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Quelles sont les chances de Reza Pahlavi d'être à la tête de l’Iran ?

Alors que des manifestations continuent de secouer l'Iran, le prince héritier Reza Pahlavi attire désormais et davantage l'attention de certains milieux politiques. Le fils du Shah plaide pour un changement de régime et veut jouer un rôle de premier plan au sein d’une coalition formée avec d'autres personnalités de l'opposition de la diaspora iranienne, qui prétendent représenter le mouvement démocratique en effervescence dans l’ancienne Perse. Quelles sont les chances du prince Reza Pahlavi d'être à la tête de l’Iran ?

Après plus de 40 ans d’exil, principalement aux États-Unis, le prince Reza Pahlavi reste une figure importante et clivante de la diaspora iranienne. Alors qu’il a fait sienne les aspirations démocratiques, laïques et libérales de nombreux Iraniens, l'ombre de son défunt père, le Shah, continue de planer au-dessus de lui. S’ils sont nombreux ceux qui restent encore fermement opposés au système théocratique des ayatollahs, tous ne souhaitent pas pour autant un retour de la monarchie. Reza Pahlavi a toujours déclaré qu'il ne cherchait pas à diriger l'Iran et que le peuple iranien devait choisir lors d’un référendum, quelle institution ceux-ci désiraient pour mener leur pays vers une société plus inclusive et démocratique : une république ou une monarchie. « Mon rôle dans ce processus de transition sera d'aider à maintenir un système fluide - à maximiser la participation des forces démocratiques dans ce processus » explique le prétendant au trône du Paon lors d’une interview au quotidien australien ABC.

Le prince Reza Pahlavi à Munich @Twitter

Reza Pahlavi, la personnalité capable de fédérer les oppositions

Pour une large majorité d’Iraniens, il reste la personnalité qui est la plus capable de fédérer les oppositions. Une pétition mise en ligne réclamant qu’il devienne le porte-parole des Iraniens a recueilli en quelques jours plus de 450 000 signatures. Le 11 février 2023 –44e anniversaire de la révolution islamique- plusieurs manifestations anti-République islamique ont été organisées dans de nombreuses villes du monde entier. Le prince Reza Pahlavi a réuni huit personnalités de l'opposition à Washington DC et annoncé la création d’un Front uni de l’opposition qui devrait permettre de réussir à isoler un peu plus internationalement le régime des mollahs. Un gouvernement théocratique qui réprime dans le sang les manifestations depuis plusieurs mois. En septembe 2022, le meurtre de la jeune Mahsa Amini, arrêtée pour avoir mal mis son foulard, a provoqué un soulèvement des Iraniens épuisés par une sévère crise économique. « La République islamique a survécu grâce à nos différences, et nous devrions mettre nos différences de côté jusqu'à ce que nous arrivions à l'isoloir », a déclaré la lauréate du prix Nobel de la paix Shirin Ebadi dans un message vidéo diffusé lors de l'événement. Un appel qui a été repris lors d’une interview au magazine Causeur par le prince Daoud Pahlavi, cousin du fils du Shah. Une maison qui est sur tous les fronts.

Une opposition très divisée

Reza Pahlavi doit encore convaincre toute la diaspora iranienne du bien-fondé de son projet. Elle se divise en différentes factions qui n’ont jamais réussi à se parler en 4 décennies. On y trouve des monarchistes, des républicains (comme l'Organisation des moudjahiddines du peuple iranien qui attaque tous les jours le prince Pahlavi, dénonçant les crimes supposés de son père), des communistes, ainsi que des groupes formés au sein de minorités ethniques, notamment les Kurdes, les Baloutches et les Arabes. Le prince plaide pour la fin des oppositions idéologiques et appelle au rassemblement. Avec sa nouvelle coalition, il a été invité à participer à la conférence sur la Sécurité qui s’est récemment tenue à Munich, en Bavière, en lieu et place des dirigeants officiels de la République islamique. Un succès qui a permis au prince d’accorder de nombreuses interviews et de recevoir le soutien officiel de la France. Le président Emmanuel Macron a même proposé de les recevoir dans l’Hexagone. Reza Pahlavi livre déjà un début de programme politique qui devra servir de base au futur régime de transition. « La séparation de la religion de l'État est un principe primordial et préalable à l'ordre démocratique. La religion doit rester dans la sphère privée » affirme Reza Pahlavi. Sa vision pour une démocratie laïque comprend également d'autres principes fondamentaux. Il explique qu'il est nécessaire « d'avoir une plus grande tolérance et une plus grande acceptation des groupes ethniques et religieux disparates de l'Iran ».

Sondage de Gamaan

Une jeunesse qui a soif de liberté, de démocratie.. et de monarchie

Il est difficile de savoir quelle est la part de soutien que les Pahlavi ont en Iran, puisque de nombreux monarchistes ont fui (ou ont été tués) après la Révolution de 1979. Toutefois, ce qui reste certain, c’est qu’une grande majorité des jeunes Iraniens n'ont pas connu ni goûté à certaines libertés sociales qui existaient sous le règne du Shah - un monde où les femmes pouvaient porter des minijupes et des talons compensés (rappelant la culture occidentale des années 1970) - et assister librement à des rassemblements publics avec des hommes. Ils n’ont connu que la République islamique, où le port du hijab (couvre-chef) est imposé dès la puberté où un couple dansant ensemble en public risque 10 ans de prison. Le Groupe d'analyse et de mesure des attitudes en IRAN (GAMAAN) a publié une enquête intitulée « Attitudes des Iraniens envers les manifestations nationales de 2022 ». Menée entre le 21 et le 31 décembre 2022, l'enquête d'opinion a interrogé 158 000 personnes en Iran et plus de 42 000 autres issues de la diaspora. 80% d’entre-elles ont plébiscité la mise en place d’un régime démocratique. 85% des Iraniens résidant dans le pays sont d'accord avec les manifestations et reconnaissent la position de Reza Pahlavi comme leader de l’opposition. Premier sur une liste de 34 personnes et dont le nom (ou celui de son grand-père, son père) est régulièrement scandé dans les manifestations et son portrait déployé ou placardé sur les murs des villes en signe de défiance aux mollahs. Les Iraniens utilisent des VPN (réseaux privés virtuels) pour éviter la censure stricte du régime. Un pouvoir qui est de plus en plus aux abois, montrant des signes de dissensions au sein du Conseil islamique. Il y a d'ailleurs de plus en plus d’appels pour que les fournisseurs d'accès Internet par satellite interviennent et aident les manifestants à contourner les réseaux informatiques du pays. « Des témoignages que nous recevons et des fuites d'informations, des fissures sont de plus en plus apparentes » confirme le prince Reza Pahlavi lors de propos rapportés par Le Figaro. Behnam Ben Taleblu, chercheur principal au groupe de réflexion basé à Washington Foundation for Defence of Democracies, reconnaît lui-même l’importance du prince dans le combat pour le retour à la démocratie.

Les Iraniens veulent -ils le retour à la monarchie ? Selon le même sondage, ils sont seulement 25% des iraniens "de l'intérieur" (seconde place du choix d'institution) et 29% des Iraniens de diaspora (troisième place du choix d'institution). L’espoir est permis, aujourd’hui ,de voir une page sombre de l’Iran se clôturer définitivement.

Copyright@Frederic de Natal

Date de dernière mise à jour : 24/02/2023

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