Turki al-Faisal d'Arabie saoudite dénonce le manichéisme occidental

Le discours prononcé la semaine dernière par le prince Turki al-Faisal d'Arabie saoudite, sur les événements actuels au Proche-Orient, est d'une franchise inhabituelle pour un membre aussi important de la famille royale saoudienne. Pour les spécialistes, il est le reflet de la pensée d’une monarchie agacée par le comportement des deux belligérants et le « manichéisme ambiant en Occident » selon le fils du roi Fayçal ben Abdelaziz Al Saoud.

Turki al-Faisal, 78 ans, est un prince très respecté au sein des cercles politiques et économiques saoudiens. Ses analyses donnent souvent un aperçu de la pensée royale saoudienne lorsqu'il s'exprime publiquement lors de forums internationaux. La semaine dernière, le fils du roi Fayçal ben Abdelaziz Al Saoud a publiquement condamné les actions du Hamas et d'Israël, renvoyant les deux belligérants dos à dos. Il a déclaré qu'il n’y avait pas de « héros dans ce conflit » mais seulement des victimes. Une position rare dans le contexte actuel où la plupart des pays, membre de la Ligue arabe critiquent ouvertement Israël tout en se montrant indulgent envers le Hamas qui a attaqué l’Etat hébreu le 7 octobre en laissant derrière lui des milliers de morts. En représailles, Tel Aviv a bombardé à diverses reprises la bande de Gaza dirigée par le mouvement terroristes, faisant également plusieurs centaines de morts.

Le prince  Turki al-Faisal d'Arabie saoudite dénonce le discours manichéen de l'Occident 

Ancien diplomate, il a toutefois accusé Israël d'avoir orchestré des « bombardements aveugles sur des civils palestiniens innocents à Gaza » et « d’avoir procédé à de nombreuses arrestations aléatoires  d'enfants, de femmes et d'hommes palestiniens en Cisjordanie ». le prince a également contesté l'utilisation de l'expression « attaque non provoquée » par les médias américains (en référence au raid du Hamas) et qui est un manque totale de neutralité selon lui.  « Quelle provocation de plus est nécessaire que ce qu'Israël a fait au peuple palestinien pendant trois quarts de siècle ? » s’est irrité celui qui est également le chef des services de renseignements. Le prince Turki a affirmé que  « toutes les personnes militairement occupées ont le droit de résister à l'occupation » pointant du doigt Tel Aviv. Il a également critiqué les pays européens pour leur partialité et leur manichéisme dans leur analyse de ce conflit, soulignant que certains pleuraient les victimes israéliennes tout en ignorant les victimes palestiniennes. Ces remarques interviennent d'ailleurs après la visite du président Joe Biden en Israël, le 18 octobre 2023, qui a exprimé son chagrin « pour toutes les victimes innocentes ». Un sous-entendu qui a gacé le prince Turki et qui a implicitement critiqué le dirigeant américain pour son manque d'équilibre face à cette tragédie qui a ému le monde entier.

Une monarchie qui refuse tout soutien au Hamas

Bien que la monarchie saoudienne ne soutienne pas le Hamas (qu'il accuse d'avoir saboté les efforts de paix que Ryad a mis en place), il a rappelé également que de nombreux gouvernements de la région, y compris l'Égypte, la Jordanie, les Émirats arabes unis et ou encore Bahreïn, considèrent ce mouvement terroriste comme une menace pour leur stabilité. Un oubli géopolitique qui qui agace fortement le prince Turki al-Faisal alors que le Qatar voisin s’est imposé comme médiateur dans ce conflit tout en finançant les activités du mouvement palestinien.  

La prise de parole du prince royal survient dans un contexte de normalisation des relations avec Israël et l'Arabie Saoudite. Un processus qui a été stoppé net avec la reprise des affrontements entre les Palestiniens et les Israéliens. Elles ne sont pas destinées à être ignorées et sont loin d'être anodines. Elles permettent de comprendre la position saoudienne sur l'évolution de la situation qui prévaut au Moyen-Orient. Son expérience, sa connaissance approfondie des affaires internationales et sa perspective unique en font un observateur clé des événements actuels et une voix de la monarchie saoudienne en forme d'avertissement pour l’Occident.

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