« Arrêtez de négocier avec le régime terroriste islamique, vive le Shah ! ». Face au Grand Hôtel Wien, des dizaines d’iraniens se sont rassemblés afin de dénoncer la trahison des grandes puissances et réclamer le retour de la monarchie. Depuis le 6 avril, c'est un étrange ballet diplomatique qui se joue à Vienne, la capitale de l'Autriche, où se sont réunis à huis-clos les représentants de l'Union européenne, de la Chine, de la Russie, des Etats-Unis et de l'Iran qui tentent discrètement de remettre à flot l'accord sur le nucléaire iranien signé en 2015. Un traité mis à mal par la présidence de Donald Trump et une reprise des négociations qui a mis en colère le prince Reza Shah Pahlavi , prétendant au trône impérial du Paon.
« La République islamique ne représente pas le peuple iranien ». Ils sont des dizaines à brandir des portraits du prince Reza Shah Pahlavi et à l’ancien drapeau national depuis plusieurs semaines. Le 22 mai, les monarchistes iraniens de la diaspora se sont une nouvelle fois rassemblés devant le Grand Hôtel Wien, situé dans la capitale autrichienne, afin de protester contre la présence de représentants iraniens venus négocier la reprise de l'accord nucléaire (JCPOA) avec leurs alter égos chinois, russes, américains et autres délégués de l'Union européenne. « Ce gouvernement est illégitime» affirme l’activiste Atusa Sabagh. Membre du Parti constitutionnaliste monarchiste, elle appelle même tous les royalistes iraniens à les rejoindre à Vienne, une fois les restrictions sanitaires levées, et s’unir sous la bannière de la « vraie patrie ».
Depuis plusieurs jours, l'Iran a fait monter la pression et annoncé aux autres puissances qu'il était hors de question que « les négociations s'éternisent», menaçant de faire monter ses capacités d'enrichissement d'uranium à 90% de ses capacités, le seuil maximum nécessaire pour une utilisation militaire. Prétendant au trône impérial, le prince Reza Shah Pahlavi a accordé de nombreux entretiens à la presse internationale et s'est montré très critique à l'égard du président américain Joe Biden qui a décidé de ramener à la table des négociations tous les signataires de l'accord nucléaire de 2015. En filigrane de la reprise des négociations, la levée des mesures de l'embargo qui frappent économiquement de plein fouet les iraniens et qui les ont conduits (entre autres) à un soulèvement entre 2017 et 2020, réprimé dans le sang et sous le silence coupable de la communauté internationale. « Les États-Unis ne devraient pas céder au changement nucléaire exercé sur eux par Téhéran » a déclaré à l’hebdomadaire « Newsweek » le prince Reza Shah Pahlavi qui ne décolère pas . « S'il avait une valeur douteuse il y a 6 ans, c'est clairement une mauvaise affaire en 2021 » a affirmé le fils du dernier monarque d’Iran qui ne cache pas sa déception.
Dernièrement sur son compte Twitter, le prince Reza Shah Pahlavi a relayé un post qui appelait les militaires à se soulever et à rejoindre les forces de protestation. « Forces militaires! Déposez vos armes et rejoignez la nation iranienne. Sinon, le peuple iranien et les enfants de Cyrus ne vous le pardonneront pas. [L'Ayatollah-ndlr] Khamenei est une hyène ! C'est le pays des lions. Il n'y a pas de place pour les hyènes. Votre place, ce sont les terres de la Russie et de la Chine! » peut-on lire sur le tweet publié sur l’ensemble des réseaux sociaux du fils du Shah, allusion aux soutiens attribués par ces deux grandes puissances au régime islamique et aux rcentes purges au sein de l'armée iranienne (notamment dans les régiments aéroportés). « Le pouvoir du peuple iranien est incroyable. Ils sont la véritable opposition de la République islamique de sorte que leur force et leur solidarité finiront par la renverser » a déclaré Atusa Sabagh, représentante d'une génération 2.0 qui n'a pas connu le régime impérial mais qui n'en reste pas moins nostalgique d'une ère de paix, de modernisme et de fierté nationale. En réponse aux manifestations royalistes et aux nombreuses voix qui réclament localement le retour du Shah, le gouvernement iranien a émis un communiqué officiel annonçant qu'il avait mis fin aux activités du groupe monarchiste « Décence d'Iran » créé en 2018 et qui menait des actions militaires contre Téhéran depuis l'Azerbaïdjan voisin.
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