Monarchies et Dynasties du monde Le site de référence d’actualité sur les familles royales

Le Grand-Duc Guillaume prête serment : entre continuité et renouveau

Dans un discours à la fois sobre et inspiré, le Grand-duc Guillaume a inscrit son règne sous le double signe de la continuité dynastique et de l’ouverture vers la jeunesse, appelant à conjuguer héritage et modernité dans un monde en pleine mutation.

Sous les dorures feutrées de la Chambre des députés, le Luxembourg a vécu un moment d’histoire. Le 3 octobre 2025, le prince héritier Guillaume, 43 ans, a prêté serment comme nouveau Grand-duc, succédant à son père, Henri, après vingt-cinq années de règne.

Dans une atmosphère solennelle et empreinte d’émotion, les mots d’allégeance du quadragénaire – « Je jure d’observer la Constitution et les lois » – ont résonné comme un écho à une longue tradition dynastique, celle d’une monarchie constitutionnelle à la fois stable, humaine et résolument tournée vers l’avenir. L’événement, rare dans la vie politique du Grand-duché, s’inscrit dans une continuité institutionnelle que le Premier ministre Luc Frieden a saluée avec gravité : « En tant que symbole de la Nation, Vous êtes le garant de l’unité et de l’indépendance du Luxembourg. La force de la monarchie constitutionnelle réside précisément dans cette continuité et cette stabilité, indépendantes des contingences du quotidien politique. ».

Le Grand -duc Guillaume, la Grande- duchesse Stéphanie et le prince Charles @ A. Borighem

Le symbole d’une continuité

Cette passation de pouvoir, minutieusement préparée, incarne la solidité d’un modèle monarchique qui a su évoluer sans rompre avec ses racines. Le président de la Chambre des députés, s’adressant directement au nouveau souverain, a rappelé la dimension presque initiatique de cette succession : « Dès Votre plus jeune âge, Vous avez été préparé à Votre rôle de Grand-duc et de Chef d’État. Aujourd’hui, le moment est venu. Parce que c’est le bon moment. Parce que Vous êtes prêt. »

Dans un pays attaché à la discrétion et au sens du devoir, la formule résume l’essence même de cette monarchie européenne : une institution stable, au service du peuple, mais incarnée par des figures profondément humaines. Le président de la Chambre l’a souligné : « Vos ancêtres vous ont tracé ce chemin, mais il vous appartient de le façonner de manière à ce qu’il vous corresponde et soit adapté à notre époque moderne. ». 

Le couple grand ducal avec les souverains de Belgique et des Pays-Bas @FDN

Le Grand-duc Guillaume: un règne sous le signe de l’engagement

Dans son premier discours de chef d’État, le Grand-duc Guillaume (qui ne portera finalement pas de numération officielle) a voulu donner le ton d’un règne fondé sur la responsabilité et l’écoute. « Je promets de rester neutre politiquement. Je m'engage à toujours chercher des solutions pour notre pays et à régner avec engagement et dignité », a-t-il affirmé avec simplicité.

Mais derrière la solennité, c’est une vision résolument moderne qui s’est dessinée. Père de deux jeunes enfants, le nouveau souverain a placé la jeunesse au cœur de son propos : « Aujourd’hui, je voudrais m’adresser tout particulièrement à notre jeunesse. Nous sommes à l’aube d’une révolution technologique majeure, portée par l’intelligence artificielle. Elle transformera notre vie, notre environnement et même nos institutions démocratiques. » Conscient des bouleversements à venir, il a lancé un appel vibrant à la responsabilité collective et à la solidarité : « Dans un monde de plus en plus numérique, nous devons plus que jamais cultiver les liens humains. Car c’est dans le dialogue et le contact direct que naît la compréhension de l’autre et la véritable empathie. ». Dans un passage particulièrement remarqué, le nouveau souverain a exprimé son inquiétude face aux effets d’une société dominée par la technologie : « Les jeunes grandissent dans un monde où l'intelligence artificielle s’impose comme une évidence. Ils doivent apprendre non seulement à comprendre et à utiliser la technologie, mais aussi à porter sur elle un regard critique. »

Cette mise en garde, teintée d’humanisme, résonne comme un programme. Le nouveau souverain appelle à un engagement concret : « Il ne faut pas que cela lèse nos habilités à réfléchir de manière critique. C'est pourquoi je vous demande de vous engager socialement, que ce soit via des associations ou nos communautés. Notre démocratie a besoin de citoyens éclairés et créatifs, pour qui l'entraide va de soi. ». Un message fort, en phase avec une époque où la monarchie, pour rester vivante, doit être capable d’incarner les aspirations d’une génération connectée mais en quête de repères.

Monogramme du Grand- duc Guillaume @A Boringhem

L’hommage d’un fils et l’héritage d’une dynastie

Le moment le plus émouvant fut sans doute celui où le Grand-duc Guillaume s’est adressé à ses parents, présents au premier rang : « Je ne serais pas l’homme que je suis sans vous. Ma mère, la Grande-Duchesse Maria Teresa, a toujours été très engagée en faveur des plus vulnérables. Mon père, le Grand-duc Henri, a voué toute sa vie au service du pays. Depuis mon enfance, ils m’ont préparé à ce moment avec tout leur amour et leur compréhension. »

Il eut aussi une pensée pour son grand-père, le regretté Grand-duc Jean, figure tutélaire du Luxembourg contemporain, décédé en 2019 : « Il a énormément contribué à la cohésion sociale du pays, grâce à son engagement dans de nombreuses associations et à sa proximité avec les citoyens luxembourgeois. Ce sera mon honneur de continuer cet engagement. » Ces mots, empreints de gratitude et de filiation, rappellent combien la monarchie luxembourgeoise puise sa légitimité dans la continuité du service et la proximité avec le peuple.

En ce jour d’assermentation, c’est bien plus qu’un changement de règne qu’a célébré le Luxembourg. C’est la transmission d’un idéal : celui d’une monarchie apaisée, stable et ouverte aux défis du XXIᵉ siècle. Réunie aux abords du palais, les Luxembourgeois ont acclamé leur nouveau souverain et sa famille au balcon, accompagnés des souverains de Belgique et des Pays-Bas. Pays avec lesquel le Grand-duché forme une alliance commerciale et finacière forte : Le Bénélux.

Entre fidélité aux traditions et adaptation au monde moderne, le Grand-duc Guillaume incarne une génération princière européenne consciente de ses responsabilités. En plaçant la jeunesse, la technologie et le lien humain au centre de son discours, le nouveau monarque du Luxembourg a esquissé les contours d’un règne où l’héritage se conjugue avec l’espérance.

Copyright@Frederic de Natal

Date de dernière mise à jour : 04/10/2025