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Une dynastie, un gala et un président dans la tourmente

Le président de la région Toscane est dans la tourmente. Invité par le prince Emmanuel-Philibert de Savoie, prétendant à la couronne d’Italie, à la soirée de ses ordres dynastiques organisé. Eugenio Ginia est accusé divers mouvements politiques et syndicats de trahison envers les institutions de la République d’autant que le diner s’est déroulé dans un lieu tristement célèbre. 

C’est l’affaire du moment qui a fait la une de quelques quotidiens italiens. Invité par le prince Emmanuel-Philibert de Savoie au Gala annuel du Conseil des Sénateurs du royaume, le président de la région Toscane, Eugenio Ginia, a pris la parole et a fait un bref discours retraçant les « relations profondes » entre les Savoie et la ville de Florence. Chaleureusement applaudi, celui qui a reçu quelques heures auparavant le prince de Venise au palais Strozzi Sacrati, a ajouté qu’il avait « discuté avec le prince de la façon dont il devra visiter au printemps le domaine de San Rossore si profondément lié à l'histoire de sa dynastie, et qui a donc pu être un point de référence pour les présidents de la République ». Le tout devant l’ancien drapeau de la maison royale d’Italie. Sa prestation, au demeurant banale, a été filmée et mise en ligne le 18 novembre 2023, provoquant un tollé au sein dedivers mouvements politiques. 

Les communistes demandent la démission du Président de Toscane

Le parti Refondation communiste de la Toscane (Ridonzione Communist della Toscana) a exigé la démission du Président de la région si chère aux Médicis. Ils lui reprochent d’avoir participé à un gala monarchiste, d’avoir utilisé le qualificatif de « prince » en s’adressant au petit-fils du roi Umberto II reçu « officiellement » et de lui avoir fait une révèrence. Selon les héritiers idéologiques de Lénine et Staline, Eugenio Ginia a « clairement contrevenu à la XIV disposition transitoire et finale de la Constitution de la République italienne, selon laquelle les titres de noblesse ne sont plus reconnus » et « à l'article 1 du statut régional selon lequel la Toscane représente la communauté régionale, exerce et renforce son autonomie constitutionnelle dans l'unité et l'indivisibilité de la République italienne, née de la Résistance ». Pis, toujours d’après les communistes, il  a « humilié la Toscane, la République, la mémoire de la résistance » en se pavanant au par domaine de San Rossore, là où même furent signées les lois raciales en 1938. Une tâche indélébile pour les Savoie dont le prince Emmanuel-Philibert de Savoie a pourtant présenté ses excuses

Emmanuel-Philibert de Savoie et Eugenio Ginia @facebook/Estimatori di Emanuele Filiberto di Savoia

Un héritage qui fait débat en Italie

L’affaire a même un écho inattendu. « Je suis allé voir la vidéo et en tant que citoyen toscan, je suis très embarrassé (...) Comment peut-on se prêter à ce carnaval obscène de nostalgiques d'un retour à la monarchie que la Constitution interdit sans possibilité de révision, (…). Faire cela au sein du domaine toscan de San Rossore, comme s'il s'agissait d'un lieu de souvenir de la famille Savoie. Alors que ce roi traître [Victor- Emmanuel III de Savoie-ndlr] a signé les lois raciales. Le point le plus bas d'une histoire, celle de cette famille, qui a fini dans la boue, et pire » s’est agacé le journaliste-historien Tomaso Montanari dans Libero Quotidiano. « Sommes-nous devenus fous ? » a même tweeté sur le réseau social X le syndicat métallurgique FIOM à propos de cette rencontre. « (…)  Nous ne pouvons oublier le soutien [de la monarchie -ndlr] au régime fasciste, les lois raciales, ce qui est encore la page la plus sombre de notre histoire » a rappelé, quant à lui , le Parti démocrate qui a menacé de suspendre sa participation au gouvernement. 

Face au tollé, le président de la région Toscane, Eugenio Ginia, a décidé de faire profil bas. La maison royale d’Italie n’a pas non plus commenté cette affaire qu’elle regarde de loin. Il n’en reste pas moins que le bilan des dernières années de la monarchie fait encore débat dans cette partie de l'Europe au même titre que la mise en place de la République par le biais d’un référendum truqué. Aujourd’hui, seuls 15% des Italiens souhaitent le retour de la monarchie, avec une maison royale divisée en deux branches qui revendiquent chacune la légitimité d’un trône qui a très peu de chances d'être restauré aujourd'hui.

Copyright@Frederic de Natal

Date de dernière mise à jour : 05/12/2023

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