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Le report de la visite de Charles III, un camouflet pour E. Macron ?

Face aux scènes de chaos qui ont éclaté lors de la dernière manifestation contre la loi de réforme des retraites, les menaces réelles pesant sur la visite d’État prévue en France par le roi Charles III et la reine consort Camilla, Buckingham Palace a décidé d'annuler leur déplacement dans l'Hexagone. Un camouflet pour le président Emmanuel Macron qui entendait profiter de cette présence du couple royal pour renforcer les liens entre l’Europe et le Royaume-Uni malmenés par le Brexit. Outre-Manche, la presse britannique ne cesse de tirer à boulets rouges sur ce « revers frustrant et humiliant ».

C’était une visite prévue de longue date et à l’initiative du président Emmanuel Macron. En septembre 2022, lors des funérailles de la reine Elizabeth II, le dirigeant de la république française avait profité de l’occasion pour inviter officiellement le roi Charles III et la reine consort Camilla à se rendre dans l’Hexagone, évoquant les « liens indéfectibles entre la France et le Royaume-Uni ». Une invitation à laquelle la monarchie britannique avait répondu favorablement. Une occasion de renforcer les liens entre l’Europe et le Royaume-Uni malmenés par le Brexit, de parler des problèmes environnementaux liés au réchauffement climatique de la planète, des thèmes chers au nouveau monarque anglais qui entretient d'excellentes relations avec Emmanuel Macron. 

La presse britannique tire à boulets rouges

Une situation révolutionnaire en France

Le 24 mars 2023, à quarante-huit heures de l’arrivée du monarque et de son épouse, le palais de l’Élysée a annoncé brusquement que cette visite était reportée en raison du climat social jugé trop explosif. La France  est secouée depuis plusieurs semaines par des manifestations contre la loi de réforme des retraites. L’utilisation de l’article 49.3 par le gouvernement de la Première ministre Elizabeth Borne, afin de faire adopter sa loi au forceps alors qu’elle aurait dû être rejetée par le Parlement, a mis le feu aux poudres. En marge de la dernière manifestation qui a rassemblé des millions de Français dans les rues, des scènes de chaos ont éclaté. Les nombreux affrontements avec les forces de police, débordées, ont fait craindre une escalade du conflit social. Face à cette situation quasi-révolutionnaire, plusieurs voix se sont élevées au Royaume-Uni afin que le roi Charles III et la reine consort évitent la France et ne se concentrent que sur leur voyage pour l’Allemagne. Une destination initialement sur l’agenda du couple royal après quatre jours de visite en France. 

Graffiti contre le roi Charles III

L'extrême-gauche française menace la visite du roi Charles III

Cette visite est rapidement  devenue un sujet de crispation pour une partie de la classe politique française qui n’a pas hésité à s’épancher dessus. Porte-parole du Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA), Olivier Besancenot avait prévenu que le roi Charles III serait « accueilli par une bonne vieille grève ». Députée écologiste, Sandrine Rousseau avait demandé au président Emmanuel Macron que cette visite soit annulée dans les meilleurs délais, rejointe par divers syndicats qui avaient menacé de perturber son déplacement à Bordeaux. Ancien président de La France Insoumise (LFI), Jean-Luc Mélenchon avait raillé publiquement, lors d’un discours prononcé en Ariège, le voyage de « Charles-je-ne-sais-combien » et le banquet organisé à Versailles, haut-lieu symbolique de la monarchie française. « M. le roi, écoutez, ici, nous n'avons rien contre vous. Vous êtes le roi des Anglais, c'est votre affaire, mais nous autres Versailles, ça va quoi... Quand même, voilà comment on va finir la semaine ! Et on ne dirait rien ? » s’était alors irrité l’ancien député qui ne cache pas son admiration pour Maximilien de Robespierre, théoricien de la Terreur sous la Révolution française. Dès que l'annonce du report a été connue, il s'est d'ailleurs réjoui qu'ait pu être empêchée la venue du monarque. 

La presse britannique tire à boulets rouges sur la France et évoque une humiliation pour Emmanuel Macron

Passablement agacée et frustrée par ces commentaires, la presse britannique s’est faite l’écho dans ses colonnes des menaces pesant directement sur le couple royal, publiant des photos de slogans  anti-monarchiques (graffités en anglais et en français) sur les murs des villes de France et de Navarre tels que : « Mort au roi » ou « Charles III, connais-tu la guillotine ? » en référence à la mort de Louis XVI en 1793.  « La France s'enfonce dans l'anarchie et il était clairement impossible de garantir la sécurité du parti royal et de respecter un calendrier fixé » a expliqué Richard Fitzwilliams au quotidien Daily Mail. L’expert de la maison royale britannique a toutefois précisé que « le monarque était prêt à aller à Paris afin de démontrer qu’il n’entendait pas céder à la foule ». Les tabloïds ont d’ailleurs fait remarquer que le président français avait un peu trop vite cédé à la pression populaire, pointant du doigt un « Macron humilié qui a courbé l’échine face aux mouvements de Gauche de son pays » ainsi que le fait remarquer le journaliste d'investigation Tom Bower. « C'est un peu gênant pour les Français. Il existait un réel facteur de risque pour la sécurité du roi et de la reine consort, ainsi que celle du public. Mais tout simplement, il se peut le gouvernement français ait eu besoin de toutes ses ressources à un moment ou un autre pour maintenir l'ordre public et qu'il n'ait pas la capacité de faire face à une visite d'État de ce type » a même renchéri Simon Morgan, un ancien officier de la protection royale. 

Le palais de l’Élysée se justifie

Alors que les critiques se multipliaient, l’Élysée a tenté de se justifier, « Des militants hautement politisés sont dans la rue, et ils auraient certainement ciblé le roi d'Angleterre » a déclaré une source gouvernementale française qui a souhaité rester anonyme. En visite à Bruxelles, le président Emmanuel Macron s'est purement dédouanné sur ce qui ressemble à un camouflet diplomatique. Réfutant le terme « humiliation » utilisé par les médias internationaux, « à partir du moment où hier (jeudi 23 mars-ndlr) soir, l'intersyndicale a annoncé une nouvelle journée de mobilisation mardi et que la visite du roi était prévue de lundi à mercredi, je pense que nous ne serions pas sérieux et nous manquerions d'un certain bon sens à proposer à sa majesté le roi et à la reine consort de venir faire une visite d'État au milieu des manifestations » a déclaré le chef de l’État français. « Comme nous avons beaucoup d'amitié, de respect et d'estime pour eux et pour le peuple britannique, j'ai pris l'initiative de l'appeler et de lui dire quelle était la situation. À partir du moment où cette décision avait été prise, le bon sens et l'amitié nous (ont conduit) à proposer un report » a ajouté Emmanuel Macron, n’hésitant à tirer la couverture sur lui, affirmant à qui veut l'entendre que la décision a été prise conjointement entre Buckingham Palace et l’Élysée. 

Aucune date n’a été cependant donnée pour un second voyage du roi Charles III et qui devrait désormais intervenir après le couronnement du monarque prévu le 6 mai prochain. Si la France avance l’été, une source britannique, proche du palais royal, fait déjà savoir que « l’agenda de Sa Majesté est déjà bien chargé » même si « le roi Charles III attend de revenir avec impatience en France, une fois une date trouvée »

Copyright@Frederic de Natal

Date de dernière mise à jour : 25/03/2023

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