Prince héritier en exil, Reza Pahlavi multiplie les appels à l’unité de l’opposition iranienne et à un soutien international décisif. Dans un climat de tensions régionales extrêmes, il entend incarner l’alternative au régime des mollahs
Alors que l’Iran sort à peine d’une vague de frappes aériennes américano-israéliennes sans précédent (Guerre des douze jours), un autre combat se joue en coulisses : celui de la transition politique à venir en cas de chute du régime des mollahs. En première ligne, le prince Reza Pahlavi s’impose de plus en plus comme la figure tutélaire d’une opposition iranienne longtemps éclatée, mais désormais en quête de convergence.
À 64 ans, le fils aîné du dernier Shah, devenu trace les contours d’une alternative démocratique à un régime théocratique qu’il accuse de mener le pays à sa ruine. « La véritable paix ne viendra qu’avec la fin de la République islamique », tranche-t-il, dans un récent entretien accordé à Fox News Digital.
Une mobilisation à visage civil
Sans revendiquer le retour formel de la monarchie, Reza Pahlavi plaide pour un Iran souverain, laïc et démocratique, libéré du joug des ayatollahs. Son plan : fédérer une coalition élargie de la société civile — anciens responsables, dissidents, syndicalistes, étudiants, technocrates, femmes militantes — pour structurer une transition en deux temps. À l’intérieur, préparer la chute du régime. À l’extérieur, dessiner les contours d’une future gouvernance post-islamique. « Ce qui nous unit, ce n’est pas un parti, mais un objectif : libérer l’Iran de la tyrannie », insiste-t-il.
Le prince met en avant l’essor de comités de convergence dans la diaspora et sur le terrain. L’« Iran Prosperity Project » (IPP) — un vaste plan de reconstruction — prévoit justice transitionnelle, relance économique et réconciliation nationale. Mais pour espérer un basculement, il sait qu’il faudra fissurer le noyau dur du pouvoir : l’appareil sécuritaire. L’ancien pilote de chasse, formé au Texas, affirme entretenir des contacts réguliers avec d’anciens et actuels membres des forces armées, y compris au sein du CGRI. « Beaucoup d’officiers aiment leur pays, mais méprisent ce que le régime en a fait », confie-t-il. « Mon message est simple : l’histoire s’écrit maintenant. Choisissez la nation, pas les criminels. » lance t-il comme message aux militaires iraniens.
Un canal sécurisé sur les réseaux sociaux a été mis en place pour faciliter les défections. L’objectif est clair : transformer le doute rampant dans les casernes en ralliement décisif. Tant et si bien que le régime a discrètement opéré des changements en interne et remplacé les plus modérés de ses fonctionnaires par des élémentrs plus radicaux.
La Convention de Munich : un tournant politique
C’est à Munich, le 26 juillet 2025, que la dynamique s’est cristallisée. Lors d’une convention inédite, plus de 500 figures de l’opposition iranienne ont répondu à l’appel de Reza Pahlavi. Monarchistes et républicains, chefs tribaux et militants des droits, artistes et intellectuels, réunis sous la bannière de la « Convention de coopération nationale pour sauver l’Iran ». « Ce que nous voyons aujourd'hui, c’est la plus large coalition jamais réunie contre la dictature des ayatollahs », a lancé Reza Pahlavi dans un discours très applaudi.
Il a présenté une feuille de route en cinq axes : Pression maximale sur le régime, déjà diplomatiquement isolé ; Soutien accru au peuple iranien, par l’aide humanitaire et les relais internationaux ; Encouragement aux défections internes, notamment dans les corps armés ; Mobilisation citoyenne, avec des comités de convergence en expansion et Préparation de l’après-régime, avec un gouvernement de transition articulé autour d’un exécutif de crise et d’un Conseil national du soulèvement. « Je ne veux aucun poste. Mon rôle est de faciliter une transition démocratique, pas de gouverner », assure-t-il.
La convention de Munich, montée en contrepoint à la Conférence de sécurité officielle qui l’avait écarté sous pression allemande en février dernier, visait aussi à faire taire ceux qui le disent marginal ou illégitime. Ses détracteurs, comme Maryam Radjavi de l'Organisation des moudjahiddines du peuple iranien (OMPI) , l’accusent d’être hors-sol. Il leur répond fermement : « Je ne dirige pas une secte. Je ne dicte pas le futur. Le peuple choisira par référendum. »
Derrière lui, des voix s’élèvent dans les rues iraniennes, sur les réseaux sociaux, et dans la diaspora. Son nom est scandé non pour son passé, mais pour ce qu’il incarne : une promesse. « Je me suis porté volontaire pour servir mes compatriotes, et non pour me servir moi-même. », rappelle le prince impérial. Alors que les tensions régionales s’exacerbent et que le régime de Téhéran montre des signes d’usure interne, l’héritier du trône aboli s’affirme en alternative crédible, sinon encore majoritaire. Loin d’être un retour à l’ancien monde, son discours veut bâtir un Iran d’après, débarrassé du dogme religieux, inscrit dans le concert des nations, et tourné vers la stabilité.
« En travaillant ensemble, nous pouvons renverser le régime le plus dangereux du monde et combler le vide, non par le chaos, mais par la force, l’ordre et la liberté », promet-il.Rien n’est encore gagné. Mais l’opposition iranienne semble avoir franchi une étape décisive : celle de l’unité.
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