Reza Pahlavi appelle les iraniens à suivre le chemin de Cyrus le Grand

Défilé spectaculaire des fêtes de PersépolisPlus de peur que de mal. Les autorités iraniennes avaient militairement sécurisé la tombe de Cyrus le Grand à la veille du cinquantième anniversaire des fêtes de Persépolis. Site touristique qui a accueilli en 1971 une cérémonie fastueuse censée redorer le blason de la monarchie Pahlavi, elle était devenue depuis le déclenchement de la « révolution des œufs », un symbole de résistance aux ayatollahs de Téhéran avant que le gouvernement ne décide de fermer ce lieu emblématique de l’histoire de Perse. Dans un message posté sur son compte Facebook, le prince Reza Shah Pahlavi a appelé ses compatriotes à s’inspirer des actions de ce souverain Achéménide afin que l’Iran retrouve le chemin de la démocratie. 

Farah Pahlavi et Mohammed Reza Shah« Nous sommes à la veille de la fête anniversaire de la naissance de Cyrus le Grand, un roi empreint de dignité, de grandeur, qui avait instauré un régime pacifique et tolérant, reconnu la liberté de croyance religieuse ». Dans un message posté sur son compte Facebook, le prince Reza Shah Pahlavi a appelé les iraniens à s’inspirer du message historique de cet empereur mésopotamien afin de permettre au pays de retrouver toute son indépendance et sa grandeur. A la veille de la fête commémorative de Cyrus le Grand, coïncidant cette année avec le cinquantième anniversaire des fêtes de Persépolis, le régime islamique avait fermé le site qui abrite sa tombe. Devenu un lieu de rassemblement des opposant aux mollahs, ces derniers ont interdit ce site touristique devenu un lieu de  manifestations en faveur de la monarchie. Un symbole histiorique largement exploité par les Pahlavi entre le 12 et 16 octobre 1971. 

Message du prince Reza Shah Pahlavi« Ma grande joie a été l’élan international à propos de ces fêtes : presque tous les chefs d’état ont accepté de venir ou de se faire représenter. Rien qu’aux Etats-Unis, 200 membres du Congrès et du Sénat font partie du comité d’honneur ». Interrogée par le magazine Point de vue-Images du Monde, l’impératrice Farah Diba ne cachait pas sa satisfaction. « Persépolis a été choisi afin de rendre hommage à Cyrus le fondateur de l’empire perse, il y a plus de 2500 ans. (…). Toutes les fêtes se dérouleront là-bas » poursuit la shabanou qui ne sera pas avare de détails sur l’organisation de ces fêtes dont elle a reçu la présidence d'honneur. Considérées comme l’apogée de la monarchie Pahlavi et son chant du cygne, ces festivités ont marqué les esprits par le déploiement de luxe et faste, son côté très mondain pour ce qui ressemblait alors  à une vaste opération de charme et de communication de Mohammed Reza Shah. « Ce que nous voulons, c’est le bien-être de notre peuple. Il n’y a pas de doutes, la monarchie a gardé notre pays indépendant. C’est le roi qui a fait arriver le pays où il est aujourd’hui (…) » expliquait alors Farah Pahlavi, transformée pour l’occasion en véritable VRP de ces festivités. « En choisissant pour symboles de ces festivités, la charte de Cyrus-Le Grand, l’Iran prouve au monde entier que les bases de son empire se sont toujours inspirées de principes humanitaires et que seul le respect de ma justice et des Droits de l’homme a assuré la pérennité de la civilisation iranienne » avait même ajouté la princesse Ashraf, sœur du dirigeant iranien. 

Les fêtes de PersépolisC’est une véritable ville, couleur sable, qui a été montée en peu de temps et dont on peut encore voir aujourd’hui les fondations ou les arcs rouillés des tentes montées pour recevoir tous les invités. Un matériel, venu tout droit de France, acheminé par une flotte de 90 avions. Douze décorateurs avaient été embauchés pour les 50 tentes en toile ignifugée et pare-balle (qui servira de champ de tir lors de la guerre Iran-Irak), le salon d’honneur (agrémenté de velours rouges, de faille bleue pour les murs et un plafond recouvert de vélum de faille rose), de la salle à manger (le repas assuré par la cuisine du Maxim’s) et d’un club.  Pour éviter les jalousies, toutes avaient été mises de la même couleur en extérieur mais différentes de l’intérieur, respectant chaque standard des pays accueillis (celle de la France sera de gris Trianon). Un spectacle son et lumière, mis au point par André Castelot et Pierre Arnaud, sera même organisé devant 20 000 spectateurs et retransmis sur les chaînes nationales. Chars et navires reconstitués jusqu'aux barbes des soldats grimés en perses et défilants au pas , tous soldats de l’armée impériale réquisitionnés pour cette journée. 

Rainier III de Monaco et son épouse Grace Kelly devant le couple impérialParmi les têtes couronnées et autres présidents de républiques présentes (la France avait dépêché son premier ministre Jacques Chaban-Delmas heureux de signer quelques contrats et sous le charme de l’impératrice), tout le monde n’est pas à la fête. Le représentant du Vatican, le cardinal de Furstenberg, ne cache pas une certaine gène. Pis, quelques heures plutôt, « La Vie catholique » avait écrit un article incendiaire sur le coût faramineux (entre 16 et 100 millions de dollars) dépensé par l’état alors qu’une large partie de la population iranienne vivait encore sous le seuil de pauvreté. La presse anglophone se lâche et se veut narquoise entre un ton revanchard et méprisant. Des critiques pour lesquelles le shah et la shabanou font face avec brio. Pour Mohammed Reza Pahlavi, ce fut la démonstration que l’Iran avait su se défaire de sa tutelle européenne et que ces commémorations étaient l’image d’un pays moderne en plein développement. Afin de contenter les mollahs, il avait même fait construire une mosquée à Qom en hommage à l'ayatollah Boroujerd.

« Pour le Shah, Persépolis fut l'occasion de montrer au monde que l'Iran avait acquis une importance politique. Les nombreux investissements durables dans l'infrastructure du pays qui avaient été faits en préparation pour les fêtes, comme les écoles, les routes, les réseaux de télécommunications, les aéroports, les installations de transmission de la télévision, les hôtels et les stations touristiques ne furent même pas évoquées par les critiques, qui ne leur accorda aucune valeur » expliquait en 2002, Abdol Reza Ansari, qui fut responsable de l'organisation technique des célébrations.

La famille impériale d'Iran« Honorer la mémoire et le nom de Cyrus n'est pas seulement un rappel des bonnes mœurs civiles et morales des Iraniens, mais cela aide à déterminer ce que nous, peuple iranien, souhaitons : Un Iran fier et uni, composé de différentes ethnies, doctrines et croyances. Et, bien sûr, doté des caractéristiques louables de nos temps modernes, telles que la démocratie et la laïcité » rappelle d’ailleurs et à juste titre le prince Reza Shah Pahlavi, le fils du dernier empereur d’Iran renversé par une révolution en 1979. Pour le prétendant au trône du Paon qui multiplie les communiqués en ce sens, il est temps de se « débarrasser de ce régime », coupable de « corruption et qui tue des milliers d’iraniens » depuis le début de la « révolution ». Appelant ses compatriotes à se montrer uni et de marcher dans les pas de Cyrus le Grand, « l'Iran appartient à la nation iranienne, pas à des criminels qui n'ont aucun lien avec l'histoire et la culture iraniennes, et qui sont terrorisés par l’évocation du nom de Cyrus et de sa tombe » affirme le prince Reza Pahlavi, qui pré-adolescent conduisait lui-même les invités au volant voitures de golf, à travers tout le camp. 

Que reste t-il de cette commémoration aujourd’hui ? Le souvenir d’une monarchie emportée par les affres de l’Histoire, un flot de critiques, une ferveur nationale (les jours avaient été déclarés chômés et les transports comme les cinémas gratuits) qui va s’estomper au fur et à mesure que la crise va s’accentuer. «...Tout le monde, la presse étrangère a beaucoup critiqué [comme à l'intérieur du pays] des choses, alors que l'essentiel était oublié. Toutes les organisations qui ont été créées pour ces célébrations en dehors de l'Iran, pour publier des livres d'histoire, pour créer des conférences, pour organiser des concerts, toutes les constructions de plus de 2500 écoles, les routes, les hôtels [...] Enfin tout ça, on n'en a pas parlé, mais on a parlé, disons, de ce qu'on a mangé..., on a beaucoup parlé des frais, mais vraiment, les frais n'étaient pas ce qu'on dit... et c'est très dommage... » regrettait la shabanou dans un documentaire consacré à sa vie. « Nous voul(i)ons juste garder notre pays heureux » rappellait  Farah Pahlavi, regard tourné vers son pays. 

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Date de dernière mise à jour : 29/10/2021

Commentaires

  • Jorge Cabrera Paiser
    • 1. Jorge Cabrera Paiser Le 30/10/2021
    Magnifique

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