L’ Ecosse, à l’heure de la question monarchique

La couronne d'EcosseJusqu’ici refusé par le gouvernement britannique de Boris Johnson en dépit de la récente victoire du Scottish National Party (SNP) aux dernières élections législatives, la Première ministre Nicola Sturgeon continue de faire campagne pour un second référendum sur l’indépendance de l’Ecosse. Reçue ces dernières heures par la reine Elizabeth II au palais de Holyrood House à Edimbourg, Nicola Sturgeon a questionné ouvertement la pertinence du rôle joué par les Windsor dans cette partie du Royaume-Uni. Pourtant selon un récent sondage, la « Queen » demeure toujours très populaire dans les Highlands et pour une majorité d’écossais, la proclamation éventuelle de l’indépendance ne mettrait pas pour autant fin à l’institution royale. 

Nicola Sturgeon et la Reine Elizabeth II/PALa reine Elizabeth II n’a jamais caché son affection pour l’Ecosse, un pays qui possède tous ses traits de caractère. Venue avec son petit-fils, William de Cambridge, elle a pris ses quartiers au palais de Holyrood House. Une visite officielle qui ressemble à une véritable opération de séduction lancée en Ecosse par le gouvernement britannique qui s’inquiète (comme s’agace) des demandes de la Première ministre Nicola Sturgeon. Présidente du Scottish National Party (SNP), la dirigeante écossaise a été confortablement réélue à son poste aux dernières élections législatives avec 40% des voix, raflant la majorité des sièges au parlement. Un succès qui lui permet de faire pression sur Boris Johnson, son alter-égo britannique, afin que ce dernier autorise la mise en place d’un second référendum sur la question de l’indépendance aux résultats toujours aussi incertains. Sempiternels rebelles à la couronne, les écossais ne semblent pourtant pas enclins à vouloir se défaire des Windsor en cas de séparation avec le reste du Royaume-Uni. 

timbre en Ecosse avec le portrait de la reinePublié par le Sunday Times et réalisé par Panelbase, le sondage est sans appel. En cas d’indépendance, 47% des écossais souhaiteraient que la reine Elizabeth II conserve son titre de Reine d’Ecosse contre 35% qui préféraient que le chef de l’état soit élu au suffrage universel et  18% qui demeurent indécis. Des chiffres qui confortent la popularité de la souveraine, toujours perçue comme ferment d’unité par les descendants des jacobites, ces ancien partisans de la dynastie Stuart chassée définitivement de son trône en 1688 par une révolution, et qui confirment qu’en dépit des croyances, il persiste encore un sentiment monarchiste au sein du SNP. Selon un expert de la famille royale, Richard Fitzwilliams, ce sondage est « très révélateur et malgré  l’impopularité de Boris Johnson et du Brexit sur place, la famille royale demeure un puissant symbole d’union nationale ». Pas de quoi faire sourire Nicola Sturgeon qui a été reçue hier par la reine Elizabeth II au palais de Holyrood House. Une rencontre «  qui a beaucoup amusé Sa Majesté » peut-on lire dans les titres de la presse britannique mais peu la Première ministre écossaise qui « encourage le débat sur la question de la pertinence de la monarchie ». 

Alex SalmondDepuis l’affaire Epstein qui a frappé directement les Windsor en son sein, avec un prince Andrew d’York accusé d’abus sexuels dans la riche demeure de ce défunt magnat, Nicola Sturgeon a déclaré que ce scandale «  continuait de soulever un certain nombre de questions » et « qu’elle pensait qu’il devait y avoir un débat sur l'avenir à plus long terme de la monarchie ». Des remarques qui ont heurté les royalistes du SNP et fait resurgir des discussions au sein du parti indépendantiste divisé sur ce sujet. Déjà en 2014, la monarchie avait été au centre des interrogations alors que la campagne pour l’indépendance battait son plein et le Premier ministre écossais Alex Salmond avait fini par y mettre fin en déclarant qu’il entendait «  en cas de victoire conserver la reine en tant que chef de l'État, en tant que reine d'une Écosse indépendante, comme l'étaient ses ancêtres ». Un porte-parole du SNP a immédiatement démenti les propos de sa dirigeante, rappelant que « la politique du SNP était de conserver la monarchie dans une Ecosse indépendante ». 

Retrait du drapeau écossais de l'Union Jack. Dessin d’Arcadio paru dans la Prensa Libre, Costa RicaPour autant, Nicola Sturgeon est-elle une républicaine convaincue ? Elle entretient le mystère sur ses propres convictions. En 2015, elle a dû reconnaître le «  good job de la Queen ». « Tout au long de son règne – soutenue à tout moment par le duc d'Édimbourg – elle a exercé ses fonctions avec dévouement, sagesse et un sens exemplaire du service public. L'accueil qu'elle a reçu aujourd'hui démontre que l'admiration et l'affection restent présents ici en Écosse » avait alors déclaré la Première ministre lors de la visite royale. Et bien  qu’elle reste persuadée que « l'avenir de l'Écosse  devrait toujours être l'affaire du peuple écossais » et que l'Écosse « a le droit de choisir son propre avenir », Nicola Sturgeon préfère rester très prudente sur le futur régime à mettre en place en cas de victoire. Un référendum qui donne toujours le « oui » perdant puisque d’après divers sondages, les indépendantistes n’obtiendraient que 47% face aux 53% des écossais qui préfèrent rester ancrés au Royaume-Uni. Et même si on retrouve l’idée républicaine largement répandue dans les milieux de gauche (comme chez les verts qui ont critiqué le principe d’hérédité qui prévaut encore dans le pays), tous plébiscitent encore le maintien d’une Ecosse libre au sein du Commonwealth dont Elizabeth II, ce « soft power »,  est la première chef d’état. Interrogée sur cette question, Elizabeth II a simpement répondu « qu'elle serait fière de rester la reine des écossais ».

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Date de dernière mise à jour : 30/06/2021

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