«Le plus grand laboratoire génétique des États-Unis a confirmé leur identité, les corps retrouvés en août 2007, sont bien les corps des deux enfants du tsar Nicolas II, la grande-duchesse Maria et le Tsarévitch Alexis […] Nous avons à présent retrouvé la famille au grand complet». Retrouvés en 2007, une décennie après le Tsar Nicolas II, la Tsarine Alexandra de Hesse et trois de leurs enfants (Olga, Tatiana et Anastasia), les restes de leurs deux derniers enfants restent cependant encore en attente d’authentification par l’église orthodoxe russe. Le 17 juillet, jour du 102ème anniversaire de l’assassinat de la famille impériale russe par les bolcheviks, l’association des membres de la famille Romanov, dirigée par la princesse Olga Andreevna, a annoncé que Maria et Alexis rejoindraient enfin leur famille en 2021. Des ossements qui divisent pourtant et toujours la maison impériale.
«Le plus grand laboratoire génétique des États-Unis a confirmé leur identité, les corps retrouvés en août 2007, sont bien les corps des deux enfants du tsar Nicolas II, la grande-duchesse Maria et le tsarévitch Alexis […] Nous avons à présent retrouvé la famille au grand complet». Le 30 avril 2008, le gouverneur de l’Oblast de Sverdlovsk, Edouard Rossel, annonce au monde entier que les restes des derniers enfants du Tsar Nicolas II et de la Tsarine Alexandra avaient été retrouvés et authentifiés. La fin d’un mystère vieux de 90 ans qui aura connu au cours des décennies précédentes de multiples rebondissements, marqué avec par la profusion de prétendus survivants du massacre d'Ekaterinbourg, perpétré dans la nuit du 16-17 juillet 1918.
C’est avec la chute du communisme que le mystère Romanov refait surface en Russie. Si les livres d’histoires mentionnaient bien Pierre le Grand, Nicolas II faisait à peine l’objet d’études et à travers quelques lignes qui le présentaient comme un abominable tyran assoiffé de sang. Exécutés sans procès dans la cave de la maison Ipatiev à Ekaterinbourg, le Tsar et sa famille, leurs domestiques sont amenés dans la forêt voisine. Les corps sont brûlés à l’acide (une version aujourd’hui contestée selon les conclusions de la commission d’enquête-ndlr), enflammés, jetés dans un puit de terre que l’on rebouche à la hâte. L’endroit sera oublié jusqu’en juillet 1991. Il faudra encore sept ans pour que les tests ADN parlent (Philipp, duc d’Edimbourg sera d’ailleurs mis à contribution) et mettent fin à ce mystère qui aura passionné des générations d’européens. Les funérailles sont organisées en grande pompes sous l’œil du gouvernement et des membres de la famille impériale qui se déchirent autour ces restes. Une division qui demeure encore aujourd’hui en dépit de la canonisation de Nicolas II, son épouse et leurs enfants par l’église russe orthodoxe, en 2000.
Les ossements des deux enfants appartiennent-ils à Alexis et Maria ? L’église orthodoxe reste encore sceptique. Le fait qu’ils aient été retrouvés loin de la tombe initiale de leurs parents a provoqué le doute chez nombre de russes ou de Romanov qui attendent encore que le clergé se prononce sur leur authenticité. «Les gens se posent des questions. Nous voulons une enquête plus approfondie et que les tests soient réalisés en présence de représentants religieux. Ces personnes ont été canonisées, et si leurs restes sont authentifiés ils seront considérés comme des reliques. C’est pour ces raisons qu’il est important de vérifier» avait déjà déclaré en 2015, Vsevolod Chaplin, alors controversé porte-parole de l’église russe orthodoxe au magazine «Le Point». Prétendante au trône de Russie, la Grande-duchesse Maria Wladimirovna s’était-elle-même montrée très frileuse sur ces restes. Tout le contraire des autres membres Romanov réunis au sein d'une association qui ne reconnait pas les droits au trône de la Grande-duchesse Maria, et qui pressaient le gouvernement de réunir Alxis et Maria au reste des Romanov inhumés à la cathédrale Pierre et Paul de Saint-Pétersbourg.
«Nous voulons que le Tsarévitch Alexis et la Grande-duchesse Maria soient enfin enterrés à côté de leurs parents et sœurs. Nous avons toujours rêvé de ce jour où ils seront inhumés dans la cathédrale Pierre et Paul» a annoncé le 17 juillet, la princesse Olga Andreevna qui préside l’Association de la Famille Romanov. Une date a même été avancée et ce sera 2021, crise du coronavirus oblige. L’ADN a de nouveau parlé et aurait confirmé un secret de polichinelle. Les 44 fragments d’os d’Alexis et Maria, reposant actuellement dans de petits cercueils entreposés au monastère Novospassky, vont pouvoir retrouver leurs parents et ancêtres impériaux. Du côté de la Grande–Duchesse Maria Wladimirovna, on garde la même posture. «La position de la maison impériale demeure inchangée : le chef de la dynastie, la grande-duchesse Maria Vladimirovna et le grand-duc Georges Mikhailovich, restent solidaires de la position de l'Église orthodoxe russe. Sans prise de position de l’église, ce problème ne peut pas être résolu. Jusqu'à ce que l'église dise son dernier mot concernant les restes, ils [Maria Wladimirovna et son fils George-ndlr] ne prendront pas de décisions indépendantes concernant ces restes. Cela concerne aussi des millions de nos compatriotes qui sont croyants et qui vénèrent la famille royale comme des saints. . Les restes ne sont pas seulement des os, mais des reliques qui doivent recevoir la révérence appropriée qui leur est due» a rappelé le secrétaire de la maison impériale, Alexandre Zakatov, à la presse. De son vivant, le patriarche Alexis II n’avait d’ailleurs pas reconnu les premiers restes reconnus comme étant eux de Nicolas II et sa famille et avait envoyé à sa place un membre du clergé les enterrer comme des «ceux d'une personne inconnue».
Pour, la responsable du comité d’enquête, Marina Molodtsova, il n' y a plus l'ombre d'un doute possible. Au cours d'une conférence de presse organisée le jour du 102ème anniveraire du massacre d'Ekaterinbourg, elle a bien confirmé l’authenticité de ces restes, rappelant à son tour que «37 examens médico-légaux avaient été ordonnés depuis la réouverture du dossier en 2015, y compris des examens médico-légaux (anthropologiques), de génétique moléculaire, de trace et d'écriture manuscrite à titre de comparaison» et en collaboration avec le gouvernement britannique. Des archives qui démontrent que le roi Georges V n’a pas réellement abandonné son cousin «Nicky» à son sort comme l’affirme la thèse en vigueur. Bien que le président Vladimir Poutine se montre moins empressé que son prédécesseur dans la résolution de cette dispute, le Kremlin est rentré dans la polémique, prenant soin toutefois de ne pas se prononcer sur ces restes ni confirmer la date des prochaines funérailles impériales. Au cours d’une conférence de presse, Dimitri Peksov a déclaré que la Russie «avait un grand passé, dans lequel il y a eu beaucoup de bonnes choses et de mauvaises choses. Nous ne devons pas oublier le premier ou le second. Il est bien connu que si vous ne connaissez pas votre passé, vous ne pouvez pas regarder votre avenir en toute sécurité» a déclaré le porte-parole du gouvernement et qui a annoncé que l'histoire de l'assassinat de la famille impériale ferait l'objet d'une réécriture plus proche de la vérité.
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