Le royaume de Jordanie fête son centenaire sous le sceau de l'unité

Le roi Abdallah II et son fils Hussein au mémorial des MartyrsHier, le roi Abdallah II et le prince Hamzah Al Hussein sont apparus ensemble pour les festivités du centenaire de la création du royaume de Jordanie. Photo lourde de symbole après l’échec de la tentative de putsch le 3 avril dernier, ce « complot maléfique » qui a impliqué le demi-frère du souverain Hachémite avant que celui-ci ne fasse allégeance au monarque en titre. Alors qu’il est en pleine période de deuil, le prince Charles de Galles a tenu à adresser un message enregistré où il a rappelé les liens étroits et historiques entre les deux états et proposé  un rapprochement entre les jeunes générations issues des deux monarchies, afin de créer une « relation, bâtie sur une merveilleuse combinaison entre le traditionnel et le moderne ».

TCentenaire de la jordanie avec les photos des rois d abdallah ier talal hussein ier et abdallah iierre à la croisée des chemins de l’Orient et de l’Occident, ancienne seigneurie d’Outre-Jourdain, la Jordanie a été successivement occupée par les égyptiens, les romains, les byzantins et les turcs ottomans. C’est à la suite de la Grande révolte arabe de 1916 et la signature en janvier 1919 d’un accord entre le syrien (bientôt roi d’Irak) Fayçal Ier et Chaim Weizmann, futur président de l’Organisation sioniste et de l’Etat d’Israël que va naître l’émirat de Transjordanie confié au prince Abdallah Hachemite, fils d’Hussein ben Ali, Chef de la Mecque et roi du Hedjaz. Loin d’être indépendant, la nouvelle monarchie est immédiatement placée sous mandat britannique qui fait peu de cas de ce souverain,  « un jeune écervelé qui ne sait que dépenser de l’argent en futilités » dit même de lui un fonctionnaire anglais en poste à Jérusalem. Il sera pourtant le seul monarque arabe à soutenir la création d’un état juif avec le seul espoir que la Palestine soit annexée à son émirat devenu un royaume indépendant en 1946.  N’obtenant pas ce qu’il souhaite, il lance alors sa « légion arabe » à l’assaut du nouvel état hébreu, conquiert une partie de la Cisjordanie actuelle et devient un des leaders incontestés du Proche-Orient. Souhaitant ceindre la couronne latine de Jérusalem (en remplacement de la Mecque tombée entre les mains de la maison royale des Ibn Saoud), c’est sur l’esplanade de ce lieu saint que la mort va venir le cueillir. Le 20 juillet 1951, il est brutalement assassiné par un palestinien, partisan de la puissante famille Hussein qui a donné un certain ( et continue encore) nombre de figures proéminentes dans l’histoire du Proche-Orient, dont le Grand Mufti de Jérusalem, allié du chancelier Adolf Hitler durant la Seconde guerre mondiale.

La famille Hachémite réunie avec la présence du prince HamzahÀ l'arrivée du roi Abdallah II au palais royal, c'est 21 coups de feu qui ont raisonné dans toute la capitale, Amman, afin de le saluer en tant que descendant direct du premier souverain de Jordanie.  Après avoir reçu tour à tour le Premier ministre, le ministre de la Défense, le président du Sénat, le président du Parlement, le président de la Conseil de la magistrature, le président de la Cour constitutionnelle, le président de la Cour royale Hachémite, le président des chefs d'état-major interarmées et le directeur des renseignements généraux et de la sécurité publique, il s’est rendu au Mausolée des souverains Hachémites accompagné de son fils, le prince héritier Hussein, et son demi-frère, le prince Hamzah désormais libre de ses mouvements. Assigné à résidence le 3 avril dernier après tenté de renverser le roi Abdallah au cours d’une tentative de coup d’état « tuée dans l’œuf », une médiation entreprise par le prince Hassan, également présent à cette cérémonie, a permis de signer la réconciliation entre les deux frères ennemis. Une crise à la veille du centenaire de la fondation du royaume de Jordanie qui contraint  d'ailleurs la monarchie à revoir sa feuille de route  dans un pays où « les dirigeants actuels se vantent de la longévité remarquable du royaume dans une région si turbulente » rappelle le journal « Le Figaro ». La mise en scène de dimanche n'a pas permis toutefois  de savoir si le roi et le prince Hamzah, très populaire, ont vraiment mis de côté leurs différences !? Rien n'indique non plus également  que les autorités aient libéré les 18 autres détenus, y compris des membres de l'une des tribus puissantes sur lesquelles la monarchie s'est toujours historiquement appuyée.

Allocution du prince charles de galles pour le centenaire de la jordanieLe roi Abdallah II a déposé une gerbe sur la Tombe du Soldat inconnu et  récité des versets du Saint Coran avant de décerner l’Ordre du centenaire de l’État aux martyrs de la nation, en reconnaissance de leurs sacrifices. L’héritier de la monarchie britannique a souhaité s’associer à ces festivités marquées par la pandémie de coronavirus et salué  la Jordanie, « chère à (s)on cœur ». Au cours d’un enregistrement vidéo, le prince Charles de Galles a déclaré que le royaume avait été un exemple dans la lutte contre le changement climatique et avait conforté la paix au Proche-Orient. « Je prends le grand plaisir d'offrir à Sa Majesté le roi Abdallah II et le peuple jordanien mes salutations les plus chaleureuses à l'occasion du centenaire de la Jordanie », a renchéri le fils de la reine Elizabeth II, notant au passage que cette année marque aussi les « cent ans de partenariat entre la Jordanie et Le Royaume-Uni ». Et  d’appeler chacune des deux monarchies à  « s’investir dans le rapprochement entre  nos jeunes afin qu'ils découvrent le caractère unique de notre relation, bâtie sur une merveilleuse combinaison entre le traditionnel et le moderne » affirme le prince Charles marqué par la récente perte de son père, le duc d’Edimbourg.

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Date de dernière mise à jour : 12/04/2021

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