Reza Pahlavi, le covid et les ayatollahs

 «Une secte criminelle ». Alors que l’Europe prend doucement le chemin du déconfinement, l’Iran doit fait faire face à la pire crise sanitaire de son existence. Dans un communiqué publié sur les réseaux sociaux le 22 avril, le prétendant au trône du Paon, Reza Shah Pahlavi, s'est irrité de la gestion «incompétente» du coronavirus par le régime des ayatollahs.

Reza Shah Pahlavi IILa crise sanitaire du covid-19 n’a pas mis de freins à l’animosité qui existe entre le chef de la maison impériale d’Iran et le leader du régime islamique. Dans un communiqué, largement relayé par l’opposition iranienne, le prince Reza Shah Pahlavi a fustigé sur son compte officiel, suivi par 600 000 personnes, «l’incompétence et le manque de transparence d’un régime de plus en plus aux abois». Le virus est apparu le 19 février dans la ville sainte de Qom. Tout un symbole pour Téhéran puisque c’est ici que l’ayatollah Rouhollah Moussavi Khomeini a lancé sa révolution contre le dernier shah d’Iran. Depuis, le régime islamique ne cesse de minimiser les ravages du coronavirus, en dépit des rapports de l’Organisation mondiale de la santé qui font état de plusieurs dizaines de milliers de morts. Soit cinq fois les chiffres officiels annoncés par le gouvernement iranien. La crise sanitaire est désormais devenue politique et menace une nouvelle fois les ayatollahs qui s’en remettent à Dieu ou à de prétendus experts qui n’hésitent pas à conseiller à la télévision leurs concitoyens «de boire de l’eau bouillie durant 10 minutes afin de tuer le virus».

En écho à la presse internationale, cette situation a mis en colère le prince Reza Shah Pahlavi qui a pointé du doigt « les mensonges flagrants d’un régime criminel qui ment sur le nombre de personnes infectées ou décédées du coronavirus». «Même les rapports officiels montrent qu’en dépit d’une politique du secret, le nombre de morts en Iran dépasse celui des autres pays de la région » a renchéri le prince impérial qui accuse les mollahs de poursuivre leur « idéologie morbide et cruelle» contre ses compatriotes. Remerciant le personnel médical et les soldats qui ont accepté de mettre en danger leur vie au service de la population, «un geste qui sera éternellement ancré dans les pages de l’histoire (de l'Iran) », Reza Shah a également marqué ses inquiétudes sur le sort de ces « milliers de prisonniers politiques et non politiques qui sont emprisonnés dans des prisons infectées et insalubres du pays ».

LLe prince Reza Shah Pahlavi et ses partisanse virus peut-il vraiment faire tomber le régime islamique qui continue de se livrer à une surenchère militaire contre les Etats-Unis ? Maintes fois annoncé comme étant sur le point de chuter depuis le déclenchement de la révolution des œufs en décembre 2017, le soutien de l’Europe à sa politique nucléaire, France en tête, a permis à Téhéran de rester debout malgré la multiplication des manifestations contre la république islamique, toutes violemment réprimées. Les premiers signes de fragilité sont pourtant palpables y compris dans la presse locale qui n’hésite plus aborder le sujet. « Avec une telle vision sécuritaire de la société et du coronavirus, l’absence d’une économie de production, l’existence d’une multitude de petits boulots et d’emplois de service, et la concentration des pauvres, des migrants et des habitants des bidonvilles, sont autant des éléments constitutifs d’une bombe sociale qui pourrait exploser à tout moment et entraîner de graves troubles sociaux » ose écrire le journal officiel du régime, « Jahan San’at.n », dans ses colonnes du 13 avril dernier.

Pour Reza Shah, à la tête de l’opposition et qui bénéficie de relais importants au sein de la diaspora iranienne, bête noire du régime qui le voit derrière toutes les émeutes lorsque les manifestants scandent son nom (ou celui de son père) en signe de défiance, tout n’est plus qu’une question de temps comme il ne cesse de le marteler lors de toutes ses interviews. «J'ai reçu de nombreux messages de la part de courageux compatriotes, en quête de liberté, qui me demandent mon soutien pour la poursuite des manifestations. Ils me disent qu’ils sont prêts à braver le coronavirus afin de faire tomber ce régime menteur et hypocrite» affirme le prince impérial qui tente de dessiner l’avenir de son pays après la fin de la pandémie. « Les décisions concernant les détails et l'exécution de la poursuite du mouvement civil en Iran ont été et resteront la responsabilité des militants et des leaders de la contestation, afin que celui-ci soit géré de manière approprié et toujours dans un esprit pacifique. Je vous ai toujours soutenu et je continuerais de le faire » a donné en guise de réponse, le fils du dernier Shahinshah.

«Que la lutte de notre grande nation iranienne pour la liberté soit victorieuse » a conclu le prétendant au trône, Reza Shah Pahlavi II qui espère bientôt embrasser de nouveau le sol d’un pays qui a exilé sa famille en 1979.

copyright@Frederic de Natal

Date de dernière mise à jour : 26/04/2020

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