Aloïs du Liechtenstein ne veut plus de Monseigneur Haas

Rien ne va plus entre le prince-régent Aloïs du Liechtenstein et Monseigneur Haas, archevêque de Vaduz. En filigrane de la détérioration de leurs relations, le mariage pour tous qui pourrait être finalement adopté par la principauté alors que jusqu’ici la famille princière s’y opposait. Le fils du prince héréditaire Hans-Adam II s’est opposé à la prolongation de la charge de Monseigneur Haas particulièrement virulent contre la communauté gay. 

Régent depuis 2004, le prince Aloïs von und zu Liechtenstein bénéficie de pouvoirs considérables au sein de la principauté qui porte le nom de sa famille. Il a récemment fait savoir qu’il ne souhaitait pas la prolongation du mandat de Monseigneur Wolfgang Haas à la tête de l’archevêché de Vaduz. Depuis plusieurs mois, les tensions se sont accrues entre cette monarchie catholique et le prélat qui fête bientôt ses 75 ans. Comme la règle l’exige, il doit présenter sa démission au Pape François.

Un archevêque très conservateur 

Depuis 1997, Monseigneur Haas dirige cet archevêché, « qui regroupe 10 paroisses et qui a été spécialement créé pour lui » rappelle le Voralberg. Connu pour ses positions conservatrices qui ne reflètent pas l’esprit de Vatican II, proche de la Fraternité Saint-Pie X, la personnalité de l’archevêque a profondément divisé les habitants de la principauté qui préféraient se faire baptiser ailleurs que sous sa juridiction ainsi que l'explique Le Temps. Récemment, il a fait part de son opposition à l’adoption prochaine du mariage pour tous, qu’il a vilipendé dans sa lettre pastorale du Carême. « L'attaque contre le mariage et la famille voulus par Dieu est une attaque diabolique contre ce qui est basé sur la volonté salvifique du Créateur et Rédempteur depuis le début et sur lequel l'homme n'a aucun pouvoir de disposition » n’a pas hésité à écrire Monseigneur Haas. L’archevêque « craint une « rupture morale du barrage » par ce qu'il appelle « le genre- et la propagande LGBT », soutenant que « l'ouverture du mariage contredit les fondements chrétiens de la constitution de l'État du Liechtenstein » comme le rapporte le Katholisch dans une de ses éditions.

Une révolution de taille pour le plus petit État d'Europe

L’homosexualité a été dépénalisée en 1989 dans la principauté. Un long combat pour la communauté gay qui obtenu des droits au compte-gouttes au cours de ces dernières années. Si le Pacs (loi de Partenariat) a été adopté après un référendum sur le sujet en 2011 (67% de oui), l’idée du mariage pour tous a cristallisé les passions au sein de cette monarchie européenne qui refuse toutes concessions en ce sens. En août 2022, lors d’une interview au journal Volksbatt, le prince Aloïs a cepenant fait un pas en faveur de cette réforme, déclarant que « le mariage pour tous, pris isolément, ne devrait pas être un problème majeur ». Une prise de position qui avait pris de court et heurté frontalement Monseigneur Haas, porte-étendard des opposants à cette « révolution sociale ». Jusqu’ici, ils avaient été confortés dans leurs positions par le prince Hans-Adam II qui avait lié homosexualité et pédophilie au cours d’un entretien au Tagblatt (2021), se défendant malgré tout de toute homophobie latente contre les gays et lesbiennes. 

Preuve des tensions entre Monseigneur Haas et le prince Aloïs, le refus de l’archevêque de célébrer la traditionnelle messe d'ouverture du Parlement du Liechtenstein le 26 janvier 2023, au lendemain de la publication de sa lettre. Le régent a exprimé son regret dans les médias et fait savoir qu’il souhaitait désormais que le prochain archevêque de Vaduz soit plus « en mesure d’approcher davantage les gens » et qu’il « devra travailler comme constructeur de ponts dans l'Église catholique ».

DR@Frederic de Natal