C’est hier dans la journée que l’information est tombée de manière laconique. Le prince Léopold de Habsbourg-Toscane, ancien héritier du Grand-duché de Toscane, est décédé à l’âge de 79 ans. Ingénieur de formation, il avait fait un retour dans les anciens états de sa famille en 1985 avant de renoncer à ses droits, une décennie plus tard, afin de pouvoir épouser Marta Julia Pérez Valverde. Depuis, il vivait retiré de la vie de la publique, entouré des portraits de ses ancêtres chassés du pouvoir par les Chemises rouges de Guiseppe Garibaldi en 1859.
Il était l’héritier d’un trône oublié de la mémoire collective et pris dans la tourmente du Risorgimento. Le Grand-duc Léopold de Habsbourg-Toscane est décédé hier à l’âge de 79 ans. Fils de l’archiduc Godefroid de Habsbourg-Lorraine (1902-1984) et de Dorothée Marie de Wittelsbach (1920-2015), l’histoire royale et tumultueuse du Gotha européen coulait dans ses veines. C’est au bord du lac de Starnberg que le prince Léopold est né le 25 octobre 1942, dans une Allemagne dirigée par le parti nazi. Chez les Habsbourg-Toscane, on fait peu de cas du chancelier Hitler d’autant que les princes de Bavière ne cachent leur animosité envers « cet petit homme à la moustache brune ». Il faudra attendre la fin de la Seconde guerre mondiale pour que les deux maisons liées par les liens du mariage ne soient plus inquiétées par les bruits de bottes qui claquent sur le sol. Léopold effectuera ses études supérieures à Munich où il obtient un diplôme d’ingénieur mécanique avant de partir s’installer en Amérique du Sud entre 1965 et 1973.
Grand-duc titulaire de Toscane en janvier 1984, le prince Léopold III assumera toute sa vie ses devoirs d’héritier d’un trône emporté par la vague de chemises rouges qui submerge toute l’Italie du XIXème siècle. C’est avec la mort du Grand-duc Jean-Gaston de Médicis en 1737 et grâce à une manœuvre habile de la France que les Habsbourg-Lorraine obtiennent la couronne d’un territoire qui a magnifié toute la Renaissance et qui va connaitre bien des soubresauts en deux cents ans d’existence. Révolution française, annexion au duché d’Eturie créé de toutes pièces par Napoléon Ier, une restauration suivie d’une première révolution qui contraint le Grand-duc Léopold II, faible à bien des égards, à abandonner l’absolutisme puis quitter définitivement Florence en 1859 lorsque Garibaldi occupe la capitale de Toscane. Son fils Ferdinand IV règnera brièvement entre juillet 1859 et mars 1860 avant qu’un référendum ne valide le rattachement de cette province viticole au royaume italien en devenir. Il faudra attendre mars 1985 avant que le prince Léopold III n'effectue un retour très remarqué en Italie, reçu en grande pompe par le président de la région, Gianfranco Bartoloni qui organisera l’année suivante des cérémonies en hommage à la dernière dynastie autrichienne d’Italie.
Revenu vivre près de Salzbourg, il se spécialise dans la mécanique de précision et d’expérimentation de prototypes de moteurs. De son mariage avec Laetitia de Belzunce-d'Arenberg (1965 à 1981), il a eu deux enfants dont l’actuel archiduc Sigismond de Habsbourg-Toscane. Remarié en juin 1993 à Marta Julia Pérez Valverde , une psychanalyste viennoise, il prend la décision de renoncer à ses droits au trône en 1994 comme à celui de Grand-maître des ordres de Toscane, d’ailleurs non reconnu par la maison impériale d’Autriche depuis la fin du Grand-duché. Un contentieux qui agite toujours les deux branches de cette dynastie prestigieuse.
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