La reine Noor accusée de désinformation par le palais royal jordanien

Reine Noor de Jordanie« C’est l’assassinat d’un Hachémite jordanien honorable et patriotique par une campagne de désinformation des médias ». L’ancienne épouse du roi Hussein de Jordanie est en colère. Sur ses réseaux sociaux, elle est venue une nouvelle fois au secours de son fils, le prince Hamzah, accusé d’avoir tenté de renverser son demi-frère le roi Abdallah II en avril dernier. Selon l’ancienne souveraine, d’origine libano-syrienne, la divulgation de nouveaux enregistrements où l’on entend clairement son fils et ses complices s’entretenir, serait un «  faux » monté de toutes pièces par  la Direction de l'Intelligence militaire (Mukhabarat) afin de prouver la culpabilité de celui qui a été un temps prince héritier Jordanie. Une position occupée entre 1999 et 2004. Le  palais royal a accusé la reine Noor d’avoir initié une campagne entravant le déroulement de la justice dans cette affaire aux ramifications complexes.

A chaque jour, son épisode de révélations qui laissent autant d’interrogations que de questions sans réponses. Hamzah de Jordanie,  fils de la reine Noor et du roi Hussein a-t-il vraiment conspiré contre la monarchie de son demi-frère Abdallah II ? Compromis dans la tentative de coup d’état du  4 avril dernier, un temps assigné à résidence, il a été pardonné par l’actuel monarque et a fait acte d’allegeance. Des tensions qui ont mis en avant la fragilité d’une monarchie que l’on pensait solide sur ses bases et qui reste un allié de poids pour l'Occident dans la lutte contre le terrorisme islamiste. Face à toutes les accusations auxquelles est confronté le prince Hamzah, c’est sa mère qui ne cesse de monter au créneau afin de protéger celui qui a été brièvement prince héritier de Jordanie entre 1999 et 2004. « C’est l’assassinat d’un Hachémite jordanien honorable et patriotique par une campagne de désinformation des médias » a écrit sur ses réseaux sociaux la reine Noor, peu de temps après la divulgation de nouveaux enregistrements qui prouveraient la culpabilité à un haut niveau du prince Hamzah.

Prince Hamzah (gauche) et Abdallah II (droite)Née au sein d’une famille d’origine libano-syrienne et suédoise, la reine Noor est aujourd’hui âgée de 69 ans. Issue de la bourgeoisie au service de l’administration américaine, de son vrai nom Lisa Najeeb Halaby, elle a travaillé au sein d’un cabinet d’architecture puis diverses compagnies aériennes avant de prendre le poste de directrice de la planification et de la conception des installations chez Alia Airlines. Dotée d’un charme naturel, elle rencontre le roi Hussein alors qu’il pleure à peine la mort de sa troisième épouse, la féministe Alia Baha ad-Din Touqan, décédée dans un accident d’hélicoptère. Une solide amitié va se nouer entre elle et lui et le roi Hussein finit par la demander en mariage en 1978. Un conte de fée couronné par la naissance de quatre enfants. Très rapidement, elle exerce une influence sur le souverain et agace très fortement la cour royale qui ne voit en elle qu’une étrangère en raison de ses origines multiples. Présidente d’un certain nombre de fondations, elle partage sa vie entre la Jordanie et le Royaume-Uni depuis la mort de son épux en 1999. 

Tweet de la reine Noor« Je prie pour que la vérité et la justice prévalent pour toutes les victimes innocentes de cette calomnie malveillante. Que Dieu les bénisse et les protège ».  Lorsqu’elle apprend l’arrestation de son fils ainé de 41 ans, la reine accuse immédiatement un complot visant à discréditer le prince royal et ses présumés complices, dont deux sont aujourd’hui devant la justice. Bassem Awadallah, ancien chef du bureau royal et Cherif Hassan ben Zaid, un vague cousin du roi Abdallah II, ont d’ailleurs réclamé que l’ancien prince héritier déchu viennent à la barre pour témoigner. « L’acte d’accusation est sans ambiguïté : Le prince Hamzah était déterminé à assouvir son ambition personnelle de régner, en violation de la Constitution et des coutumes hachémites » rapporte dans son édition le journal « L’Orient-Le Jour ». « J’ai entendu les nouveaux enregistrements du prince Hamzah et de Bin Zeid qui ont été divulgués » a,  une nouvelle fois, écrit sur les réseaux sociaux la reine Noor qui accuse la Mukhabarat, la Direction de l'Intelligence militaire jordanienne, de manipulations ». « Les enregistrements ont été coupés et assemblés afin de prouver qu’il y a bien eu une conspiration. Je ne vois pas comment deux types parlant de  généraux et sans armée peuvent renverser un régime fort » croit savoir la souveraine qui a retweeté les propos du journaliste Ali Younes. Des commentaires qui ont agacé le palais royal  et qui, à son tour, a accusé Noor  de Jordanie d’entraves à la justice et d’avoir initié une campagne de désinformation contre la monarchie Hachémite.  

Le prince Hamzah et la reine NoorUne crise au sein de la dynastie qui a aussi révélé  des dissensions internes au sein d’un pouvoir qui repose exclusivement sur le soutien des tribus bédouines dont une partie a récemment remise en cause sa fidélité envers la couronne. Les yeux du roi Abdallah II sont également tournés vers l’Arabie Saoudite qui semble avoir un lien étroit avec les protagonistes de cette tentative de coup d’état. Selon « The Times of Israel », le prince Hamzah aurait « cherché à exploiter les préoccupations et des problèmes de la population et à susciter la sédition et la frustration dans la société (…) » avant de s'inquiéter de l’attitude des Ibn Saoud en cas d’échec du putsch.  « S’il m’arrive un malheur en Jordanie, les responsables saoudiens m’aideront ils ou pas ? »  aurait demandé le prince Hamzah à Bassem Awadallah et que l’on peut entendre dans l’enregistrement. L’Arabie Saoudite a fermement démenti son rôle dans cette tentative de putsch et renouvelé son appui total aux Hachémites, une famille dont elle est la rivale sur le plan international depuis un siècle et qu’elle a pourtant contribué à chasser du Hedjaz en 1934.

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Date de dernière mise à jour : 24/06/2021

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