« Le roi se confie »

Un livre autobiographique« C’est une chance pour l’avenir de la Norvège que le prince héritier Haakon soit bientôt à sa tête ». A peine sorti de l’hôpital après une opération du cœur, toujours en rémission, le roi Harald V de Norvège s’est lancé dans la promotion d’un livre autobiographique, « Le roi se confie » (Kongen Forteller), qui sonne comme son ultime testament aux norvégiens. Entre deux souvenirs, il évoque avec optimisme l’avenir de la couronne et les relations avec son fils,  le prince Haakon-Magnus,  nommé régent du royaume. Une sortie littéraire, prévue cet automne, dont voici quelques extraits choisis. Exclusif.

« Il est devenu un ami et un collègue. Il me demande parfois des conseils et j’en reçois de sa part quelques fois. Notre relation est devenue de plus en plus étroite au fur et à mesure des années. C'est un gars qui est sage ». C’est le regard que pose un père sur son fils. Le roi Harald V est âgé de 83 ans. Ses problèmes de santé se sont accrus au fur et à mesure des dernières années. Rien qui ne saurait inquiéter le souverain norvégien qui a préparé son fils, Haakon-Magnus, pour son futur rôle de monarque. Nommé régent le 3 octobre dernier, ce dernier a ouvert la nouvelle session parlementaire. Un événement inédit qui a été remarqué dans un pays qui plébiscite son institution monarchique à plus de 80 % .

« Tout se passera bien avec lui le moment venu. Cela me rassure de voir cela. Je pense que mon père [Olav V, roi de à 1991] était plus inquiet pour moi au même âge. C’est une chance pour l’avenir de la Norvège que le prince héritier Haakon soit bientôt à sa tête. Il a toujours été prêt de moi, depuis le début de mon règne. Il pourra prendre ce qu’il souhaiterait de celui-ci et changer ce qu’il voudra quand je ne serais plus de ce monde » poursuit le souverain qui se prépare à l’inéluctable. Il s’est confié à Harald Stanghelle, un journaliste qui est actuellement spécialiste politique dans le plus grand quotidien du pays, « Aftenposten ». Onze entretiens qui ont eu lieu avec Harald V, réalisés au palais royal et dans la ferme royale de Bygdøy. «Le roi n'a pas reçu les questions à l'avance, ni ne les a demandées. Il a été très ouvert et patient. Avec une certaine dose d'humour, il a répondu à mes questions. Plusieurs fois, les réponses du roi m'ont même surpris, je dois le reconnaître » précise Harald Stanghelle.

La famille royale de norvegeSon métier de roi, il le fait avec passion et dévouement même s'il se décrit lui-même comme «paresseux et pessimiste de nature» et qu'il aurait souhaité être « enseignant s'il n'avait pas été l'héritier au trône ». Il évoque le discours qu'il a du prononcer le 22 juillet 2011 peu de temps après les attentats d’Oslo et Utoya. «  Il y avait une atmosphère très particulière à l'Oslo Spektrum ce jour-là. Les gens se sont levés et partout j'entendais des pleurs. Cela a été difficile de retenir mes larmes. Et je n'y suis pas parvenu. Je n'en étais pas fier. Ce n'était pas mon intention. Les sentiments, l'émotion sont montés. C'est l'atmosphère entière de l'Oslo Spektrum qui a tout déclenché. Plusieurs milliers de personnes. Et juste un deuil immense. Mais je n'étais pas fier de monter sur scène et de verser des larmes. J'étais un peu gêné. J'étais censé être fort, moi le roi »raconte Harald V.

Couronne de norvegeIl cousine avec toutes les maisons royales d’Europe et conserve un sacré sens de la plaisanterie d'après ses proches. Il regarde avec admiration sa famille, peut-être plus sa petite–fille Maud Angelica Behn dont le père, l’écrivain Ari Behn, l’ancien mari de la princesse Martha, s’est suicidé le 25 septembre 2019. « C'était fort d'entendre son discours. Je ne l'avais pas lu avant mais je savais qu'elle allait en lire une. Elle a prononcé ses adieux auprès d'un petit cercle, réunis autour du cercueil de son père. C'était un discours fort. J'étais fier d'elle. Je n'aurais pas pu faire ça » avoue le petit-fils du roi Haakon VII, fondateur de la maison royale de Norvège, pays devenue indépendant en 1905 après s’être séparé de la Suède. Le souverain regarde le passé. Il a lui-même perdu sa mère alors qu’il n’avait que 17 ans. En avril 1954, la princesse Märtha de Suède, très populaire parmi les norvégiens, décède des suites d’un long combat contre le cancer.

Le roi évoque la pandémie de covid-19, comment cette maladie l’a affecté, lui et sa famille, ses craintes. « J’ai remarqué ce désir de vouloir faire des câlins à ceux que j’aimais. Mais nous n'avions pas non plus le droit de le faire. J'ai moi-même été mis en confinement uniquement dès lors qu’il y a eu un risque de contamination même si je n’ai pas eu vraiment peur. Néanmoins, on ne sait jamais ce qui peyt vous arriver. Je ne suis naturellement pas quelqu'un qui se promène comme ça et qui a peur de ce qui pourrait arriver. C'est toujours une période difficile et je fais partie du groupe à risque, j’en suis conscient » explique Harald V. Un livre autobiographique qui nous plonge dans le vie de ce souverain et qui sera accessible dès octobre en Norvège, plus tard dans le reste de l’Europe le temps de sa traduction. En attendant, il le réaffirme, tant qu’il lui restera un souffle de vie, il restera le roi de Norvège et continuera à assumer ses devoirs. Pour son peuple, pour le Kongeriket Norge, comme le précise la devise du pays. 

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Date de dernière mise à jour : 21/10/2020

Commentaires

  • Alain monier
    • 1. Alain monier Le 01/11/2020
    un vrai monarque constitutionnel comme on les aime Monier

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