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Albert II, un soft-power à la Grimaldi

Après deux décennies de règne, le prince Albert II suscite l'unanimité de tous. Engagé sur tous les fronts, l'époux de Charlène Wittstock a su insuffler un soft-power à la Grimaldi à son Rocher.

Le 19  juillet 2025, le Rocher vibrera au rythme d’une fête peu commune : le prince Albert II, 67 ans, célèbrera ses vingt ans de règne lors d’une soirée symbolique sur la place du Palais, aux côtés de ses concitoyens. En Principauté, la tradition veut pourtant que l’on attende le quart de siècle pour marquer un jubilé princier. Mais qu’importe : Albert II a choisi de célébrer ses deux décennies au pouvoir.

Et à Monaco, ce n’est pas un détail : ici, le prince règne, mais dirige aussi. Dans cette enclave de deux kilomètres carrés, chaque projet, chaque mètre carré gagné sur la mer, chaque prise de position pèse bien au-delà de son territoire.

Sept siècles d’une dynastie indomptable

La maison Grimaldi figure parmi les plus anciennes dynasties régnantes d’Europe encore en place. Son histoire débute en 1297, lorsque François Grimaldi, surnommé Malizia (le rusé), se déguise en moine franciscain pour tromper les gardes génois et s’emparer par ruse de la forteresse de Monaco. Depuis cet épisode fondateur, les Grimaldi ont sans cesse dû défendre leur souveraineté face aux ambitions rivales : la République de Gênes, le Royaume de France (qui reconnaît son indépendance au XVIe siècle), l’Espagne, la Savoie, puis le Royaume de Sardaigne. À la faveur de traités successifs, dont celui de Péronne en 1641 qui place la principauté sous protectorat français tout en garantissant son autonomie, la famille Grimaldi a consolidé son trône et n’hésite pas à s’installer à Versailles à la cour du roi Louis XIV.

La principauté va alors mêler son destin à celui de la France, connaître les affres de la Révolution française (elle est années au département des Alpes-Maritimes, la princesse Caroline Grimaldi est guillotinée), perd des territoires en 1815. Mais, c’est sous le règne de Charles III (1819-1889) que la principauté va prendre son essor. La naissance de Monte-Carlo, agrémenté d’un casino, va faire la fortune du Rocher qui attire toute la bonne société européenne sur ses côtés. Albert Ier (1848-1922) passera plus de temps sur la mer, à explorer tous les océans, passionné par le monde de Poséidon, qu’à gouverner la principauté qui manque d’avoir sa révolution. En 1911, le souverain accepte de donner une constitution (qui a fait du catholicisme une religion d’État)  à sa principauté à deux doigts d’avoir un monarque allemand, le duc d’Urach, durant la Première guerre mondiale.

Rainier III (1923-2005) apporte la touche glamour au Rocher par son mariage, Grace Kelly, star américaine de cinéma. Dès lors, la vie des Grimaldi ne va cesser de s’étaler dans les magazines de papier glacé avides de savoir tout ce qui se passe dans les alcôves du palais princier. Le prince s’occupe de faire prospérer Monaco comme un véritable chef d’entreprise. Le Rocher se développe et s’agrandit, donnant l’image d’une Manhattan sur Côte d’Azur. Les fortunes du monde entier s’y prélassent dans une atmosphère de dolce Vita à la grande joie des monégasques qui profitent de cette manne financière.

L’histoire de cette maison a parfois été mouvementée : trahisons, exils, intrigues, mariages stratégiques, tragédies, tous les ingrédients d’un soap opéra réussi… mais comme toujours, les Grimaldi ont su s’adapter pour préserver l’essentiel : l’indépendance de Monaco et la continuité dynastique. Aujourd’hui encore, la devise de la famille, Deo Juvante (« Avec l’aide de Dieu »), résume cette résilience.

Un territoire minuscule, une influence démesurée

Ce minuscule État de la Côte d’Azur n’a pas toujours eu les contours qu’on lui connaît. Au XVIIIe siècle, la Principauté s’étendait bien au-delà de ses 2 km² actuels. Menton et Roquebrune constituaient autrefois une part substantielle de son territoire et de ses revenus avant d’être attribués à la Sardaigne après le Congrès de Vienne ; Mais en 1861, ces deux villes furent cédées à la France, réduisant Monaco à une étroite bande côtière coincée entre mer et montagne. Ce qui aurait pu signer sa perte devint paradoxalement sa force.

Marquisat de Baux (titre attribué à son fils héritier), comté de Carladès (titre donné à sa fille) , fiefs dans la Manche, le prince Albert II continue d’entretenir des liens avec ces anciens territoires qui ont échappé aux Grimaldi. Chaque année la dynastie organise les Rencontres des Sites historiques Grimaldi qui « rassemblent villes et communes, toutes fières de porter un héritage commun » et de promouvoir leur tourisme local.

Une famille soudée et consciente de ses devoirs

Au-delà de ses fonctions officielles, Albert II reste avant tout un homme de famille. Époux comblé, il a épousé le 1er juillet 2011, après une relation discrète mais scrutée, Charlène Wittstock, ancienne nageuse sud-africaine devenue princesse de Monaco. Leur mariage, célébré en grande pompe au Palais princier et salué par la planète entière, a ravivé l’aura glamour associée aux Grimaldi depuis l’époque de Grace Kelly. De leur union sont nés, le 10 décembre 2014, les jumeaux Jacques et Gabriella, partageant avec lui une éducation soigneusement orchestrée entre tradition et modernité.

« Monseigneur, Albert, tu sais que je serai toujours auprès de toi, avec tous les Monégasques. Nous sommes à tes côtés pour protéger de tout notre cœur, Monaco et son avenir, sous ton leadership. Nous t'aimons, nous te soutenons et nous te remercions d'être là pour nous tous », a récemment déclaré la princesse Charlène lors du 76Gala de la Croix rouge.  Un couple qui a su faire aux vicissitudes de la vie. Ils élèvent leurs enfants dans la conscience de leurs devoirs sans déjà leur  faire peser la charge qui sera la leur dans quelques années. « Le moment venu, Jacques aura à tracer aussi son propre chemin », assure Albert II qui souhaite lui transmettre la principauté « ni tout à fait la même, ni tout à fait une autre.».

Albert II reste également très proche de ses sœurs, la princesse Caroline de Hanovre et la princesse Stéphanie de Monaco, figures populaires qui perpétuent chacune à leur manière l’esprit indépendant et parfois frondeur des Grimaldi. Ensemble, ils forment une famille unie malgré les drames qui ont jalonné leur histoire, à commencer par la disparition tragique de la princesse Grace en 1982, des scandales et des affaires qui secouent parfois le Rocher. Fidèle à la mémoire de sa mère, Albert II veille à maintenir l’équilibre entre le faste princier, la philanthropie et l’image moderne de la Principauté.

Le règne d’Albert II, un soft-power à la Grimaldi

Depuis 2006, le prince Albert II de Monaco s’est imposé comme un acteur majeur de la défense de l’environnement grâce à sa fondation, qui finance des projets de lutte contre le changement climatique et pour la biodiversité dans plus de 80 pays. Protection des récifs coralliens, reforestation, recherche sur les énergies renouvelables et préservation de la Méditerranée figurent parmi ses priorités. Le prince a aussi renforcé l’héritage océanographique de Monaco : modernisation de son musée construit à flanc de falaise, lancement des Monaco Ocean Weeks et des Explorations de Monaco, dans la lignée de son aïeul Albert Ier.

De la Méditerranée à l’Arctique, cette monarchie incarne l’idée qu’un micro-État peut avoir une voix planétaire quand il s’agit de climat. Ce combat n’est pas qu’un discours de salon : Albert II s’est engagé à rendre la principauté neutre en carbone, à réduire de 55 % les émissions de CO₂ d’ici 2030 par rapport à 1990. Une ambition qu’on aimerait voir copiée par bien des États plus vastes et plus bruyants.

Mais Monaco n’est pas qu’une tribune verte : c’est aussi un laboratoire urbain. Pour garantir son avenir économique sans trahir ses engagements environnementaux, Albert II a supervisé l’un des projets les plus emblématiques : Mareterra. Gagner six hectares sur la mer — soit 3 % de territoire supplémentaire ! — tout en créant un écoquartier : à Monaco, l’innovation n’est jamais loin de la mer.  Et pour cause : sur ses 208 hectares actuels, chaque mètre carré compte.  Il a aussi renforcé l’attractivité de la Principauté en diversifiant son économie au-delà du tourisme et du jeu, en attirant entreprises technologiques et financières grâce au Monaco Economic Board, et en soutenant la transition numérique : généralisation de la 5G, projet Smart City, innovations pour mieux gérer l’énergie, les transports et la sécurité.

Si Monaco existe au-delà de ses frontières, c’est aussi grâce à son image soigneusement façonnée. F1, rallye, tournois : Albert II, membre du CIO depuis 1985, défend le sport comme vitrine diplomatique. Une autre passion pour le prince. Il a participé en tant qu'athlète monégasque à divers Jeux olympiques d'hiver ( ceux de 1988, 1992, 1994, 1998 et 2002) en bobsleigh, ainsi que pilote au rallye Paris-Dakar de 1985 et 1986. Même ambition côté culture : musées rénovés, Printemps des Arts, théâtre, patrimoine dynastique : le prince veille à ce que le prestige du Rocher ne se dilue jamais et brille continuellement sur la Méditerranée. Preuve s'il en est de la flamme olympique qui est passée en 2024 dans la principauté. 

Sur la scène internationale, Albert II mène une diplomatie active : il a resserré les liens de Monaco avec la France (il effectuera une visite officielle en 2026 dans l'Hexgone), l’Union européenne et les États-Unis, et signé avec eux des accords bilatéraux pour la coopération économique et scientifique. Ses interventions dans des sommets mondiaux ont contribué à moderniser l’image de la principauté, désormais reconnue pour son engagement scientifique, environnemental et innovant, loin de sa seule réputation stars et paillettes.Tradition équilibre tradition et modernité : grâce à ses actions, Monaco reste un micro-État prospère, responsable et prêt à relever les défis à venir.

Héritier de ce destin hors norme, le prince Albert II ne cesse d’insuffler un élan nouveau à Monaco. Sous son impulsion, la principauté poursuit sa mue.  Entre héritage dynastique et défis du XXIe siècle, Albert II de Monaco apparaît plus que jamais comme le garant d’une monarchie singulière : discrète mais influente, mondaine mais exemplaire, minuscule par ses frontières mais grande par ses ambitions.

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Date de dernière mise à jour : 18/07/2025