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L' affaire Marius Borg Høiby, une catastrophe pour la monarchie norvégienne

Le fils aîné de la princesse héritière Mette-Marit est inculpé pour agressions et mauvais traitements sur ses anciennes compagnes. Une tempête judiciaire et médiatique sans précédent s’abat sur la famille royale de Norvège.

Le 18 août 2025, l’inculpation de Marius Borg Høiby, fils aîné de la princesse héritière Mette-Marit, marque un tournant dans l’histoire de la monarchie norvégienne. Accusé de quatre viols et de trente-deux autres infractions (16 plaintes ont été déposées), dont des actes récurrents de violence et réalisation de vidéos pornographiques sans consentement, le jeune homme de 28 ans encourt jusqu’à dix ans de prison. Le procureur général, Sturla Henriksbø, a insisté sur la gravité des faits, rappelant qu’ils « peuvent détruire des vies » et que l’accusé devait être jugé comme tout citoyen.

Si Marius Borg Høiby, tatouages sur le corps, bagues et boucles d’oreille, addicte à la cocaïnesuivi par 75 0000 personnes sur les réseaux sociaux,  n’a jamais porté de titre officiel ni assumé de rôle institutionnel (son passeport diplomatique lui a été retiré récemment et il n’apparait plus sur le site de la famille royale), son lien de filiation avec la future reine place de facto l’affaire sur un terrain hautement sensible : celui de la crédibilité et de l’autorité morale de l’institution monarchique.

 

 

Une affaire qui s’internationalise

Dès l’annonce de l’inculpation, l’affaire a pris une dimension nationale et internationale. La presse norvégienne a fait de ce scandale ses principales manchettes, déplorant l’image donnée à la monarchie par le beau-fils du prince héritier Haakon qui est déjà passé par la case prison en novembre 2024 pour ces mêmes faits. De l’Allemagne au Royaume-Uni, des États-Unis à l’Asie, les médias se sont emparés également de cette information, y voyant bien plus qu’un simple dossier judiciaire : un test pour la monarchie norvégienne. Le procès prévu pour janvier 2026 sera observé à travers le prisme de la responsabilité des élites et de la transparence des institutions. Comme le souligne l’expert Johan T. Lindwall, « c’est un jour sombre pour la famille royale norvégienne, une véritable catastrophe », et ce d’autant plus que le nom de la dynastie est associé, malgré elle, à une affaire de violences systémiques.

Dans un contexte où les monarchies européennes sont régulièrement questionnées sur leur rôle et leur utilité par leurs détracteurs, cette affaire offre un terrain fertile aux critiques institutionnelles et met la Norvège face à une crise d’image durable. En septembre 2024, selon une enquête du Dagsavisen révélait que 35% des Norvégiens souhaitaient l’abolition de la monarchie. Une montée spectaculaire comparée aux autres années où ce chiffre stagnaient autour de 20%. Pis, certains députés n’hésitent plus aujourd’hui à déposer des textes réclamant que la fin de l’institution royale. Jusqu’ici, elles ont toute échoué.

 

 

Un défi politique pour la maison royale

Au-delà du drame familial, c’est l’équilibre même de la monarchie qui se trouve fragilisé. La réaction du prince héritier Haakon, réduite à un laconique « les tribunaux décideront», traduit une volonté de se tenir à distance du scandale mais illustre aussi la difficulté d’incarner une autorité morale en période de crise. Le silence prolongé de Mette-Marit, affaiblie par des problèmes de santé, interprété comme une erreur stratégique par les spécialistes, accentue cette impression de vacillement. En arrière-plan, le roi Harald V (dont l’état de santé est très fragile à  88 ans) et la reine Sonja, figures de stabilité, voient leur héritage symbolique menacé par ricochet.

La procédure sera longue. « Si Høiby est reconnu coupable de tous les chefs d'accusation, la peine sera sévère », explique Kjetil Kolsrud, juriste et rédacteur chez Rett24, « il est peu probable qu'il soit acquitté de tous les faits, car il a reconnu certains faits. Mais le tribunal examinera, entre autres, les viols dits « endormis », étaient-ils consentis ou non ? Un film constituera une preuve essentielle », ajoute-t-il,. L'expert jurdique indique que le trublion de la monarchie pourrait être envoyé en prison, laissant la royauté norvégienne dans une position très compliquée avec des conséquences à court terme pour la famille royale.

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Date de dernière mise à jour : 20/08/2025