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Le cadeau de Noël de Republiek au roi Willem-Alexander

C’est le cadeau de Noël du mouvement anti-monarchiste « Republiek » au roi Willem-Alexander. Il a déposé une plainte devant un tribunal de la Haye afin que soit mis fin à tout rôle officiel du monarque au sein du système judiciaire néerlandais, y compris la prestation de serment des juges et l'affichage du portrait du roi dans les salles d'audience. Une affaire qui intervient au moment où la cote de popularité de la monarchie batave est au plus bas dans les sondages.  

C’est un mouvement dont le nom parle de lui-même : Républiek . Son but est d'abolir la monarchie, exiler le souverain et mettre à sa place un président élu au suffrage universel. Fondé il y a deux décennies par l’ancien député socialiste (2005-2012) Ewout Irrgang, et actuellement présidé par Floris Müller, le parti s’est surtout fait connaître en organisant une manifestation de protestation lors du mariage du roi (alors prince héritier) Willem-Alexander et de Máxima Zorreguieta Cerrut en 2002. Grâce aux médias, les républicains peuvent s’exprimer  dans le royaume en toute liberté sans craindre d’être accusés de crime de lèse-majesté (la loi a été définitivement abolie en 2018). Lors de leur congrès 2021, ils ont voté à l’unanimité une motion visant « à libérer la princesse héritière Catharina-Amelia de sa cage dorée ». Pour ces fêtes de fin d’année,  le 14 décembre 2022, ils ont décidé de porter un nouveau coup à l’institution royale en portant plainte contre le roi Willem-Alexander dans un tribunal de la Haye. 

Le roi Willem-Alexander.Photo@koninklijk huis

Réduire les pouvoirs du roi, un objectif pour Republiek

Selon les Républicains, il est temps d’éliminer tout rôle officiel du monarque dans le système judiciaire néerlandais, y compris la prestation de serment des juges et l'affichage du portrait du roi dans les salles d'audience. La plainte a même été déposée symboliquement le jour où le monarque assistait à la prestation de serment de deux juges de la Cour suprême néerlandaise. Le mouvement affirme que le fils de la reine Beatrix viole l'article 6 de la Convention européenne des droits de l'homme (CEDH), un traité de 1953 protégeant les droits politiques et civils des Européens, qui garantit le droit à un procès équitable. « Il n'est pas normal que le roi soit autant mentionné dans la justice néerlandaise » (soit 18 fois) a déclaré Ewout Jansen, aux journalistes invités à assister à une conférence de presse. Il n’a pas hésité à faire un parallèle douteux en rappelant qu’après la Seconde Guerre mondiale, la reine Juliana (1909-2004) était directement intervenue dans les décisions des tribunaux afin de commuer en prison à vie, les peines de mort des Néerlandais reconnus coupables de collaboration durant l’occupation nazie. 

La famille royale des Pays-Bas. Photo@ koninklijk huis

Une monarchie en perte de vitesse dans les sondages

La demande du mouvement n'est pas anodine. Republiek profite du mécontentement général à l’encontre de la monarchie pour tenter de la déstabiliser. En filigrane de la colère populaire, l’attitude de la famille royale lors de la pandémie de covid-19 qui avait enfreint les règles de distanciation sociales imposées à leurs sujets alors qu’ils étaient en vacances en Grèce en 2020. Un second voyage la même année avait provoqué l’irritation des Néerlandais et contraint le couple royal à rentrer dans leurs pays manu militari et présenter des excuses publiques. Ils ne sont plus que 56% à souhaiter conserver la monarchie selon un sondage daté d’avril 2021. Une chute de 20 points si l'on compare au précédent réalisé deux ans auparavant. « Vous voyez plus de gens critiquer la maison royale et moins de gens soutenir la monarchie » a affirmé Floris Müller, lors de la conférence de presse. Pourtant, les Néerlandais souhaitent-ils une république ? Selon le même sondage, ils sont 36% à soutenir cette idée. 

Le mouvement tient pourtant à rassurer les Néerlandais. Il ne s’agit pas de retirer tous ses pouvoirs au roi Willem-Alexander, bien qu’il fasse campagne actuellement sur ce thème, mais d’assurer au pays une séparation stricte des pouvoirs et « d’empêcher une lecture subjective de la loi par le souverain ». La décision du tribunal de la Haye est attendue pour le mois de mars.

Copyright@Frederic de Natal

Date de dernière mise à jour : 23/12/2022

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