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Un faste royal pour un allié controversé : Trump au Royaume-Uni

La visite d’État de Donald Trump au Royaume-Uni, sa seconde en tant que président américain, s’annonce comme un événement diplomatique hors norme. Entre faste royal orchestré par Charles III, enjeux commerciaux cruciaux pour le gouvernement britannique et manifestations de grande ampleur dans les rues de Londres, ce déplacement cristallise toutes les tensions de la relation transatlantique.

Le président américain Donald Trump a foulé le sol britannique mardi 25 septembre 2025 pour une deuxième visite d’État— un événement diplomatique sans précédent pour un président américain en exercice, et chargé de symboles autant que de défis tant pour les États-Unis que la monarchie britannique. Il a été accueilli à sa descente d'avion par le Lord-in-waiting Henry Lyttelton Alexander Hood, huitièmre vicomte Hood.

Un protocole d’exception pour le président américain

C’est le roi Charles III qui a formellement invité Donald Trump pour cette seconde visite d’État au Royaume-Uni, un geste historique et sans précédent. L’invitation avait été transmise par le Premier ministre Keir Starmer lors d’une visite à la Maison-Blanche (février 2025). Né d’une mère écossaise, Donald Trump était venu il y' a 6 ans et avait rencontré la reine Elizabeth II, cumulant même les bordes diplomatiques tout en assurant être un admirateur de l’institution royale.  « Cette visite d'État reflète non seulement des siècles de liens entre nos deux pays, mais consolide également les 250 prochaines années en tant qu'alliés les plus proches, créant un avenir plus sûr et plus prospère pour les populations des deux côtés de l'Atlantique », a déclaré le porte-parole officiel du Premier ministre aux journalistes

Buckingham Palace a mis à nouveau les petits plats dans les grands. Le dispositif officiel prévoit un accueil solennel aujourd’hui au château de Windsor, où il sera logé, par le roi Charles III Un banquet d’État est prévu, auquel participera le prince William de Galles, comme en témoigne la vidéo mise en ligne par le palais royal. Le leader Républicain sera honoré d'une salve royale depuis la Tour de Londres,  d’un survol des Red Arrows et des avions militaires F-35 britanniques et américains sur la pelouse est du château de Windsor, après avoir assisté à un spectacle militaire spécial de « Beating Retreat ». Un événement rare car jamais organisé auparavant pour une visite d'État. Le président se rendra également sur la tombe de la reine Elizabeth II dans la chapelle Saint-Georges de Windsor, pour déposer une couronne en privé et lui rendre hommage.

Mélania Trump, qui accompagne son mari, ne sera pas en reste. La Première dame sera aux côtés de la reine Camilla . Elles visiteront toutes deux la maison de poupées de la reine Mary à Windsor et participeront à un événement éducatif avec la princesse Kate de Galles et les scouts britanniques.

Un déplacement avec de forts enjeux diplomatiques et économiques

Les rues adjacentes à Windsor, parées des drapeaux britannique et américain, annonce un accueil officiel très marqué et sous tension. Le président américain a été logé domaine privé de Windsor dès son arrivée, puis se rendra à Chequers, la résidence de campagne du Premier ministre où des entretiens sont prévus le lendemain. Cependant, tout au long de la visite — de deux jours — Donald Trump ne devrait pas apparaitre en public en raison de fortes mobilisations contestataires, prévues et organisées par la coalition « Stop Trump » (le tour en calèche se llimitera à Windsor). Une visite qui intervient dans un contexte compliqué. Le Royaume-Uni cherche à renégocier ou alléger certains droits de douane — notamment ceux pesant sur l’acier exporté vers les États-Unis. Le ministre des Affaires étrangères a laissé entendre qu’un allègement tarifaire était en cours de négociation, mais sans garantie que cela sera finalisé pendant la visite.  Ils devraient également aborder le sujet ukrainien où le monarque et le gouvernement ne font pas mystère de leurs préférences en faveur de Kiev dans la guerre menée contre la Russie.

Un Foreign office qui espère que le président américain ne fera aucune ingérence dans la politique interne du Royaume-Uni, récemment marqué par une massive manifestation nationaliste contre l'immigration. Pis, la visite s'accompagne d'un dossier délicat avec le limogeage du Baron (conservateur) Peter Benjamin Mandelson de son poste d'ambassadeur à Washington, le 11 septembre, tout juste nommé 7 mois auparavant,  après que son nom a été cité dans la nébuleuse affaire Epstein. Tout comme le prince Andrew, frère du roi Charles III, et le Président américain lui-même.

Un autre volet non négligeable : l’accent mis sur un nouveau partenariat nucléaire avec les États-Unis pour accélérer le développement de centrales électriques au Royaume-Uni. Liam Byrne, président travailliste de la commission des Affaires et du Commerce de la Chambre des communes, a toutefois rappelé que cette visite d'État n'était « pas une simple cérémonie » et a averti le gouvernement que « nous ne pouvons échapper à la vérité : la Grande-Bretagne commerce désormais avec son principal partenaire à des conditions pires que par le passé ».

Le roi, en tant que figure constitutionnellement neutre, va devoir naviguer avec prudence. Mais son invitation personnelle, sa mise en avant de valeurs de tolérance et de responsabilité — notamment concernant le climat ou la dignité — suggèrent qu’il entend maintenir un certain standard moral, au-delà du simple cérémonial. Selon Politico, le monarque, qualifié « d'homme formidable » par Donald Trump, souhaiterait aborder avec celui-ci « l’importance du travail climatique ». Un domaine où leurs positions sont historiquement divergentes et qui pourrait mettre à mal le Premier ministre britannique Keir Starmer. « Il a le devoir de soutenir le gouvernement élu [...]. Au sens large, cela signifie s'entendre avec Trump », explique le constitutionnaliste Craig Prescott au journal norvégien Omni.

Cette visite d’État de Donald Trump à l’invitation de Charles III est bien plus qu’une occasion de cérémonies fastueuses : elle incarne les tensions entre tradition et modernité, entre l’art du protocole et les réalités d’une diplomatie sous influence médiatique, entre respect institutionnel et contestation citoyenne. Par cette visite, le roi Charles est mis au défi de concilier son rôle de symbole neutre avec ses convictions personnelles, de maintenir la dignité de la monarchie tout en maîtrisant les risques d’embarrassements.

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Date de dernière mise à jour : 17/09/2025