La Vox populi n'apprécie pas de voir un Habsbourg, ambassadeur à Paris

Georg de Habsbourg photo@noemi bruzak mtva medias services« On ne pouvait pas trouver un homme plus approprié pour un poste diplomatique aussi élevé qu'un membre d'une ancienne dynastie royale ».  Avec le titre « Un Habsbourg ambassadeur de Hongrie en France », l’article du journal « Le Figaro » n’est pas passé inaperçu à Budapest. Arrivé en mars de cette année, où il a pris les clefs d’un poste prestigieux, l’archiduc Georg de Habsbourg-Lorraine est l’objet de de toutes les attentions et les curiosités dans un pays qui a guillotiné son «  autrichienne «  en 1793. C’est d'ailleurs très agacé que les hongrois ont découverts les «  commentaires épicés » des internautes français qui ont suivi la parution de ce reportage sur le petit-fils du dernier empereur d’Autriche-Hongrie et dont la présence dans l’Hexagone est jugée par ceux-ci comme étant un «  paradoxe historique ». 

George de habsbourg avec son pere otto . Photo@Szilard KoszticsakFils de l’archiduc Otto de Habsbourg-Lorraine, longtemps inamovible député européen, le gouvernement hongrois a décidé de donner les clefs de son ambassade à Paris à un de plus éminents membres de son ancienne dynastie royale. Largement réhabilitée depuis l’arrivée au pouvoir du premier ministre Viktor Orban, qui joue sur la fibre nationaliste des hongrois, les Habsbourg-Lorraine ont retrouvé toute leur splendeur d’antan à travers toute la Mitteleuropa et jusque dans les bancs du parlement européen qui regarde avec attention une famille qui a dirigé la moitié du continent presque un millénaire avant que leur couronne ne soit emportée par les affres de la Première guerre mondiale. Et si les monarchistes français louvoient entre admiration  et méfiance à l’égard d’une dynastie qui s’est opposée aux Capétiens dans sa conception de l’état, l’arrivée dansl’Hexagone comme ambassadeur de l’archiduc Georg de Habsborurg-Lorraine, 55 ans, a provoqué quelques commentaires salés qui n’ont pas échappé aux médias hongrois. 

A Budapest, on n’a pas publié l’humiliant traité de Trianon, signé en 1920, qui a dépecé la Grande Hongrie au profit des autres nations de l’ancien empire austro-hongrois. Le ressentiment à l’égard de la classe politique française est toujours perceptible dès que vous abordez le sujet avec des Hongrois. La nomination de Georg de Habsbourg-Lorraine sonne comme une revanche de l’histoire et les médias ont multiplié les articles sur le sujet, quelques mois avant le départ de son prédécesseur, dont le nom rime avec les plus grandes heures de la « nemesség » (noblesse), György Károlyi. Une famille qui a donné à l’état impérial des dizaines de serviteurs fidèles et à la Hongrie, un prince rouge devenu le premier président de ce pays des Balkans.  Une épopée que l’on peut retrouver dans les mémoires de son grand-père  intitulées « De Budapest à Madère », parues aux éditions Lacurne. « On ne pouvait pas trouver un homme plus approprié pour un poste diplomatique aussi élevé qu'un membre d'une ancienne dynastie royale » n’hésite pas à écrire la presse hongroise à propos du petit-fils de Charles Ier d’Autriche, vantant ses facultés linguistiques ( il parle 10 langues dont le français très couramment)  et qui a occupé « divers postes diplomatiques depuis 1996 puisqu’il a également travaillé comme ambassadeur itinérant et a représenté les intérêts du Comité olympique hongrois à l'étranger » ajoute la version hongroise d’Euronews qui s’est penchée sur les réactions des français.  « Bien que certaines familles aient perdu leurs titres et en grande partie leur fortune dans les turbulences  du XXème siècle, ils ont conservé leur capital relationnel. Ils sont très respectés dans de nombreux endroits et leurs connaissances transmises de génération en génération, ainsi que leur éducation, les prédestinent sans aucun doute à travailler comme diplomates » croit savoir la célèbre chaîne information internationale. Un vent de nostalgie royale souffle toujours  sur la Hongrie du roi Etienne le Grand. 

Un habsbourg ambassadeur de hongrie en france le figaroAustriae est imperare orbi universo (« La destinée de l'Autriche est de diriger le monde entier »). Si dans la capitale hongroise, on a quelque peu frémis quand le prince a publié un hommage à la révolution de 1848, le 15 mars dernier, un événement qui a secoué la monarchie danubienne, de «  l’eau a coulé sous les ponts depuis » et on loue volontiers le compromis de 1867 qui donné naissance à la monarchie austro-hongrois et le mythe de Sissi dont la statue trône fièrement dans un parc de Budapest. Mais dans la France révolutionnaire, c’est une autre ambiance qui règne et quelques esprits chagrins n’ont pas manqué de le faire remarquer.  C’est un débat passionné qui a éructé sur les réseaux sociaux français où les internautes se sont lâchés en parfaite méconnaissance de la situation actuelle qui prévaut en Hongrie. « J'ai lu avec surprise qu'il y a plus de sympathie pour les Habsbourg chez les Hongrois que chez les Autrichiens. (…) Cela ne me dérange pas qu’il soit un ambassadeur de Hongrie aux Habsbourg, mais delà à représenter la Hongrie de Viktor Orbán…. » fait remarquer un commentateur qui semble dégoûté par la situation.  « Un Habsbourg vivant en Hongrie est un paradoxe historique. Même si son père, M. Otto, était génial, cela ne justifie pas que son fils soit nommé ambassadeur de France. Les Habsbourg sont les ennemis jurés de notre pays depuis des siècles. Pratiquement toutes les guerres, que ce soit les guerres napoléoniennes, les guerres impériales et enfin la Première Guerre mondiale, ont été causées par les Habsbourg. Est-ce que Viktor Orbán a l'intention que de refaire un remake pour Macron? Je pense que oui…. » pose comme question un autre qui pense y voir dans cette nomination un complot pour déstabiliser la Vème République. « Pour rendre la pareille, Macron recherche un Bonaparte ou un Bourbon  Castex voulait un capétien mais le dernier a perdu la tête » ironise un autre internaute.  « Cette nomination est une honte pour la France. L’ambassadeur oublie de mentionner - que la Constitution hongroise de 2012 a été créée et acceptée par un seul parti, le Fidesz, qu’il n’y a pas de médias libres en Hongrie,  qu’Orban et son entourage ont volé des milliards d’euros à l’Europe, que la Hongrie a vendu 16000 obligations de résidence pour 300000 euros pièce aux Chinois et aux Russes qui ont reçu un passeport européen en retour, que les organisations civiles sont opprimées, pas autorisées à travailler en Hongrie...» s’agace de son côté un hongrois vivant en France.

Georg de habsbourg nomme ambassadeurRien qui ne saurait ébranler l’archiduc Georg de Habsbourg-Lorraine, dont « Le Figaro » a coupé la particule. Proche du comte de Paris avec lequel il entretient des liens étroits, ce père de trois enfants a été nommé pour ses mérites et sa dévotion pour la Hongrie, une terre qu’il a fait sienne et dont il est assurément aujourd’hui l’un des meilleurs ambassadeurs en Europe, qu’il apprécie ou non les institutions actuelles installées à Bruxelles. « Les Français et les Hongrois sont unis par d’innombrables liens politiques, culturels et économiques. L’histoire de nos deux pays se rencontre en plusieurs points et ont été mutuellement influencé également spirituellement (…). Parallèlement aux relations multiformes entre mon pays et la France, la famille Habsbourg entretient également des liens historiques diversifiés de longue date avec la France. C'est ce qui fait la spécificité de ma mission d’ambassadeur, au cours de laquelle mon objectif est d'exploiter le potentiel de nos relations au profit mutuel de nos pays » répond à ses détracteurs, le plus simplement du monde et avec hauteur, le nouvel représentant diplomatique de la Hongrie dans la « ville lumière ».

Copyright@Frederic de Natal

Date de dernière mise à jour : 07/04/2021

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