Les communistes veulent expulser Alexandre de Serbie de son palais

Alexandre de serbie devant le portrait de pierre ii« Le complexe de Dedinje a été construit par le tristement célèbre roi Alexandre Ier Karadjordjevic, connu pour avoir mis en place son horrible dictature monarchique, avec de l'argent volé aux travailleurs de l'ex-Yougoslavie. En conséquence, il est immoral pour ses héritiers de résider dans un palais qui a été créé avec des fonds usurpés au peuple ». C’est un combat anachronique dans lequel vient de se lancer la Ligue de la Jeunesse communiste de Yougoslavie (????? ???????????? ???????? ???????????). Sur son site officiel, le plus vieux mouvement politique de Serbie a réclamé que le prétendant au trône, le prince Alexandre Karageorgévitch, soit expulsé du Palais Blanc. Une demande qui a mis en colère les descendants des tchetniks (royalistes) qui ont à leur tour réclamé la restitution de la maison de Tito, le tombeur de la maison royale et dirigeant de la Yougoslavie de 1945 à 1980 à ses légitimes propriétaire et le déplacement de ses restes.

Des membres du la ligue de jeunesse communiste devant le palais blanc« La monarchie, en tant que forme non démocratique et réactionnaire d'organisation de l'État dans notre pays, a été abolie en 1945, lorsque le peuple s’est prononcé pour un «non» retentissant à son retour et lorsque la République a été établie il y a 75 ans. En conséquence, les héritiers de la dynastie Karageorgévitch ont été dépossédés de leurs biens et  n'ont pas à occuper le palais, qui ne leur appartient en aucun cas ». C’est un affrontement d’arrière-garde que se livrent actuellement royalistes et communistes depuis le 29 novembre. La Ligue de la Jeunesse communiste de Yougoslavie a publié  une très longue tribune sur son site officiel réclamant que la famille royale des Karageorgévitch soit expulsée du Palais Blanc situé dans le quartier de Dedinje, une zone résidentielle de Belgrade, la capitale de la République de Serbie. Selon les communistes, la maison royale occupe illégalement une propriété et mettent en avant l’abolition de la monarchie après la Seconde guerre mondiale pour justifier leur demande. Abandonné par le Royaume –Uni qui préfère sacrifier la monarchie serbe pour sauver celle déchue de Grèce, le roi Pierre II assiste, impuissant, à la guerre civile qui éclate dans son pays et la prise de pouvoir par les forces de Joseph Broz, dit  Tito. A Moscou,  alors que royalistes et communistes tentent des négociations, Staline intervient et conseille à Tito de « faire autoriser le retour du roi pour mieux l’abattre par la suite avec un couteau dans le dos ». Finalement,  une fois installé dans le lit du souverain, le futur maréchal s’empresse de faire interdire le retour de Pierre II et de faire exécuter le général Draga Mihaïlovitch, leader des forces royalistes (Tchetniks). La famille royale ne reposera les pieds qu’en 1991 alors que la Yougoslavie, formée au lendemain d’une autre guerre mondiale, s’effrite dans la violence ethnique. Des dizaines de milliers de serbes viennent accueillir le prince Alexandre de Serbie. Un succès qui permet à diverses reprises aux royalistes de toucher le pouvoir de près. En 2001, la république Serbe restitue le Palais Blanc aux Karageorgévitch au grand dam de certains partis qui s’agacent de ce retour de la maison royale et de son aura retrouvée.

Pierre ii et titoLa Ligue de la Jeunesse communiste de Yougoslavie avance ses arguments dans un pur style de propagande soviétique. « Le complexe de Dedinje a été construit par le tristement célèbre roi Alexandre Ier Karadjordjevic, connu pour avoir mis en place son horrible dictature monarchique, avec de l'argent volé aux travailleurs de l'ex-Yougoslavie. En conséquence, il est immoral pour ses héritiers de résider dans un palais qui a été créé avec des fonds usurpés au peuple ». C’est en 1936 que le Palais blanc est achevé et devient la résidence officielle de la maison royale. Deux ans auparavant, le roi Alexandre a été assassiné avec le ministre Louis Barthou  par des oustachis croates alors qu’il était en visite en France. Face à l’anarchie politique qui régnait dans son pays et afin de mettre fin aux divisions ethniques, le roi Alexandre avait décidé d’abolir la constitution et de transformer son régime en monarchie autoritaire, accentuant le ressentiment contre celle-ci alors qu'elle glissait inexerablement dans l’escarcelle nazie. D’ailleurs les communistes affirment dans leur communiqué que le roi Pierre II s’est enfui avec le trésor royal  afin de le dépenser à «  titre privé » et a dirigé lui-même les « hordes barbares nazies » qui ont envahies le pays. Des allégations d’un autre temps qui ont été maintes et maintes fois démontrées comme étant fausses. Et si l’ennemi de hier est devenu l’ami d’un jour avant de redevenir l’ennemi à massacrer, la complexité de la résistance serbe durant la seconde guerre mondiale ne permet pas de remettre en cause l’attachement de son pays au roi Pierre II ni son patriotisme avéré.  Pour la Ligue de la Jeunesse communiste de Yougoslavie, il est désormais temps de mettre dehors le prince Alexandre et sa famille, « cette dynastie perfide et antinationale » qui coûte de l’argent au contribuable par « l’entretien faramineux du palais ».

Palais blancLes royalistes n’ont pas tardé à réagir. Le Mouvement pour la restauration du royaume de Serbie (?????? ?????? ????????? ??????) a émis son propre communiqué, condamnant fermement cette demande des communistes, la qualifiant de «  véritable honte ». A leur tour, sur leur propre site, ils ont réclamé que la résidence du maréchal Tito , la « Maison des fleurs » , soit détruite et son terrain restituer aux légitimes propriétaires, la famille de Milos Savcitch, un ancien ministre et maire de Belgrade, qui a été expulsée peu de temps après la chute de la monarchie. Les royalistes vont même plus loin. « Le mausolée de Joseph Broz Tito, qui est reconnu par l’Histoire comme « dictateur communiste », doit être transféré dans sa ville natal de Kumrovec, en Croatie » affirment les royalistes., furieux  Le prince Alexandre de Serbie ‘a pas réagi aux accusations des communistes ni à leur demande d’expulsion. Mais concernant Tito, l’héritier ne mâche pas ses mots. « Tito n’était qu’un dictateur et je suis contre tous les dictateurs qu’ils soient de gauche ou de droite. Il est arrivé au pouvoir par le sang y compris celui de ses amis. Tito n’a rien fait de positif pour mon pays, il a attisé la haine entre les serbes et les croates, favorisé les disparités économiques et généré des tensions constantes au Kosovo et en Voïvodine. 45 ans de désastre, 45 années de perdues » avait déclaré le fils du roi Pierre II lors d’un entretien à Point de Vue Images du Monde, en 1990.  La demande a toutefois peu de chances d’aboutir en dépit des tensions récurrentes sur le sujet avec le gouvernement. Les serbes se sont habitués à la présence de la maison royale au Palais blanc dans ce qui est un juste retour des choses et une revanche de l’Histoire trop longtemps bafouée par l’idéologie communiste. Selon divers sondages, entre 20 et 30% des serbes souhaitent le rétablissement de la monarchie.

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Date de dernière mise à jour : 05/12/2020

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