Dom Duarte de Bragance, sa famille et le trône du Portugal

Dom Duarte de BraganceA la veille des élections présidentielles marquées par une forte abstention, une poussée de l’extrême-droite et la réélection pour un nouveau mandat du président (conservateur modéré) Marcelo Rebelo de Sousa, le prétendant au trône du Portugal a accordé une interview à la télévision portugaise. C’est en compagnie de son épouse que Dom Duarte-Pio de Bragance a répondu aux questions des deux journalistes de l’émission matinale de TVI, « Dois às 10 », l’occasion pour ses compatriotes durement touchés par la crise de Covid-19 de redécouvrir leur Maison royale qui cousine avec tout le Gotha européen.

Le duc de Bragance et ses 3 enfants« Nous avons des parents qui nous ont élevés pour servir le Portugal. (...) Mon grand héros reste mon père. Je dis souvent que si j'arrive à un dixième de ce que mon père a fait dans sa vie, ce sera un vrai succès ».  Tout sourire et facétieux, l’Infant Dinis ( 22 ans)  ne cache pas sa fierté en évoquant la figure de Dom Duarte-Pio de Bragance et d’Isabel de Heredia, ses parents  Invitée par  l’émission «Dois às 10 », c’est toute la Maison royale de Bragance qui a eu l’occasion de s’exprimer à la télévision portugaise. Un événement largement suivi par les portugais à la veille de l’élection présidentielle qui a vu la réélection du président Marcelo Rebelo de Sousa. Dom Duarte-Pio aurait pu être le roi du Portugal si l’histoire n’en avait pas décidé autrement en  1910.

L’idée monarchique n’a jamais disparu de ce pays qui regarde toujours avec autant d’admiration et de curiosité les Bragance, une dynastie qui a régné trois siècles sur un pays qui lui doit sa liberté.  Longtemps célibataire, Dom Duarte-Pio a fini par épouser Isabel le 13 mai 1995. Un mariage qui a été retransmis sur les antennes de toutes les chaînes de télévision et où ont défilé toutes les personnalités de la République et du Gotha dans la cathédrale de Lisbonne. Le prince a du s’y prendre à deux fois pour qu’Isabel de Heredia accepte de lui donner sa main.  « À l'époque, j'hésitais un peu et Duarte pensait que si je ne voulais pas donner suite, il n y’avait pas de raisons qu’il se marie avec moi. Finalement, c’est moi qui a été frustrée car c’est  Duarte qui avait l'air de me dire non » explique la duchesse de Bragance à Cláudio Ramos et Maria Botelho Moniz, un brin amusée. « J'ai hésité car il allait y avoir des changements dans ma vie. Ce n'était pas aussi difficile que je le pensais, mais à l'époque, cela m'effrayait un peu ». Puis j’ai réfléchi et finalement j’ai dit : oui » poursuit Isabel de Heredia. Ironie de l’histoire, elle descend en ligne direct d’un des conspirateurs de 1908 qui a participé à l’attentat qui coûta la vie au roi Dom Carlos et son fils Luis-Felipe. Un régicide qui a précipité la chute des Bragance.

Dom Duarte et son épouse durant l'émissionDom Duarte de Bragance (75 ans) est issu de la branche migueliste des Bragance qui a occupé le trône brièvement de 1828 à 1834 avant d’être exilée. En 1922, les deux branches rivales se sont réconciliées et à la mort du roi Dom Manuel II, c’est le père de Dom Duarte qui a récupéré l’héritage des rois explorateurs. Il a des devoirs et entend rester neutre. Il refuse de voter lors des élections parlementaires et présidentielles, il s’en s’explique : « Je pense que je dois être le seul Portugais à ne pas voter. En votant, cela signifie que je prends parti pour l'un des candidats. J'ai toujours insisté sur le fait que dans ma position, je devais rester neutre et il en devrait être de même pour le président de la république ». « Le seul vote auquel je prends part est celui des élections locales » précise Dom Duarte qui accorde une grande importance à la politique de proximité. Principal mouvement monarchiste avec trois élus parlementaires, le Partido Popular Monárquico (PPM) a appelé aux reports des élections à cause de la pandémie de coronavirus qui secoue le Portugal. Une demande qui n’a pas été entendue. Pour autant, Dom Duarte a exhorté ses compatriote à se déplacer pour aller voter « Ne pas voter, c'est laisser d'autres choisir à votre place, est cela que nous voulons réellement ? ». Avec 60% d’abstention, l’élection a été quasiment un échec et a permis à l’extrême–droite d’André Ventura de réaliser un score de 11%. Le PPM, qui n’entretient aucune relation particulière avec le prétendant qui lui préfère l’association « Cause Royale », a bien songé se présenter mais a finalement retiré sa candidature, ne donnant aucune consigne de vote.  Il est vrai que le parti s’est compromis aux dernières élections européennes avec Ventura, lequel n’a pas les faveurs du prétendant au trône, plus proche des idées socialistes et écologistes.

Quant à la succession  au trône, elle est bien assurée : «J'ai hérité de l'humour de mon père et de la persévérance de ma mère» déclare le prince Afonso, 25 ans, le fils aîné de Dom Duarte qui fait l’unanimité chez les monarchistes. Et les portugais  « J’ai étudié les Sciences politiques et les relations internationales. (...) Je me suis beaucoup investi dans des causes humanitaires et même été volontaire chez les pompiers. J’ai déjà effectué des stages  au sein de l'état-major des forces armées, la Marine et l'armée de l'air » explique à son tour le prince de Beira qui participe à toutes les festivités monarchistes aux côtés de son père. Dernièrement, il a été photographié, distribuant des masques de protection aux divers hôpitaux de la capitale. Une suite logique pour Dom Afonso qui a longuement souligné durant l’émission « l’importance qui a été donnée à sa formation de prince héritier » au service du Portugal. Selon un récent sondage, 29% des portugais souhaiteraient la restauration de la monarchie constitutionnelle.

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Date de dernière mise à jour : 26/01/2021

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