Le roi Abdallah II a ouvert le nouveau Parlement jordanien dans un contexte national et international tendu. Le souverain devra composer avec une assemblée hétéroclite mais dominée par les islamistes, proche du mouvement Hamas.
Le roi Abdallah II de Jordanie a inauguré, lundi 18 novembre 2024, la première session ordinaire du 20e Parlement en prononçant un discours du Trône porteur d’espoirs et d’orientations stratégiques pour l’avenir du pays. Devant une assemblée réunissant les membres fraîchement élus de la Chambre des représentants le monarque Hachémite a exprimé son souhait de voir ce nouveau Parlement incarner une étape clé dans le processus de modernisation politique et économique de la Jordanie.
Un Parlement dominé par les islamistes proches du Hamas
Félicitant les parlementaires pour leur élection, le roi a déclaré : " Ce Parlement est la première étape dans la mise en œuvre du projet de modernisation politique, sur la voie du renforcement du rôle des partis basés sur des plateformes et de la participation des femmes et des jeunes. Cela nécessite une performance parlementaire, une action collective et une coopération étroite entre le gouvernement et le Parlement, conformément à la Constitution."
Le 10 septembre dernier, les Jordaniens se sont rendus aux urnes dans une contexte natioanal et international tendu. Contraints de procéder à des réformes sociales importantes, le roi Abdallah II a su contenir la " grogne sociale " et s’assurer le soutien des tribus, socle indispensable à la bonne marche de la monarchie. La réconciliation entre le souverain et le prince Hamzah, son demi-frère accusé de tentative de coup d’État (2021), a permis également d’aplanir les désaccords dynastiques persistants. C’est pourtant le Front islamique d’action, allié des Frères musulmans, qui a remporté le scrutin avec 31 sièges sur les 138 que compte le Parlement. Le meilleur score du mouvement qui soutient ouvertement le Hamas et qui entend abroger le traité de paix israélo-jordanien signé en 1994. Toutefois, le groupe des indépendants ( 99 sièges) ne permet aux islamistes de gouverner le royaume. Le roi Abdallah II a nommé son ancien directeur de Cabinet, Jafar Hassan, personnalité neutre, à la tête du nouveau gouvernement.
Une vision de progrès et de gouvernance intégrée
Le roi Abdallah II a exhorté les législateurs à adopter des pratiques parlementaires exemplaires, fondées sur l'intégrité et la compétition d’idées, en vue de répondre aux priorités de l’État. Il a affirmé : " Notre objectif est d'offrir une vie décente et d'autonomiser les jeunes tout en les équipant pour les emplois de l'avenir."
Évoquant la modernisation économique, Abdallah II a insisté sur la nécessité de libérer le potentiel de l'économie nationale et d’augmenter les taux de croissance au cours de la prochaine décennie. Il a souligné l’importance des compétences humaines jordaniennes et des relations internationales comme catalyseurs de cette ambition.
Engagements sur la Palestine et Jérusalem
Le discours royal a également abordé des questions géopolitiques cruciales, notamment la cause palestinienne et la situation à Gaza dévastée par des bombardements israéliens depuis octobre 2023, date à laquelle le Hamas palestinien a lancé une attaque de grande ampleur sur le Terre du Christ. Réaffirmant l’engagement de la Jordanie envers une paix juste, le monarque a déclaré : " Nous resterons attachés à cette option qui restitue tous les droits à leurs propriétaires et garantit la sécurité de tous, malgré les obstacles et l'extrémisme de ceux qui ne croient pas à la paix." Sur Jérusalem, Abdallah II a réaffirmé son rôle en tant que défenseur des lieux saints sous la tutelle hachémite, précisant : " Jérusalem restera une priorité hachémite et jordanienne, et nous continuerons à défendre et à sauvegarder ses lieux saints, ce que nous faisons avec honneur et intégrité."
Au sujet du conflit en cours à Gaza, le roi a mis en lumière les efforts inlassables de la Jordanie pour apporter aide et soutien. Il a salué la mobilisation rapide des Jordaniens dans l’envoi de secours et le soin des blessés, affirmant : " La Jordanie a déployé des efforts considérables et les Jordaniens ont vaillamment soigné les blessés dans les circonstances les plus difficiles. Les Jordaniens ont été les premiers à apporter de l'aide par voie aérienne et terrestre aux habitants de Gaza, et nous resterons à leurs côtés, aujourd'hui et à l'avenir."
Une cérémonie solennelle
Le discours du roi Abdallah II a été précédé d’une cérémonie officielle marquant son arrivée au Parlement, accompagné du prince héritier Hussein. Le souverain a été accueilli par les chefs des trois autorités, plusieurs hauts fonctionnaires et officiers. Parmi les personnalités présentes figuraient Sa Majesté la reine Rania, des membres de la famille royale, des diplomates et des dignitaires jordaniens et étrangers.
En guise de conclusion à son allocution, le roi Abdallah II a adressé un message d’optimisme et de résilience : "La Jordanie, cette grande nation, restera un pays béni par son peuple et sa terre, une patrie arabe honnête et un foyer pour tout ce qui est bon. Chaque jour du voyage de la Jordanie marque le début d'un avenir que nous construisons avec foi, détermination et persévérance."
Le discours du Trône marque ainsi une nouvelle étape dans la trajectoire du royaume, entre ambitions de modernisation et défis régionaux complexes.
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