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Un empereur, un président de la République et un Aiglon 2.0

Le prince Napoléon et son épouse photo@Instagram Maison impériale @Bestimagee« La volonté de ne rien céder à ceux qui entendent effacer le passé au motif qu’il ne correspond pas à l’idée qu’ils se font du présent ». C’est un discours surprenant et inattendu que le Président de la République a prononcé à l’Institut de France ce 5 mai, en marge des cérémonies du Bicentenaire de la mort de Napoléon Ier. Des festivités interdites au public pour des raisons sanitaires et de sécurité et qui se sont clôturées par une rencontre inédite entre le prince impérial Jean-Christophe Napoléon VII et  Emmanuel Macron à l’Hôtel national des Invalides.

L’image est saisissante.  Sur le parvis de l’Hôtel national des Invalides, debout, les mains dans le dos, le prince Jean-Christophe Napoléon attend aux côtés de son épouse, la princesse Olympia Arco von Zinneberg. C’est un service de sécurité qui est sur les dents. Pour la seconde fois de son histoire, la République va officiellement honorer la mémoire d’une figure importante de l’Histoire de France, l’empereur Napoléon Ier, au cœur même d’un des plus beaux bâtiments du patrimoine national, là où le héros d’Austerlitz repose depuis 1840. En marge de la cérémonie, Emmanuel Macron a prononcé un discours à l’institut de France où il a rappelé sa  « volonté de ne rien céder à ceux qui entendent effacer le passé au motif qu’il ne correspond pas à l’idée qu’ils se font du présent ». Une déclaration qui a manifestement ravi le prétendant au trône,  « fier de porter son nom mais sans pour autant vivre dans l’illusion ni le passé » n’a-t-il pas hésité à déclarer sur le plateau de l’émission « C à vous » sur France 5. 

Emmanuel Macron à l'Institut de France. Photo@Palais de l'Elysée« Les canonnades de la campagne d’Italie, l’entrechoquement des sabres d’Austerlitz, les suppliques grelottantes des soldats de la Grande armée engagés dans la campagne de Russie. Napoléon Bonaparte est une part de nous parce que l’action et les leçons du guerrier, du stratège, du législateur autant que du bâtisseur, portent encore jusqu’à notre siècle ». Emmanuel Macron s’est voulu rassembleur en assumant toutes les grandes œuvres de l‘empire comme ses erreurs. Un discours qui ne peut que toucher le prince Jean-Christophe Napoléon qui a affirmé qu’il ne fallait « nier ni justifier les erreurs commises » par son ancêtre mais bien de « tenter de l’expliquer sans les juger avec les valeurs de notre temps ».  Pour l’occupant de l’Elysée, il ne s’agit pas de se « livrer à une célébration exaltée comme le fit en 1840 le peuple de Paris au retour des cendres de l'Empereur, mais à une commémoration éclairée afin de regarder notre Histoire en face et en bloc ». On est ici loin de toutes accusations d’un Napoléon tyrannique et paranoïaque qui a liquidé la révolution française proférées par la Gauche et l’extrême-gauche, un empereur « qui n’a fait que des guerres défensives pour protéger la France »  s’empresse de clarifier le descendant du roi Jérôme. « Le bicentenaire doit représenter une fierté pour les français et son héritage ne doit pas être réduit aux seules pages sombres de son règne » ajoute Jean-Christophe Napoléon qui a suivi le débat et les polémiques dont fait  l’objet Napoléon Bonaparte depuis quelques mois. « Napoléon, en 1802, a rétabli l'esclavage que la Convention de 1794 avait aboli. En 1848, avec Victor Schœlcher, la Deuxième République a réparé cette faute, cette trahison de l'esprit des Lumières » a toutefois tenu à rappeler dans son discours le Président de la République. 

Le prince Napoléon reçoit Emmanuel Macron Photo@Instagram Maison impériale« Au fond, de l'Empire, nous avons renoncé au pire, et de l'Empereur nous avons embelli nos meilleurs.  Commémorer ce bicentenaire, c'est dire cela. Simplement. Sereinement. Sans céder jamais à la tentation du procès anachronique qui consisterait à juger le passé avec les lois du présent. Mais en retraçant ce que nous sommes nous, Français. Une société historique » ajoute Emmanuel Macron que l’on  compare souvent au jeune corse qui a établi un régime basé sur la méritocratie et qui a fait émerger une nouvelle classe intellectuelle, « l'un de ceux qui poussa le plus loin en pratique l'héritage des Lumières, la confiance en la science, l'art de l'organisation et tout cet héritage du 18ème siècle » remarque le leader de la République en marche (LREM). A propos de cette comparaison, le prince Napoléon est quelque peu lapidaire. Bien que les deux hommes partagent des points de vue identiques, notamment sur le volet financier, « je pense qu’il y a certains points communs, en particulier sa jeunesse mais  je ne crois pas qu’il y ait beaucoup plus » lâche l’Aiglon 2.0, tout sourire.

Hommage d'Emmanuel Macron à Napoléon Photo@ElyséeFace au tombeau entouré d'élèves Saint-cyriens pour l’occasion, Emmanuel Macron et son épouse font face à l’Histoire. A ses côtés, le prince Napoléon qui a tenu à l’accompagner au cœur de l’Hôtel national des invalides. La cérémonie se veut solennelle mais lequel des deux reçoit l’autre finalement ? Jean-Christophe Napoléon VII, pour ses partisans tiraillés entre devoir dynastique et fidélité républicaine, « estime avoir un devoir de dévouement  et de service pour la France  mais ne prétend à rien ».  Pas d’hommages, un simple dépôt de gerbe et si le prince impérial s’est incliné le matin même devant l’imposant mausolée, le Président de la République a préféré conserver une posture plus neutre, préférant commémorer le symbole d' « une épiphanie de la liberté », un homme qui aura marqué son temps « en incarnant l’ordre » et dont la mémoire reste à jamais ancrée dans le subconscient national. De son illustre parent, « Chacun peut voir en lui que tout est possible » résume  Jean-Christophe Napoléon.

Copyright@Frederic de Natal

Date de dernière mise à jour : 07/05/2021

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