Maria Romanov rend hommage à son ancêtre Alexandre II

Alexandre II de RussiePour beaucoup de russes, le Tsar Alexandre II est considéré comme le souverain qui a émancipé son peuple du servage en paraphant un oukase entré dans l’histoire le 3 mars 1861. Surnommé « le Libérateur », il est pourtant la victime d’un attentat perpétré par un anarchiste, vingt ans plus tard, sans avoir pu achever les réformes nécessaire à la sauvegarde de l’empire. A l’occasion de la date anniversaire de la signature du décret d’abolition du servage, l’agence de presse « Interfax » a interviewé la Grande-duchesse Maria Wladimirovna Romanov, actuelle chef de la Maison impériale.

« Sans aucun doute, l'abolition du servage en Russie a été l’événement le plus important dans la vie du pays et du peuple. Mais le Manifeste, à mon avis, n'a fait qu'abolir formellement le servage, car il ne donnait pas légalement la possibilité de le mettre en œuvre. Ainsi, il s’est avéré n’être qu’un document formel ». Interrogé sur le décret d’abolition du servage, signé par le Tsar Alexandre II, la Grande-duchesse Maria Wladimirovna Romanov s’est montrée mitigée sur le sujet face au journaliste de l’agence de presse « Interfax.

Et pour cause. Tout au long de la monarchie, le « servage a été assimilé à l’esclavage car dans les deux systèmes, le serf tout comme l’esclave, se voyait traité tel un bien  que le propriétaire pouvait vendre, acheter, échanger voir même hypothéquer, sans possibilité pour l’intéressé de faire valoir ni droit ni objection » explique l’historien Antoine Nivière.  Souverain depuis 1855, le règne d'Alexandre II est secoué par de nombreuses jacqueries paysannes. La question agraire est au cœur des réformes que l’empereur autocrate souhaite voir être appliquées et il le fait savoir très rapidement, un an après son couronnement : « Le bruit court que je veux donner la liberté à la paysannerie. (…) J’ai la certitude que, tôt ou tard, cela adviendra. Et je pense qu’il vaut mieux que cela vienne d’en-haut, plutôt que d’en-bas ». Face à lui, la noblesse qui fait de la résistance, qui n’entend pas perdre cette manne de revenus substantiels et qui contraint le Tsar à patienter 6 ans avant qu’il ne puisse signer son oukase. Mais les modalités de l’affranchissement sont si difficiles qu’elles créent des mécontentements tant chez les paysans que parmi la noblesse qui se met à haïr ce tsar révolutionnaire. Sans le savoir, Alexandre II vient de donner tous les prétextes aux anarchistes et futurs communistes en devenir. Lénine va d’ailleurs puiser la matrice de sa contestation dans la pratique du servage qui sera toujours en vigueur sous le règne de Nicolas II.

La Grande-duchesse Maria Romanov« (…) La vie des paysans n'était pas facile. Beaucoup de leurs aspirations ne se sont pas réalisées. Mais, malgré tout, le chemin de leur libération du servage a créé les conditions nécessaires à la modernisation de la Russie en 1860-1870 » rappelle toutefois la prétendante au trône de Russie. « C’est l’ère des grandes réformes qui ont été menées sans effusion de sang » poursuit Maria Wladimirovna. « J'ai souligné à maintes reprises que la principale signification historique de ces grandes réformes ne résidait pas dans les détails, mais dans les principes généraux  qui ont déterminé la voie qui nous a permis de moderniser le pays. Et c'est le point principal à retenir » précise encore la Grande-duchesse qui souligne également l’importance de « préserver les valeurs et idéaux traditionnels tels que l’orthodoxie ou notre histoire ».

« Et quelles contributions, vous et votre fils Georges [qui vient d’annoncer la célébration de son mariage pour la date du 1er octobre prochain à Saint-Petersbourg-ndlr] ,la Maison des Romanov apportent pour résoudre les problèmes importants qui existent dans notre pays ? » lui demande alors le journaliste qui rappelle ses droits au trône de Russie.  « Nous ne participons à aucune forme de lutte politique. Notre mission est de servir de participer à des activités caritatives, de renforcer les liens entre les nationalités de l'ancien Empire russe et de l'URSS, de défendre la réputation de la Russie à l'extérieur » explique simplement cette descendante en ligne droite du « tsar libérateur ».

Copyright@Frederic de Natal

Date de dernière mise à jour : 07/03/2021

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