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Les monarchistes portugais seront-ils de retour au gouvernement ?

Le Portugal est marqué par une diversité d'idéologies et de partis, chacun contribuant à façonner le cours de son histoire politique. Parmi ces mouvements, se trouve le Partido Popular Monárquico (PPM), un acteur significatif incarnant les idéaux monarchistes dans la sphère politique portugaise. Ils pourraient faire leur retour dans le prochain gouvernement de coalition qui a remporté les élections.

Le Partido Popular Monárquico (Parti Populaire monarchique/PPM) a été fondé peu de temps après la Révolution des Œillets qui a renversé le régime autoritaire d'António de Oliveira Salazar (1974). Dès sa création, le PPM s'est rapidement distingué en tant que parti défenseur de la monarchie constitutionnelle, prônant son retour  au Portugal. Une institution abolie en octobre 1910 (exil du roi Manuel II), brièvement restaurée en 1919 dans le nord du pays. Son retour a été évoqué et espéré à divers reprises sous le régime de L'État nouveau.  Le parti a connu des périodes de présence remarquable sur la scène politique locale, notamment entre 1979 et 1983 où il a été membre d'un gouvernement de coalition avec pas moins de trois ministères. Il a aussi du faire face fait face à des périodes de relégation, perdant toute représentation à l’aube des années 1990 et quelques crises internes. Au fil des années, le PPM a oscillé entre des alliances avec d'autres partis politiques et des périodes d'indépendance politique. Il a souvent été un allié de choix pour les partis de centre-droit au Portugal, opérant un retour à droite après un long passage à gauche. 

Des résultats électoraux qui fluctuent

Les résultats électoraux du Partido Popular Monárquico ont fluctué au fil des élections, reflétant les changements dans le paysage politique portugais ainsi que l'évolution des préoccupations et des priorités des électeurs. Bien que le PPM n'ait pas atteint le même niveau de succès que certains de ses principaux partis politiques du Portugal, il a maintenu une présence significative dans le débat politique. Aux élections législatives, le PPM a rarement obtenu suffisamment de sièges pour jouer un rôle décisif au Parlement. Cependant, son influence réelle peut être observée à travers les soutiens à d'autres partis politiques,  lui permettant de jouer les joker au sein de coalitions gouvernementales. En ce qui concerne les élections locales, le PPM a toujours réussi à remporter des sièges dans les conseils municipaux, des postes de maires, en particulier dans les régions où le sentiment monarchiste reste encore prononcé. Cela a permis au parti de participer activement à la gouvernance locale dans certaines régions du Portugal et faire voter certaines de ses propositions de loi.

Paulo Estevao, député, ancien président du PPM

Des alliances tactiques sur le plan local et national 

Le Partido Popular Monárquico continue toutefois d'être un acteur pertinent, bien que sa présence ne soit pas aussi prédominante que celle des principaux partis politiques. Son engagement en faveur de la monarchie constitutionnelle et ses positions conservatrices sur des questions telles que la culture et la tradition lui valent le soutien d'une partie de la population portugaise. Pour la dernière élection législative qui s’est déroulée le 4 mars 2024, sur fond de scandales de corruption qui ont touché le gouvernement le PPM a signé un accord de coalition avec l’Alliance Démocratique, formée avec le Parti social-démocrate (PPD/PSD), le CDS – Parti populaire (CDS-PP). Si les résultats définitifs ne seront connus que le 20 mars, le PPM n’a pas réellement performé aux dernières élections législatives ni marqué les Portugais par une campagne active, un site au minimum de présentation requise. Selon toute vraisemblance, ses résultats personnels ne devraient pas excéder les 1% et aucun siège au Parlement (potentiellement un seul  pourrait lui être octroyé). Toutefois, il se maintient aux Açores au Parlement régional avec deux élus et avec une nomination phare, celle de son ancien président, Paulo Jorge Abraços Estêvão (qui a été député de 2008 à 2024), au poste Secrétaire régional aux Affaires parlementaires et aux Communautés dans le nouveau gouvernement autonome tout juste formé.

Les monarchistes de  retour au gouvernement ? 

L'article 187 de la Constitution de la République portugaise explique que " le Premier ministre est nommé par le Président de la République, après consultation des partis représentés à l'Assemblée de la République et compte tenu des résultats électoraux"Gonçalo Maria Pacheco da Câmara Pereira, actuel dirigeant du PPM, doit rencontrer le futur Premier ministre Luís Montenegro afin de discuter de l'entrée des monarchistes au sein du gouvernement. Potentiellement, il pourrait obtenir un ou deux maroquins avec une marge de manœuvre très délicate, d'autant qu'ils n'ont pas reçu de soutien officiel de Dom Duarte de Bragance, prétendant au trône du Portugal (les relations entre ce Capétien et le mouvement ont été régulièrement en dents de scie). Le leader du PPM a expliqué qu'il ne voyait pas d'inconvénients à ce que des pourparlers soient entamés avec le parti d'extrême-droite Chega (autre grand gagnant de ce scrutin qui s'est déroulé le 4 mars) afin de former une large coalition de gouvernement. Chega d'André Ventura, et le PPM ont été des alliés électoraux lors des élections européennes de 2019. " Je pense que le pays avait besoin de stabilité, le pays, je pense, est un peu à la dérive, sans objectifs ni buts. (…) Par conséquent, je pense que ça ne ferait pas de mal, parfois, de faire un pas en arrière pour faire deux pas en avant", a déclaré le leader du parti monarchiste. " Je n'ai pas du tout peur d'une ouverture pour Chega . Ce qui ne fait aucun doute, c'est que le peuple portugais lui a donné 40 députés, cela ne doit pas être sous-estimé", a ajouté Gonçalo Maria Pacheco da Câmara Pereira, ancien député municipal de l’Assemblée de Lisbonne (2009-2013, à nouveau depuis 2021), au quotidien Observador.

Si le dépouillement des votes de la diaspora portugaise se poursuit, selon le décompte officiel, l'Alliance démocratique (AD), qui regroupe  le PSD,  le CDS et  le PPM, avec 29,49%, a remporté 79 députés à l'Assemblée de la République, aux législatives de dimanche, contre 77 pour le PS (28,66%), suivi par Chega qui a obtenu 48 députés élus (18,06%).  Le Partido Popular Monárquico devrait présenter une liste aux prochaines élections européennes prévues en juin prochain. 

Copyright@Frederic de Natal

Date de dernière mise à jour : 14/03/2024

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