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La Couronne roumaine, vigie morale au cœur des fractures européennes.

Lors de la réception annuelle du Corps diplomatique au Palais Royal de Bucarest,Sa Majesté la princesse Margareta, Gardienne de la Couronne de Roumanie, a livré un discours d’une rare densité politique. Entre défense de la démocratie, fermeté face aux ingérences étrangères et soutien assumé à l’Ukraine, la Couronne roumaine entend s'affirmer comme une vigie morale au cœur des fractures européennes.

Le lundi 15 décembre 2025, au Palais Elisabeth, Sa Majesté Margareta,  Gardienne de la Couronne de Roumanie, a offert la soirée annuelle dédiée au Corps diplomatique accrédité dans le pays, entourée de Son Altesse Royale le Prince Radu et de Leurs Altesses Royales les Princesses Elena, Sofia et Maria. Devant les représentants du gouvernement, les chefs de missions diplomatiques et les autorités civiles et militaires, la cérémonie a commencé par l’Hymne Royal interprété par l’Orchestre représentatif du Ministère de la Défense Nationale, avant de s’achever par un dîner officiel.

Cette tradition, instaurée au XIXᵉ siècle par le roi Carol Iᵉʳ et relancée après la chute du communisme (1989), illustre la place singulière de la famille royale roumaine — non comme une institution politique, mais comme un acteur moral et diplomatique essentiel dans le débat public national et européen.

La princesse Margareta et son époux ©Daniel Angelescu și ©Alexandra Curea-Gogu, Casa Majestății Sale

Un appel solennel pour une diplomatie renouvelée

Dans un discours aussi politique que réfléchi, Sa Majesté la princesse Margareta a d’abord souligné l’importance de la présence humaine dans la diplomatie : « Certains affirment qu’à l’ère des communications électroniques instantanées… les missions diplomatiques ne sont plus nécessaires… Nous ne partageons pas cette vision simpliste. En réalité, à l’ère de la vidéo et des fausses informations, les contacts personnels que vous établissez entre les nations n’ont jamais été aussi essentiels. ».  Cette mise en garde, à la fois contre le déclin des représentations diplomatiques classiques et contre les fake news, s’inscrit dans une vision stratégique  : « les relations interpersonnelles entre États restent le rempart le plus fiable contre les tentations d’isolement et de désinformation », rappelle t-elle.

Elle a également rendu hommage au rôle de la foi et des valeurs communes :« La foi demeure le guide moral… même à une époque où le cynisme est de mise, une foi inébranlable en l’humanité reste indispensable. ». La fille du roi Michel Ier n’a pas occulté les tensions internes et externes auxquelles le pays et le continent sont confrontés. La princesse Margareta a rappelé que 2025 avait été une année d’épreuves : « …nos institutions démocratiques demeurent solides… mais le processus électoral roumain a servi d’avertissement à tout un continent quant à l’ampleur du danger que représentent l’ingérence étrangère… » .

Une référence explicite à la manipulation informationnelle et aux stratégies d’influence, souvent attribuées à des acteurs extérieurs hostiles

Cette année, la Roumanie (comme la Moldavie) a renouvelé ses élus à la tête de l’État et du parlement (2025 ). Des élections entachées de fraudes tant d’un côté comme de l’autre avec une ingérence avérée de Bruxelles et de Moscou dans le processus électoral. Chacun entendant placer ses pions, le pays s’est retrouvé au cœur de fortes manipulations politiques liées au conflit russo-ukrainien.

La princesse Margareta et son époux ©Daniel Angelescu și ©Alexandra Curea-Gogu, Casa Majestății Sale

Position ferme vis-à-vis de la Russie et soutien à l’Ukraine

Ce fut sans doute la partie la plus politique du discours : la princesse Margareta a évoqué la guerre en Ukraine comme un élément structurant de la sécurité européenne : « L’invasion de l’Ukraine par la Russie se poursuit… Je suis fier que mon pays soit resté ferme dans son soutien à l’Ukraine et ait accru son aide militaire et humanitaire. ».  Cette déclaration s’inscrit dans une lignée constante de positionnement : la Gardienne de la Couronne a en effet publiquement et plus d'une fois mis en garde contre les dangers de la politique russe pour la stabilité européenne, appelant à une unité renforcée de l’Europe et de l’OTAN face aux agressions modernes.

Elle a aussi souligné que :« Les sacrifices des dernières années seront probablement suivis de sacrifices encore plus grands dans les années à venir… la reconstruction de l’Ukraine sera une tâche immense… », alors qu’un plan de paix largement dessiné par les États-Unis, largement favorable à la Russie (notamment sur ses conquêtes), est en cours de négociation et pourrait signer l'échec de Bruxelles à s'imposer face au géant russe.  Par ces mots, la princesse Margareta ne se contente pas d’exprimer une solidarité morale : elle insiste sur la responsabilité collective européenne et transatlantique dans la sécurité future du continent, qu'il reste à construire comme le sentiment européen en perte de vitesse avec la montée des populismes. 

Le banquet diplomatique ©Daniel Angelescu și ©Alexandra Curea-Gogu, Casa Majestății Sale

Margareta de Roumanie : une Gardienne de la Couronne engagée

La princesse Margareta, née le 26 mars 1949 à Lausanne, est la fille aînée du roi Michel Iᵉʳ et de la reine Anne, née princesse de Bourbon-Parme. Elle a été désignée héritière au trône en 1997 et elle assume la charge de Gardienne de la Couronne depuis 2017, conservant ce titre même après la disparition du trône en tant que pouvoir politique. 35% des Roumains souhaitent le retour de la monarchie. Assez pour peser sur le débat nationale en dépit de difficultés dynastiques. 

Diplômée en sciences politiques et en droit international, elle s’est consacrée à la Roumanie dès la fin des années 1980. Elle dirige notamment la Fondation Royale Margareta de Roumanie, acteur majeur dans les domaines humanitaires et sociaux, a joué un rôle de premier plan dans la mobilisation de l’aide envers les réfugiés ukrainiens à la frontière roumaine. Elle est reconnue pour son engagement pro-européen et pro-OTAN, plaidant pour un renforcement des alliances face aux défis stratégiques.

En conclusion de son discours, elle a adressé un message résolument tourné vers l’avenir : « Nous continuerons à faire ce que nous avons toujours fait : maintenir notre confiance nationale et renforcer la position internationale de la Roumanie… ».Un message qui résonne comme une déclaration d’espoir et de détermination à une époque marquée par l’incertitude, rappelant que face aux tensions,« c’est bien la diplomatie, la solidarité et la résistance morale qui porteront l’Europe vers la paix et la prospérité ».

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Date de dernière mise à jour : 23/12/2025