C’est encore une nouvelle accusation de racisme qui frappe Buckingham Palace. Dans son édition du 2 juin, le quotidien « The Guardian » a mis en ligne des documents officiels datant la première décennie de règne d’Elizabeth II jusqu'à la fin des années 1970, laissant entendre que la famille royale a été exemptée des lois anti-discrimination en vigueur dans le royaume. Des révélations qui font échos aux propos de l’actrice afro-américaine Meghan Markle, duchesse de Sussex, qui a récemment affirmée lors d’une interview surréaliste accordée à Oprah Winfrey, que des propos xénophobes avaient été tenus (au moins) par un Windsor pour la naissance de son premier enfant, fruit des ses amours avec le prince Harry. Des documents ressortis des caves de l’Histoire qui fragilisent encore un peu plus l'aura de la monarchie britannique contrainte de réagir immédiatement afin de circonscrire cet incendie anachronique.
A la tête du Royaume-Uni et du Commonwealth (qui regroupe pas moins de 50 état), la fin de règne de la reine Elizabeth II est décidément bien agitée. Entre critique et admiration, le quotidien « The Guardian », qui ne verse pas dans le monarchisme à tout va, a mis en ligne dans son édition du 2 juin, une série de documents tapés à la machine, particulièrement controversés. Alors que la loi interdisait toute discrimination à l’embauche, raciale ou sexuelle, les différentes pages que l’on peut consulter en lecture libre montre que la famille royale des Windsor aurait été exemptée de telles obligations. A l’heure où le mouvement Black Lives Matter (« La vie des noirs compte) reste encore actif et que la monarchie peine à se remettre des allégations de racisme proférée par Meghan Markle, duchesse de Sussex, à l'encontre des Windsor, ces révélations viennent un peu plus fragiliser l'image de l‘institution royale déjà écornée par de nombreux scandales.
Jusqu’à quel point Elizabeth II était-elle au courant des méthodes de recrutement au sein du palais royal ? Les documents, découverts aux Archives nationales et estampillés du fameux « Queen Consent », ont mis en lumière la manière dont Buckingham Palace avait négocié avec le gouvernement britannique des clauses interdisant à des minorités ethniques l‘obtention de postes administratifs au sein du palais royal. Preuve en est de la note en 1968 du directeur financier de la reine qui avait informé les fonctionnaires qu'«il n'était pas d'usage de nommer des immigrés de couleur ou des étrangers » à de tels postes au sein de la maison royale et que ceux-ci étaient réservés à « des hommes blancs, issu des classes sociales supérieures ou aristocratiques ». Et bien que certaines aient été néanmoins autorisés à y travailler comme domestiques, ils ne pouvaient porter plainte pour discrimination devant les tribunaux compétents. « Ils étaient particulièrement préoccupés par le fait que si la loi de l’époque s'appliquait au personnel de la reine, elle permettrait pour la première fois de traîner la maison royale devant les instances juridiques » écrit dans une note confidentielle, rédigée en février 1968, un fonctionnaire du ministère de l'Intérieur, TG Weiler, après une réunion avec Lord Tryon, Secrétaire attaché aux dépenses royales.
« Un contournement de la loi qui aurait duré quatre décennies avant que ces règles ne soient finalement abrogées » pointe du doigt « The Guardian » , contraignant Buckingham Palace à réagir face à ces nouvelles accusations. Dans un communiqué, le palais royal a volontiers reconnu que la monarchie avait été exemptée des lois anti-discrimination mais a affirmé qu'elle avait toujours disposé de règles internes censées pouvoir régler des litiges liés à l’inégalité raciale. Sans préciser pour autant en quoi de consistait ce processus. Interrogé par le magazine « Newsweek », un porte-parole du palais a précisé par e-mail que « les affirmations basées sur un récit de seconde main de conversations datant d'il y a plus de 50 ans ne doivent pas être utilisées pour tirer ou déduire des conclusions sur des événements ou des opérations actuels», confirmant l’embarras de l'institution royale tout en posant la question de recontextualisation des faits historiques liés à la famille royale d'Angleterre. « Le Queen Consent (…) est établi depuis longtemps et largement connu. La Maison royale et la souveraine se conforment aux dispositions de la loi sur l'égalité [votée en 2010-ndlr], en principe et en pratique. Cela se reflète dans les politiques, procédures et pratiques de diversité, d'inclusion et de dignité au travail au sein de la maison royale. Toute plainte qui pourrait être soulevée en vertu de la loi suit un processus formel qui fournit un moyen d'entendre et de remédier à ladite plainte » a tenu à rappeler ce porte-parole des Windsor.
En mars dernier, le prince William de Cambridge, second héritier au trône d’Angleterre, avait démenti que « la famille royale était raciste » et rappelé lui-même son engagement personnel contre toutes formes de discriminations. D'ailleurs, Buckingham Palace a fait savoir dernièrement qu'il avait formé un cabinet d'experts chargés de régler les questions relatives aux problèmes de diversité. Les « chiens aboient mais la caravane passe » dit l'adage.
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