Le prince Filip Karageorgévitch furieux après Paris et Berlin

Dans un très court communiqué publié sur ses réseaux sociaux, le prince Filip Karageorgévitch, héritier au trône de Serbie, a condamné le plan franco-allemand pour le Kosovo, « affirmant que cette proposition était insultante et inacceptable pour la Serbie ».  Considéré comme « le berceau de la Serbie », c’est en 2008 que le Kosovo a pris officiellement son indépendance de la défunte Yougoslavie sans que le sort de sa minorité orthodoxe n’ait été véritablement réglé.

C’est à la chute du communisme (1991) que le Kosovo a décidé de prendre son indépendance de la Yougoslavie. Considérée comme le berceau de naissance de la Serbie depuis le XIVe siècle, la province est majoritairement composée d’albanophones. C’est au prix d’une longue guerre ethnique, religieuse et de négociations intenses que le Kosovo a obtenu son droit à la souveraineté en 2008. L’intervention militaire de l’OTAN, qui n’a pas hésité à bombarder Belgrade, la capitale de la Serbie, entre mars et juin 1999, afin de contraindre les Serbes à capituler, a été vécue comme un véritable traumatisme par les Serbes. Depuis, les tensions entre les deux pays restent permanentes et sont récemment montées d’un cran en décembre dernier, faisant craindre l’imminence d’un conflit en plein coeur de l'Europe. À l’origine des désaccords, la volonté de la Serbie de « cesser de délivrer des plaques d'immatriculation serbes portant des dénominations de villes kosovares ». Un pied de nez aux autorités du Kosovo que Belgrade ne reconnaît toujours pas et qui peut compter sur le soutien de la Russie. 

Une dynastie au chevet de ses compatriotes du Kosovo

L’Union européenne (UE) tente de servir de médiateur. Particulièrement la France et l’Allemagne qui se sont emparés du dossier. Une intervention qui a irrité les autorités serbes et la maison royale de Serbie. Dirigée par le prince Alexandre Karageorgévitch, fils du dernier roi Yougoslave Pierre II (1923-1970), elle n’a jamais reconnu l’indépendance du Kosovo et souhaite son retour dans le giron de la mère patrie. A diverses reprises, le prétendant au trône a publiquement fait part de son soutien à la minorité serbe du Kosovo, estimant que celle-ci est victime d’une discrimination de la part des Kosovars. Paris et Berlin ont appelé Belgrade à faire des concessions afin de désamorcer la situation, suggérant à la Serbie de reconnaître l’indépendance du Kosovo (ce qui lui permettrait de déposer un dossier d’adhésion à l’UE et également aux Nations Unies en dépit des objections de la Russie et de la Chine). Un projet qui a particulièrement mis en colère le prince Filip Karageorgévitch.

Le prince Filip condamne le plan franco-allemand 

Dans un très court communiqué publié sur les pages officielles de ses réseaux sociaux , rapporté par les médias locaux, l’héritier de la couronne et fils cadet du prince Alexandre n’a pas mâché ses mots à l’égard de la France et de l’Allemagne. « La proposition franco-allemande pour le Kosovo-Metohija est offensante et inacceptable » a déclaré le prince de 41 ans sur Twitter. « Ni l'Allemagne ni la France n'abandonneraient 15% de leur territoire si quelqu'un tentait de le leur retirer par la sécession » a-t-il ajouté, n’hésitant pas à traduire son irritation en français, en allemand, en anglais et en espagnol.  Actif politiquement (il peut compter sur la présence d’un groupe 15 de monarchistes au parlement, 4e force politique), le prince Filip se place dans les pas de son père. « Il est absolument de mon devoir et de mon obligation, en tant que prince héritier de la dynastie Karageorgévitch, de m'impliquer activement et de parler davantage du problème lié à la sécession du Kosovo-Metohija. La sécession de cette province serbe du sud-est un acte injuste et un exemple clair d'incompréhension internationale et d'injustice des grandes puissances envers un État souverain » a déclaré sans ambages le prince lors d’une interview accordée au quotidien DANAS en janvier 2023.

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