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Le Partido Popular Monárquico, un mouvement royaliste en crise

Mouvement monarchiste, le Partido Popular Monárquico est un nom bien connu de la politique portugaise. Il fait aujourd'hui face à des tensions internes, avec en fond de toile des résultats électoraux en demi-teinte et un leadership contesté.

Le Partido Popular Monárquico ( Parti Populaire monarchiste/PPM) a été créé au lendemain de la Révolution des Œillets, un mouvement militaire qui a mis fin à la dictature de l'Estado Novo et ouvert la voie à la démocratie au Portugal (1974). Les fondateurs du PPM, dont Gonçalo Pereira Ribeiro Telles (1922-2020), convaincus qu'un einstitution royale pouvait offrir une alternative démocratique et stable, ont cherché à réintroduire la monarchie, abolie en 1910 au cours d’une autre révolution, brièvement restaurée en 1919, comme forme de gouvernement. Le parti a rapidement gagné en notoriété en participant aux premières élections démocratiques de l'ère post-Salazar (du nom du dictateur qui a dirigé le pays entre 1938 et 1968 ). Un renouveau qui lui a permis d'entrer au gouvernement de coalition de Gauche  et d'avoir des élus comme des ministres (1979 à 1983) .

Le PPM en 1974

Le PPM, de la gloire ...,

Proche du prétendant au trône, Dom Duarte-Pio de Bragance, le PPM a fini par perdre son aura au niveau national, maintenant avec difficultés sa présence au sein des conseils municipaux et parlements locaux. Ses multiples crises internes (dont une scission retentissante en 1993 avec son aile la plus écologiste) ont fini par entamer tout le crédit que les monarchistes possédaient auprès des Portugais. Le duc de Bragance a fini par rompre le peu de relations qu’il entretenait avec le mouvement pour créer sa propre association « Causa Real » (Cause royale). Sous la présidence de Nuno da Câmara Pereira (2005-2010), le Partido Popular Monárquico est même allé reconnaître la branche de Loulé, cadette de la maison royale, comme la seule légitime au trône, avant d’être repris en main par Paulo Estêvão, député des Açores (2008-27,) actuel Secrétaire régional aux Affaires parlementaires et aux Communautés. Depuis 2017, le PPM est dirigé par Gonçalo Maria Pacheco da Câmara Pereira, un chanteur de Fado reconnu et conseiller municipal de Lisbonne (2009-2013 et 2021-2025). Sous sa direction, le mouvement monarchiste a pris dès lors un virage à droite, flirtant même un temps avec le parti d’extrême-droite Chega. Lors des dernières élections législatives, le PPM s’est allié à l’Alliance Démocratique qui remporté le scrutin sans obtenir pour autant de députés au Parlement national ni même de ministres.

 

 

A la chute...,

Une présidence désormais attaquée par les militants qui semblent exiger le départ de Gonçalo Maria Pacheco da Câmara Pereira. Le PPM s’est réuni en avril 2024 en congrès et les débats ont été houleux. Bien que non-présent à cette réunion, le conseiller municipal royaliste de Braga, Pedro Borges de Macedo, s’est fendu d’une lettre à la direction du parti, l'accusant d'agir « comme s'il s'agissait d'un Parti communiste ». « Quand nous célébrons les 50 ans du 25 avril, quand nous célébrons les 50 ans du Parti Monarchiste Populaire, nous voyons une direction qui veut se perpétuer au sein du PPM, qui ne peut pas accepter l'opposition interne, et encore moins vivre avec », a dénoncé l’élu royaliste. Des militants qui ont également accusé de Gonçalo Maria Pacheco da Câmara Pereira d’avoir sciemment choisi ce lieu pour ne pas avoir à subir les critiques d’un parti qui a réuni tout juste une trentaine de personnes pour ce congrès préparé à la hâte.  « Un leader autiste, pathétique et anti-démocratique » peut-on lire sur les réseaux sociaux monarchistes. Vice-présidente du parti, Aline Gallasch-Hall de Beuvink a présenté sa démission et s’en est expliquée, furieuse. « Ce parti se comporte de manière dictatoriale et antidémocratique. Je ne vais même pas parler de manière misogyne et copinage, mais surtout de la manière antidémocratique dont le congrès a été organisé », a déclaré Aline Gallasch-Hall de Beuvink, accusant la direction du PPM d'intégrer « des traîtres à la démocratie et à l'idéal monarchique ».

Les Jeunesses monarchiques @facebook/DR

Un leadership contesté et accusée de ne pas se remettre en cause

L'ensemble de la direction du mouvement Jeunesse Monarchique (JM) , dirigé par Hugo Varanda Duarte , a également annoncé son retrait du PPM Pour le jeune leader, qui a eu une certaine visibilité lorsqu'il s'est présenté, comme indépendant, à la mairie de Beato (un district de Lisbonne), aux élections locales de 2021, « un manque de communication et d'explications sur les décisions qui sont prises,  s'est installé  dans le PPM et qui sont ensuite présentés comme inévitables ou tenus pour acquis ». « Obliger les dirigeants du PPM à se déplacer dans un endroit aussi éloigné pour discuter du parti ne permet pas l'existence d'un débat démocratique », conclut-il, en assurant que les critiques adressées au leader du parti ne s'étendent pas au « député régional du PPM en des Açores, Paulo Estêvão, au président du conseil national, João Travassos, ou à Zuraida Noronha, secrétaire générale du PPM », regrettant que Câmara Pereira « ne communique plus avec personne ».

Avec des résultats nationaux qui peinent à décoller (ne dépassant pas les 5%), une crise dont le Partido Popular Monárquico va avoir du mal à se remettre si le mouvement royaliste ne se décide pas à changer de leadership et à le rajeunir afin d’être plus conforme aux exigences des partisans de Dom Duarte-Pio de Bragance qui ne s’est néanmoins pas exprimé sur le sujet, loin de ces querelles politiques.

Copyright@Frederic de Natal

Date de dernière mise à jour : 02/07/2024

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