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la Maison Biron von Curland, au coeur de l'histoire russe

Elle est quasi absente des médias. Pourtant, la Maison Biron von Curland, originaires de Lettonie, qui vient récemment de perdre son potentiel chef de famille, a joué un rôle significatif dans l'histoire politique et culturelle du continent européen pendant plusieurs siècles.

La lignée des Biron von Curland plonge ses racines au XVIe siècle dans la région de Courlande, alors partie intégrante du grand-duché de Lituanie et de la Lettonie, avant d’être plus tard incorporée à l'Empire russe. Anoblie par le roi Ladislas IV de Pologne, dès le départ, elle a du mal à se faire accepter par les magnats qui s’irritent de cette décision prise en faveur d’un descendant d’un palefrenier et d’un propriétaire terrien. D’abord prénommée von Bühren, elle cherche un arbre généalogique éloquent, lui permettant de gommer ses origines sociales. Ce seront les Biron du Périgord, auxquels elle prétend être rattachée, qui va donner à cette dynastie, son nom définitif. 

Ernest  Johan von Biron, blason de sa maison @wikicommons

Ascension et Chute d'une maison aux portes d'un trône

La période la plus remarquable de la Maison Biron von Curland est associée au règne d'Ernst Johann von Biron (1690-1772). Sous son leadership, la Courlande devient un acteur majeur dans la politique européenne du XVIIIème siècle grâce à ses prouesses au lit. Secrétaire, intendant à la cour de Courlande, Biron devient progressivement le favori de la duchesse Anne de Courlande, petite-nièce du Tsar Pierre Ier. jeune veuve du duc Frédéric III-Guillaume Kettler (décédé dans des conditions controversées, "d'abus de boissons chaudes" en 1711), Anne prend pour amant Ernst Johann, de 3 ans son cadet.  En 1730, Cette Romanov est choisie pour occuper le trône russe qui vient de perdre son souverain, Pierre II, décédé de la variole. Un règne de dix ans qui va laisser un mauvais souvenir à ses sujets mais qui fait la fortune d’Ernst Johann von Biron. Titré comte d’Empire par l’Empereur Charles VI, il devient finalement duc de Courlande en 1737 et gouverne quasiment côte à côte avec la Tsarine, créant même le premier service secret de l’histoire russe. Ambitieux, il tente de s’arroger la régence à la montée sur le trône du jeune Ivan VI dont le règne de trois mois, renversé par un coup d’état, met fin à un avenir prometteur.  C’est l’exil vers la Sibérie et sa vie ne tient désormais qu’au bon vouloir des monarques qui se succèdent. Rappelé à la cour par Pierre III, ce dernier n’entend pas lui rendre la Courlande pour autant. Il faudra attendre 1763 avant que Catherine II fasse un geste en sa faveur. Ernst Johann von Biron va alors s’employer à moderniser son état, construire des palais comme le château de Rundale (un exemple remarquable de l'architecture baroque en Lettonie et reste un symbole de l'ancienne grandeur de la Maison Biron von Curland) et finit par se retirer du pouvoir en 1769.

Influence culturelle sur l'Europe

Malgré leur déclin politique, les membres de la Maison Biron von Curland ont continué à jouer un rôle dans les cercles culturels européens. Certains membres de la famille étaient des mécènes des arts et des sciences, contribuant ainsi à l'épanouissement de la culture européenne. Pierre von Biron (1724-1800), fils d’Ernst est imprégné du siècle des Lumières. Il se veut progressiste dans une époque où l’absolutisme règne en maître. Il se heurte rapidement à l’aristocratie locale et décide de signer une alliance avec la Prusse, marie une de ses filles, Dorothée (1793-1862), au duc de Talleyrand-Périgord.  un traité qu’il payera en 1795, lors du troisième partage de la Pologne. La Courlande est purement annexée à l’Empire russe. Faute de descendance masculine, ses droits passent alors à son frère, Charles Ernest (1728-1801). 

D'un Gustav au XIXe siècle à un autre au XXe siècle  @wikicommons

Un destin qui se mélange avec celui du Second Reich

Sujets russes, ses descendants vont faire des mariages prestigieux au sein de la noblesse d’Europe. Mais tous ne vont pas connaître les mêmes destins. Le duc Karl Ernst von Biron (1728-1801) fonde une loge maçonnique à Saint-Pétersbourg, jouit d’une richesse considérable grâce à des investissements immobiliers importants mais connaît aussi les joies de la Bastille, à Paris, emprisonné pour avoir contrefait des lettres de changes et pour diriger une bande de pickpockets (1768). Contraint de renoncer à son duché en 1771 suivant, il transmet à son fils, Gustav Karlix (1780-1821) un nom vide de ses titres avec un prédicat d'Altesse qui se poursuit encore aujourd'hui. Prince Biron von Curland, ses descendants vont mettre leurs talents militaires au service de la Prusse. Dès lors, la dynastie va mêler son sang à l’histoire d’une Allemagne en construction. Son fils Calixt (1817-1882) sera un élu conservateur du Parlement prussien (1852 à 1854) avant d’être nommé député du Reichstag (1867-1871). Petit-fils de ce dernier, le prince Calixtus Biron von Curland est décédé le 29 mars 2024, à l’âge de 90 ans. Orphelin à l’âge de 7 ans,  ce cadet traversera les vicissitudes du XXe siècle, tentant de sauvegarder la majeure partie d’un patrimoine saisi en 1945 après la Seconde Guerre mondiale dans les divers pays occupés par les Soviétiques (comme en Pologne ou en ex-Tchécoslovaquie). 

La Maison Biron von Curland a connu des hauts et des bas tout au long de son histoire mouvementée. De son ascension politique à son déclin rapide après sa chute, cette famille a laissé une marque indélébile en Europe. Son héritage culturel perdure encore actuellement, rappelant l'importance de cette lignée dans le panorama européen. Cousinant avec les Hohenzollern, une dynastie aujourd’hui dirigée par le prince Ernst Johann Biron von Curland, né le 6 août 1940, dont les racines sont à la fois françaises et allemandes.

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Date de dernière mise à jour : 14/05/2024

Commentaires

  • Sergio Guedes

    1 Sergio Guedes Le 14/05/2024

    Casanova dans ses Mémoires dit avoir rencontré un prétendent au Duché de Curland reçu à la Cour (j’ignore laquelle) avec tous les égards dus à son rang; essuyant furtivement quelques larmes à l’évocation de son pays. Quelque temps après, le même mémorialiste retrouve le “duc” adonné à toute sorte de débauches en très mauvaise compagnie. Il s’agissait d’un aventurier comme souvent à cette époque.

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