proche-Orient, d'un espoir comme la signification en arabe du nom la nouvelle princesse héritière Rajwa Al -Hussein.

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Date de dernière mise à jour : 02/06/2023

Commentaires

  • Flore ALY
    • 1. Flore ALY Le 04/06/2023
    La reine Rania est un exemple pour les femmes arabes. Ce sont des attitudes comme les siennes qui permettent une liaison entre l'Orient et l'Occident. Dommage qu'il y ait eu un raté avec les monarques marocains. Car l'image d'un couple travaillant ensemble est bonne et rehausse l'opinion occidentale.

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