Elizabeth II - sondage sur la monarchie britannique

C’est dans l’incertitude que les britanniques vont se rendre  le 12 décembre prochain aux urnes afin de renouveler leur confiance au premier ministre conservateur Boris Johnson ou l’accorder au double leader Travailliste-républicain Jeremy Corbyn.  Le sujet monarchique s’est récemment invité dans la campagne dont les résultats vont également déterminer le futur du « Brexit », cette sortie du Royaume-Uni de l’Europe.  A l’heure où la reine Elizabeth II entame les dernières années de son règne,  quelle place la monarchie conserve–t-elle dans le cœur des sujets de « The Queen ». Le site d’actualité de centre-droit « Unherd » a lancé une grande enquête sur ceux qui plébiscitent encore la monarchie et ceux qui rêvent de transformer le Royaume-Uni en république.

 

60 1« [La monarchie] nécessiterait qu’elle soit réformée » a lancé publiquement et à la télévision Jeremy Corbyn, il y a deux jours. « La monarchie est irréprochable » lui a répondu tout aussi directement Boris Johnson que les sondages donnent gagnant avec une confortable avance. 20 points de différence entre les Conservateurs et les Travaillistes. L’affaire Epstein, du nom de ce milliardaire américain à la tête d’un gros réseau international de prostitution, est le dernier scandale qui touche en plein cœur les Windsor. Accusé d’avoir participé à des parties fines organisées par Jeffrey Epstein, le prince Andrew, duc d’York et fils cadet d’Elizabeth II a été contraint de se retirer de « la vie publique ». 2019,  une  nouvelle« Annus horribilis » pour la souveraine ? La monarchie est-elle menacée d’implosion ?  Au regard des différents sondages qui se sont succédés entre deux crises et deux mariages royaux, 7 britanniques sur 10 continuent de soutenir le principe monarchique comme étant le seul régime viable pour la Grande-Bretagne. Soit 70% des anglais, parmi lesquels on trouve 57% de soutien affiché chez les 18-24 ans , 62% (moyenne) sur les 25-44 ans et  73% (moyenne) chez les 45 ans et plus.* Exit donc l’idée républicaine qui ne séduit que 13% de la population

 

La perspective de l’arrivée au pouvoir du travailliste Jeremy Corbyn ne réjouit guère les monarchistes qui craignent une division du royaume et la remise en cause d’un système, vieux de plus d’un milliers d’années. Et qui a fait ses preuves.  L’ombre du Lord–Protecteur Olivier Cromwell plane encore sur le trône des Windsor. Une famille pourtant loin d’avoir perdue sa tête, eu égard au roi Charles Ier qu’un coup de hache en 1649 fit passer de vie à trépas, provoquant l’instauration d’une république incarnée par son fondateur. Une fois celui-ci ad patres, on a eu tôt fait de restaurer les Stuart sur leur trône.  632 circonscriptions britanniques ont été cartographiées par le site « Unherd » et les résultats ont confirmé l’attachement des britanniques à la monarchie dans leurs grande majorité mais aussi les vieilles rancunes qui persistent entre écossais et anglais. Et si un second référendum se profile sur l’indépendance sur l’Ecosse, l’issue ne devrait pas être différente celui-ci mis en place en 2016, qui a confirmé l’union des deux royaumes sous une seule couronne. Ici aussi, les derniers sondages donnent le non à l’indépendance gagnant avec 51% face à 40% de oui. Bien que l’Ecosse ait largement voté contre le Brexit, elle n’entend pas se jeter dans la gueule du loup européen aussi aisément.  D’ailleurs Elizabeth II fait consensus. A peine 23% des écossais souhaitent que la souveraine ne soit plus chef de l’état en cas d’indépendance contre 41% qui crient «God save the Queen ». (2018) Il en va de même au pays de Galles où ils sont 49% et en Irlande du Nord avec 52% à soutenir la monarchie.

 

61A titre de comparaison, pas sûr que le président de la république française puisse se targuer d’un tel soutien à l’heure actuelle alors que les deux pays, que juste le Channel sépare, traversent la même crise identitaire. Et une montée des populismes dans les urnes. Voir des communautarismes quand ce n’est pas des lobbys en tout genre qui entendent tout remettre en question au nom de leurs intérêts personnels et idéologiques.  Arbitre naturel et au-dessus des partis, la reine Elizabeth II est apparue rapidement et au plus fort de la crise du Brexit comme le rempart ultime aux divisions politiques. Certains députés la pressant de s’affirmer en se drapant des regalias de sa monarchie. 92% de britanniques plébiscitent d’ailleurs toujours celle qui est montée sur le trône de Victoria, en 1952. Et qu’elle a dépassé en longévité de règne. Face aux 63% de français qui jugent son action déplorable (novembre 2019), la république Française du président Emmanuel Macron fait pâle figure. « Il manque un roi à la France « avait déclaré en 2015, celui qui était encore ministre de l’Economie. Les chiffres Outre-manche parlent d’eux-mêmes.

62 2On est cependant loin d’une monarchie parlementaire toute «pink candy ». Au cours de l’enquête divers clivages politiques et sociaux se sont confirmés.  Une moyenne de 25% des sondés avouent volontiers qu’ils ne souhaiteraient pas forcément voir la famille royale continuer à assumer un rôle (de premier plan) après le décès de la reine Elizabeth II. Un chiffre qui s’explique soit par une paupérisation dans certains quartiers des villes concernées soit à la personnalité du député de circonscription ayant des positions anti-monarchiques. Ainsi dans celle de Brighton, dans le Sussex dont le prince Henry de Galles est le duc par la grâce de sa royale grand-mère,  ils sont 29% à rejeter la monarchie. Caroline Lucas, élue écologiste, est une républicaine confirmée qui ne fait pas mystère de sa volonté d’abolir la monarchie. En 2014, elle avait appelé clairement à l’écriture d’une nouvelle constitution où la monarchie n’aurait pas sa place. Il en va de même pour la première afro-britannique élué à la chambre des Communes, Diane Julie Abbott, députée travailliste du  Hackney North and Stoke Newington. Ici 27% des habitants se prononcent contre la monarchie. Ou encore à Edimbourg : 31% des écossais ne veulent pas entendre de monarchie à contrario des 37% de royalistes affirmés dans cette même capitale renommée. On n’est pas loin ici de reproduire les  guerres entre Cavaliers et Têtes rondes ou celles qui ont jeté Hanovriens contre Jacobites.

Le vote populaire en faveur de la monarchie dépend ici  avant tout de sa condition sociale même si les britanniques restent attachés aux traditions, coutumes et à l’Union Jack. Plus globalement, l’adhésion au principe monarchique en Angleterre, est supérieure de 11 points à celui d’Ecosse et de 5 points à celui du pays de Galles. Moins de la moitié de l'Écosse affiche cependant un soutien actif à la monarchie – du certainement au sentiment nationaliste et séparatiste ambiant. 53% des circonscriptions sondées, affirment soutenir pleinement le prochain monarque à venir. La monarchie a donc encore de beaux jours devant elle. Reste à savoir quel nom de règne prendra le prince de Galles lors de sa montée sur le trône. Charles III ou Georges VII ? Mais cela l’enquête ne nous l’indique pas.  

 

Frederic de Natal

Paru le 22/11/2019

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