Le pays de Galles demeure fidèle à la monarchie britannique
Le pays de Galles demeure fidèle à la monarchie britannique
Désormais détenu par le prince William, le titre de prince de Galles est un des symboles de la monarchie britannique. Selon un récent sondage, les Gallois demeurent majoritairement fidèles à l’institution royale. Pourtant, le fossé entre les générations se creuse et le soutien aux Windsor s’érode progressivement, menaçant l'institution royale à long terme.
Éclaté en plusieurs royaumes indépendants, c’est au cours du XIe siècle qu'une partie du pays de Galles décide de s’unir afin de former une entité indépendante. En 1282, le roi Édouard Ier d'Angleterre (1272-1307) annexe le pays de Galles qu’il transforme en vaste principauté au bénéfice de son fils aîné. Le but avoué étant de calmer les ardeurs belliqueuses des nouveaux conquis. La principauté sera finalement abolie en 1536 et remplacée par le simple titre de Prince de Galles que porteront dès lors tous les héritiers de la couronne britannique. C’est le prince William qui est actuellement détenteur de cette prestigieuse titulature depuis la montée sur le trône du roi Charles III en septembre 2022.
La monarchie confortée sur ses bases, mais demeure fragile
Avec la montée des velléités indépendantistes dans tout le royaume et le Commonwealth, le roi Charles III doit faire face à son plus grand défi. Maintenir l’unité de la monarchie afin qu’elle reste pérenne. Le pays de Galles n’échappe pas à ce phénomène. Si le monarque conserve un large soutien des Gallois, de sombres nuages planent cependant au-dessus des Windsor. Un conflit générationnel qui pourrait éroder progressivement l’institution si le roi Charles III s’avère incapable de rassembler autour de lui. Réalisé entre le 17 et le 23 février 2023, un sondage YouGOv/ WalesOnline conforte cette idée à la veille du prochain couronnement prévu le 6 mai de cette année. Si demain, un référendum devait avoir lieu dans cette partie du Royaume-Uni, 28% des Gallois affirment qu’ils souhaiteraient abolir la monarchie contre près du double (52%) qui confirment leur attachement à la monarchie. 9% s’abstiendraient et 11% restant encore indécis.
Le fossé se creuse entre les générations
Des chiffres de bon augure qui se fracturent dès lors que la question du vote par âge est abordée. « Bien que la monarchie soit encore relativement populaire au Pays de Galles, c’est loin de faire consensus concernant son futur proche. L'institution est beaucoup moins populaire chez les jeunes que chez les personnes âgées, une tendance qui suggère qu’elle est menacée à long terme » explique Sir John Curtice, professeur de politique à l'Université de Strathclyde. La génération Z est celle qui souhaite le plus la fin de la monarchie avec 28%. Un chiffre très proche des 20% d’indécis et qui tranche singulièrement avec celui de leurs aînés qui ont connu le règne de la reine Elizabeth II. 43% des 25-49 ans souhaitent son maintien comme 69% des plus de 65 ans. Un écart qui s’explique principalement par le récent déballage public des affaires de la « Firme », le surnom de la maison Windsor. « Quand je pense à mes grands-parents, l'ancienne génération, il y a une sorte de thème commun de l'institutionnalisme britannique, qui, je dirais, doit au fait de la Seconde Guerre mondiale et toute la propagande monarchiste qui entoure cette période » croit savoir Gwion Rhisiart, 18 ans, anti-monarchiste du Plaid Cymru et ancien élu du Parlement des jeunes gallois.
Des partis politiques à l’image du Royaume-Uni sur la question monarchique
Du côté politique, on est tout aussi divisé sur le devenir de l’institution monarchique que le reste du Royaume-Uni. Si le soutien est sans appel chez les Conservateurs (89%), c’est une faible majorité chez les Travaillistes gallois (51%) et tout juste chez les électeurs du Plaid Cymru (50%). « Comme nous pouvions nous y attendre, les partisans de Plaid Cymru sont un peu plus susceptibles de vouloir abolir que de conserver la monarchie. Cela aide à expliquer pourquoi le soutien au maintien de la monarchie est plutôt inférieur aux 60% enregistrés dans le sondage YouGov à l'échelle britannique » affirme Sir John Curtice. « Nous constatons, en particulier dans tout le Commonwealth, une montée du républicanisme. La Barbade est devenue une république, l'Australie s'y dirige, nous pouvons voir davantage de tendances vers la démocratie. Avoir une monarchie est exactement le contraire de ce que devrait être une démocratie » renchérit de son côté Gwion Rhisiart.
Ils souhaitent l’indépendance du pays de Galles
Entre 18 et 22% des Gallois souhaitent l’indépendance aujourd’hui. Lorsqu’il est devenu roi, Charles III s’est rendu dans la région afin de s’adresser aux élus du Parlement gallois. Une visite qui n’a pas suscité un grand enthousiasme malgré son discours en gallois. Des critiques se sont même élevées pour dénoncer la trop rapide attribution du titre de prince de Galles à son fils aîné. Une pétition a recueilli des dizaines de milliers de signatures lui demandant de ne pas se servir de ce titre. BenGwalchmai, fondateur de Labour for an Independent Wales, s’agace des nombreux articles qui paraissent autour du prochain couronnement qu’il entend boycotter. « Quand nous voyons nos villages, nos villes qui perdent leur âme, quand nous voyons nos communautés perdre la langue galloise, perdre des jeunes qui partent d’ici parce qu'ils ne peuvent pas trouver de travail ou survivre, alors que nous voyons tous les jours notre prince vivre la grande vie, avoir plusieurs maisons, des hélicoptères quand il le souhaite, on ne peut que penser que quelque chose ne va pas » se plaint cet indépendantiste. « Nous devons nous souvenir de tout ce que le gouvernement britannique a fait au Pays de Galles, Churchill envoyant des soldats pour tirer sur des manifestants, Margaret Thatcher nous affamant et détruisant notre industrie, toutes ces personnes qui ne sont pas nos princes ou qui n’entendent pas nous diriger de manière juste et démocratique » pointe-t-il du doigt.
Que sont devenus les descendants de la maison princière de Galles ?
Roi de Gwyneddn, Llywelyn ap Gruffydd profite des ennuis du roi Henri III avec ses Barons pour se proclamer Prince de Galles en juin 1258. Il va réussir à se faire reconnaître finalement par la couronne anglaise, mais devenir rapidement très impopulaire auprès des autres monarques gallois qui ne supportent plus sa politique expansionniste. Des dissensions ne vont pas tarder à éclater avec Londres. Des révoltes affaiblissent son pouvoir et pour ne pas perdre la face, il se sent obligé de prendre la tête de la rébellion. Il meurt, piégé lors d’une embuscade, en 1282. La monarchie anglaise n’aura aucune pitié pour les membres de sa famille. Leur trésor ramené ou fondu dans la capitale, tous sont emmenés en captivité. Un lointain cousin, Madog ap Llywelyn, se souleve contre les Anglais et se proclame à son tour prince de Galles entre 1294 et 1295 avant d’être à son tour capturé et enfermé à la tour de Londres jusqu’à la fin de ses jours, 17 ans plus tard. Le petit-neveu de Llywelyn, le prince Owain Lawgoch, renoua avec les armes, s’allie avec la France et se fait proclamer prince de Galles à son tour en 1372. Un règne de cinq ans qui s’achèvera par une trahison, poignardé à mort par un Écossais au service du gouvernement anglais. C’est avec lui que la lignée royale et princière directe s’éteint.
Aujourd’hui, il existe encore des descendants de la maison d’origine à travers d’autres branches comme celle de Mathrafal où ses membres ont épousé eux de la maison royale d’Angleterre. Aucun d’entre eux n’a jamais réclamé la couronne princière de Galles.