Il s’exprime peu depuis qu’il a laissé les rênes du pouvoir à son fils Aloïs qui occupe la régence depuis 2004. Souverain du Liechtenstein, Hans-Adam II a toujours le verbe aussi fort à 76 ans. A l’occasion de son anniversaire, ce dernier représentant régnant du Saint-Empire romain germanique a répondu aux nombreuses questions des journalistes. L’opportunité de revenir sur des sujets phares comme la pandémie, le vaccin anti covid-19 qu’il souhaite rendre obligatoire ou encore son rejet catégorique d'une loi en faveur de l’adoption d’enfants par des personnes de même sexe alors que la principauté vient tout juste de renouveler son parlement.
« Tous les grands défis ont été et sont maîtrisés ». Voici comment pourrait-on résumer les interviews auxquelles le prince Hans-Adam II du Liechtenstein s’est prêté pour son 76ème anniversaire. Né à Zurich, il est le fils du prince François Joseph II dont le nom rappelle les grands heures de l’empire autrichien défunt. Fidèle sujette de Vienne, cette principauté, dernier symbole d’une monarchie qui appartient désormais aux livres d’Histoire, a considérablement renforcé les pouvoirs de son souverain en 2003. Droit de véto, immunité totale, il peut nommer lui-même le gouvernement, le Liechtenstein fait figure de modèle pour une partie des monarchistes qui louent la puissance de son conservatisme, l’érigeant en véritable modèle de démocratie royale, de dictature moyen-âgeuse pour ses opposants qui estiment qu'elle est anachronique. Et même si il a laissé son fils, Aloïs, prendre la régence en 2004, Hans-Adam II conserve une aura et un verbe qui ne lui font pas défaut lorsqu’il s’agit d’évoquer la crise sanitaire ou des questions sociétales.
A commencer par le mariage pour tous et l’adoption d’enfants par des couples de même sexe. Au Liechtenstein, ces sujets crispent la famille princière. C’est en 2011 que cette monarchie héréditaire a fait sa révolution sexuelle en adoptant une loi autorisant « un partenariat civil pour les personnes de même sexe », équivalent du PACS, après qu’un référendum ait eu lieu sur ce sujet. Une victoire écrasante du oui avec 68% des voix qui a contraint le prince Aloïs a signé un décret en ce sens. Et depuis plus rien. Pourtant, les choses pourraient changer avec l’élection récente des Démocrates à la tête du gouvernement. Un résultat sur le fil du rasoir, à peine 23 votes d’écart, qui renvoie l’extrême-droite sur les bancs de l’opposition. C’est même inédit puisque selon toutes vraisemblances, pour la première fois de son histoire, la principauté devrait être dirigée par une femme, Sabine Monauni, ancienne ambassadrice de son pays dans le royaume de Belgique. Profondément catholique, le prince Hans-Adam II n’a jamais caché qu’il refusait la moindre réforme concernant le mariage traditionnel, irritant les associations LGBT qui militent pour ce droit. L’arrivée des Démocrates pourrait désormais renverser cette situation, même si le prince-régent conserve encore le droit de dire non à une telle évolution de la famille. Interrogé sur cette situation, Hans-Adam II a laissé sous-entendre qu’il pourrait lâcher du lest mais en aucun cas n’autoriserait l’adoption d’enfants par des personnes de même sexe en dépit du fait que 40% des candidats qui se présentaient à cette élection s'étaient eux-mêmes déclarés en faveur d’un tel changement.« Si les homosexuels adoptent des garçons, ce n'est pas sans problèmes » a affirmé à « Radio L » le prince Hans-Adam II « qui assimile homosexualité avec pédophilie ». Un amalgame qui a mis en colère les représentants des associations homosexuelles qui ont tiré à boulets rouge sur le prince, qualifié de « dernier souverain d’un peuple exotique ». « Je souhaite [qu’Aloïs-ndlr] utilise son véto en cas de vote majoritaire au parlement sur ce sujet » a renchéri pour toute réponse Hans-Adam II qui a exprimé ses vives inquiétudes à ce sujet.
Avec 2000 cas recensés et 53 décès, la principauté a géré la pandémie de coronavirus avec brio. Fin janvier, lui et son épouse ont été vaccinés afin de montrer l’exemple. « Ils ont volontiers profité de la proposition de vaccination, également pour montrer à quel point une vaccination est importante pour alléger le fardeau du système de santé et pour un retour à la normale » a expliqué le communiqué officiel du ministère de la Société civile. Et on ne badine pas avec la santé dans la principauté. Hans-Adam II a annoncé qu’il souhaitait rendre obligatoire la vaccination, rejoint par le régent qui n’autorise pour l’instant pas ses sujets à se déplacer hors de la principauté. « Tout le monde devrait se faire vacciner », a déclaré le prince héréditaire, « espérant que cette pandémie se termine bientôt [elle a coûté la vie à son beau-frère en novembre dernier-ndl] tout en fustigeant au passage ceux qui s’opposent à ce vaccin « alors qu’il y a aucune inquiétude à avoir » a affirmé Hans-Adam II. Un souverain droit dans ses bottes qui reconnaît toutefois qu’il ne peut empêcher les habitants du Liechtenstein de refuser de se faire soigner s’ils ne le souhaitent pas.
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