« Je n’ai pas l’intention d’abdiquer ! »

Le grand duc henri et son epouse photo cour grand ducale rtl« Il n'est pas possible de démissionner en temps de crise, ce n'est pas possible de faire cela. Ce serait comme rendre les armes». A l’occasion du vingtième anniversaire de son accession au trône de Luxembourg, le Grand-duc Henri de Nassau a accordé une interview au Luxemburger Worst. Il est revenu sur son bilan, son rôle, les réformes de la cour Grand-ducale malmenée ces derniers mois par diverses accusations et les rumeurs d’abdication, jugées blessantes par le couple princier.

Henri de Luxembourg est certainement, à 65 ans, le plus Capétien des Nassau. Dans son sang coule aussi celui de Louis  XIV par son grand-père, le prince Félix de Bourbon-Parme. Il cousine avec tout le Gotha et il règne sur une population de 626 000 habitants.  Il a un avenir radieux devant lui,-même si quelques nuages sont venus ternir le tableau d’une maison multicolore, plébiscitée par 9 luxembourgeois sur 20 selon  un récent sondage. Fidèle à lui-même, le prince est un homme discret qui entend œuvrer au bien commun de ses compatriotes. Pour ses 20 ans de règne, le quotidien Luxemburger Worst a publié un supplément de 24 pages et une longue interview du Grand-duc, tout sourire sur les photos. Une opération de communication savamment dosée et maîtrisée, mise en place par Yuriko Backes au sein du maréchalat de la Cour, chargé de nettoyer l’image des Nassau depuis la parution du rapport Waringo qui accusait son épouse de dépenses incontrôlées.

Le grand duc henri source cour grand ducale«Quand je vois comment la Grande-Duchesse remplit ses fonctions, avec ses nombreuses activités caritatives et mécènes, tout cela contribue incroyablement à l’image positive du pays». Honneur à la Grande-duchesse Maria-Teresa avec qui il a eu 5 enfants entre 1981 et 1992  mais qui a s quasiment disparue des pages officielles de la maison Grand-ducale autrement que pour des activités artistiques et caritatives. D’ailleurs la réforme en cours ne donne quasiment plus de représentation officielle à son épouse afin de mieux se mettre en conformité avec la constitution actuelle qui régit la monarchie. Pour Stéphane Bern, qui ne cache pas son affection personnelle envers la famille Grand-ducale, Henri de Nassau est un « homme féministe » avant–gardiste : « Je trouve formidable qu’un homme, dans une société luxembourgeoise très machiste, où les femmes n’ont pas de place dans l’organigramme quand elles sont « l’épouse de », marque l’importance que jouent les femmes dans la société, je trouve cela plutôt courageux» déclare le chroniqueur de l’émission « Secrets d’Histoire » et qui a montré son agacement lors de la parution du rapport Waringo.

Le grand duc henri photo guy wolffLa naissance du prince Charles, fils de l’héritier au trône Guillaume, a redonné un souffle à la monarchie, objet de rumeurs en tout genre et qui ont « été blessantes ». Notamment, celle qui évoquait une prochaine renonciation du Grand-duc en faveur de son aîné. A ce propos, le prince Henri a tenu a clarifier la situation. « La monarchie a besoin de stabilité. Je n’ai pas l’intention d’abdiquer » a tenu à faire savoir Henri de Nassau, connu pour se tenir à ses convictions personnelles et son exigence au travail. En 2008, il avait refusé de signer la loi sur l’euthanasie et l’assistance au suicide entraînant par la suite une diminution de ses prérogatives. « Il est au-dessus de la mêlée et c’est sa force » dit de lui, le journaliste belge Thomas de Bergeyck,  spécialiste des têtes couronnées sur RTL. Toutefois, Henri de Nassau concède que le Grand-duché a aussi son mouvement républicain qui tente depuis un siècle de mettre fin à la monarchie. La question avait été posée au lendemain de la première guerre mondiale, en 1919. 20% des luxembourgeois s’était prononcé pour la république. Le chiffre est sensiblement plus bas aujourd’hui. «Si la population perçoit le système comme dépassé, une nouvelle forme de gouvernement doit alors être décidée démocratiquement. Je ne suis pas du tout intéressé par la défense de la monarchie en toutes circonstances» déclare le Grand-duc qui comprendrait l’aspiration de ses sujets à vouloir remettre le système institutionnel en cause. De quoi faire frémir les plus ultras des monarchistes. «Il n'est pas possible de démissionner en temps de crise, ce n'est pas possible de faire cela, ce serait comme rendre les armes» rassure une nouvelle fois Henri de Nassau qui rappelle qu’il est astreint à un rôle de neutralité.

Le president emmanuel macron et le grand duc henri leurs epouses respectivesLe Grand-duc regarde ce monde «qui tourne de plus en plus vite», le développement des réseaux sociaux « qui ont leurs bons, mais aussi leurs mauvais côtés»  et marque son inquiétude face à la montée des « populismes et des radicalismes » qu’il abhorre. La préservation de l’environnement et le combat contre le racisme sont ses deux priorités actuelles. « J’entends œuvrer pour une coexistence harmonieuse»  déclare le Grand-duc Henri qui rappelle que le Luxembourg est marqué par « sa diversité sociale » et un pays  qui a « besoin des étrangers et des travailleurs frontaliers pour assurer sa croissance économique». En 2008, l’Union européenne avait brocardé le Grand-duché pour sa politique discriminatoire et d’exclusion sociale notamment envers les personnes d’origine africaine, contraignant le gouvernement de reconnaître « l’existence d’un certain nombre de défis à relever ».  En attendant, faisaint fi des attaques qu’il affronte au quotidien et restant digne en toutes circonstances, le Grand-duc fait rayonner son pays à l’étranger avec une certaine prédilection pour son voisin, la France. Tout en se faisant l’avocat de l’Europe dont il soutient la construction. Bon sang ne saurait mentir. Le Grand-duc Henri de Nassau regarde ces deux décennies,«impossible à résumer en une seule phrase», avec humilité mais toujours avec l’œil d’un jeune homme de 20 ans.

Copyright@Frederic de Natal

 

Date de dernière mise à jour : 09/10/2020

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