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Louis de Bourbon assume son héritage sans rien regretter du passé

Cousin du roi Felipe VI, Louis-Alphonse de Bourbon est un descendant de Louis XIV. Pour son cinquantième anniversaire, il a répondu aux questions du journal El Mundo. Franquisme, couronne de France, famille, le duc d’Anjou ne cache rien et assume pleinement ses convictions. 

Louis-Alphonse de Bourbon est né le 25 avril 1974. Le jour n’est pas anodin. Il coïncide avec celui anniversaire de Saint Louis, un roi capétien qu’il cite régulièrement en exemple. A l’aube de ses cinquante ans, ce descendant de Louis XIV amorce sa nouvelle décennie avec confiance et sérénité. Il a fêté son anniversaire en famille. « Un bon moment » a-t-il expliqué en toute simplicité au journaliste du quotidien El Mundo, venu l’interroger.

Louis de Bourbon à la Chapelle Expiatoire @Photo FDN/KG

Un prince marqué par les vicissitudes de la vie

Aîné de la Maison de Bourbon, sa jeunesse et son adolescence ont été loin d’être une sinécure. Sa vie a été marquée par plusieurs tragédies. Le décès accidentel de son frère aîné, François, en 1984, suivi par celui de son père, Alphonse de Bourbon, cinq ans plus tard. Si le souvenir demeure, Louis-Alphonse de Bourbon entend aller de l’avant. Ses relations conflictuelles avec sa mère ont poussé l’adolescent à se réfugier chez sa grand-mère (maternelle), Carmen Franco, qui a quasiment élevé le prince qu’il est aujourd’hui. Sa seconde grand-mère (paternelle), Emmanuelle de Dampierre, a achevé cette éducation. A chacun son héritage filial. La première, lui a transmis la mémoire de l’Espagne séculaire, la seconde, celui de la France immortelle. 

 

 

Des liens généalogiques avec la Maison royale d'Espagne

Devenu banquier, entrepreneur aux succès en zig-zag, il assure avoir « confiance dans l’avenir ». Prince, Louis-Alphonse de Bourbon n’entend rien cacher de ses convictions. Il assume tout, ne regrette rien. L’hidalgo d’antan qui affolait les deux sexes par une plastique parfaite s’est mué en mari affectueux depuis son mariage en 2004 avec Maria Margarita Vargas, la fille du milliardaire chaviste Victor Vargas, avec laquelle il a eu quatre enfants. Son sujet de prédilection. Louis-Alphonse de Bourbon n’est jamais avare quand il s’agit de parler d’Eugénie, Louis, Alphonse et d’Henri. Longtemps, il a eu des relations complexes avec les autres membres de la famille royale. Une querelle de succession entre son père et le roi Juan Carlos qui ne supportait pas la présence d’Alphonse qu’il ne cessait de voir comme un rival à son trône. Le monarque a multiplié les vexations contre le duc de Cadix à qui il a fini par enlever prédicats et titres. Louis-Alphonse n’est pas rancunier. En 2016, les deux branches se sont réconciliées même si des frictions demeurent, notables lors de l’affaire Franco (2018-2019), lorsque le gouvernement du Premier ministre Pedro Sanchez a décidé de retirer les restes de son arrière-grand-père de son mausolée. Elle se rencontrent régulièrement et Louis-Alphonse est invité à diverses cérémonies. Il a d’ailleurs sévèrement jugé la décision d’exiler Juan Carlos vers les Emirats après les révélations de corruption qui ont entaché la monarchie. « Je l'aime beaucoup aussi et je ne sais pas s'il veut vivre à l'étranger ou s'il le doit. Ce que je dis, c'est que c'est votre maison et que c'est votre pays. », affirme-t-il.

 

Un passé franquiste assumé

C’est aussi un politique dont les positions sont controversées pour ses détracteurs. Il est devenu président d’Honneur de la Fondation Francisco Franco que le gouvernement tente de dissoudre. « J'ai le poste que ma grand-mère occupait auparavant. Elle voulait que je le prenne et cela a été fait avec l'approbation de la famille. La Fondation continue d’effectuer son travail de clarification et de présentation de la période de la vie de Francisco Franco. Quant à savoir si cela va continuer, je ne vois aucune raison de la rendre illégale » déclare le prince. « C'est une entité qui ne reçoit aucune subvention ou aide d'aucune sorte, qui maintient ses contributions, n'attaque ni n'offense personne. Elle défend simplement ses objectifs, répond à toutes les exigences et ne viole aucun droit. Je ne comprends pas pourquoi ils l'attaquent ou veulent la faire disparaître  » ajoute-t-il. Il défend bec et ongles l’héritage du généralissime qui a mis fin à la République en 1939, après trois de guerre, instauré un régime autoritaire auquel a succédé la monarchie à son décès, en 1975. « (…) Les hôpitaux, les routes, la sécurité sociale, les primes de Noël. Il y a des réalisations de toute sorte qui sont toujours là et qui nous profitent encore aujourd’hui » rappelle celui qui aurait pu être duc de Franco si le gouvernement de coalition de gauche n’avait pas décidé d’abroger tous les titres inhérents à la période franquiste. « Il a préparé les bases de l'évolution de l'Espagne avec ses différents gouvernements. Sa figure ou celle d'autres personnages, il faut les voir dans leur contexte. Certaines choses ne seraient plus d’actualité aujourd’hui. La société et le monde en général ont beaucoup évolué. Franco a fait les choses en fonction de la situation en Espagne et il les a bien faites en général. Pour moi, il est indiscutable qu'il a laissé une Espagne meilleure que celle qu'il a trouvée, dont les fruits sont là. Et notre position dans le monde » renchérit-il. Des déclarations dénoncées par d'autres magazines  et des internautes comme en témoigne El Publico qui a accusé Louis-Alphonse de Bourbon de faire l'apologie du fascisme. 

Un monarchiste convaincu en Espagne

Interrogé sur l’institution royale, Louis-Alphonse de Bourbon souligne rôle unificateur de la monarchie, déclarant : « La monarchie est une institution unificatrice, le roi est le garant de cette unité pour tous les Espagnols.».  Il défend une Espagne rassemblée derrière la couronne des Bourbons. Le récent triomphe électoral du parti Bildu au Pays Basque (les indépendantistes ont remporté la majorité des voix lors de ce scrutin local) lui fait craindre une explosion du pays. « Ce qui m'inquiète, c’est (…) le fait qu'il existe des mouvements séparatistes et pas seulement au Pays Basque ou en Catalogne. La grande erreur commise à l’époque a été d’avoir renoncé à des compétences telles que l’éducation. En fin de compte, si quelqu’un vous martèle certaines idées dès votre naissance, cela a des conséquences néfastes. Il faudrait évaluer les erreurs qui ont provoqué ces divisions qui vont à l’encontre de l’unité de la nation » déclare le cousin du roi Felipe VI.  « Un État fédéral n’est pas une bonne chose, et l’Union européenne ne permettrait pas non plus que le pays soit fragmenté en petites régions. De plus, la force de l'Espagne serait diminuée, tout comme notre poids dans le monde » assène-t-il à son interlocuteur.  

 

 

Un soutien au parti Vox

Un discours nationaliste qu’il revendique sans pour autant vouloir entrer dans le jeu politique en dépit de quelques associations  qui rêvent de voir ce prince bleu monter sur son cheval blanc. Ses amitiés avec le député Santiago Abascal, leader de Vox, ne sont pas un mystère. « J'ai des amitiés avec beaucoup de personnes de différents partis, une autre chose est que j'ai mes propres valeurs. Je vote pour un parti, mais si demain ce parti ne représente pas mes convictions, je voterai pour un autre. Je ne suis coincé dans aucun d’entre eux, ce que je ne change pas, ce sont mes idées. La politique ne m'intéresse pas, je suis avant tout un homme d'affaires. », se défend t-il. « En tout cas, je comprends le désamour des gens à l'égard des partis politiques. Ils promettent des choses, ils ne les tiennent pas et ils trahissent leurs électeurs, ils continueront donc à perdre des votes. Il y a des séances parlementaires où on constate le manque d'éducation, le manque de valeurs, le manque de respect. », ajoute Louis-alphonse de Bourbon. 

Un prétendant à la couronne de France

Depuis 1883, le royalisme français est scindé en deux camps. Louis-Alphonse de Bourbon représente les intérêts du Légitimisme. Actif sous la IIIe République, cette mouvance traditionaliste s’est progressivement endormie au début du XXe siècle. Ses prétendants étant plus promptes à revendiquer la couronne carliste d’Espagne estimée plus réaliste que celle de France jugée très hypothétique. Elle a refait son apparition peu de temps après la Seconde Guerre mondiale, a connu quelques scissions notables, enfermée dans une attitude qui tient du rigorisme catholique. Titré duc d’Anjou, Louis-Alphonse de Bourbon serait "Louis XX " si la monarchie avait été maintenue, si le destin n’en avait pas décidé autrement. Il maintient fermement sa position face à son rival, le prince Jean d’Orléans, comte de Paris, qui est pourtant soutenu par la majorité des mouvements et associations royalistes. Il prône le retour à la monarchie constitutionnelle et se pose en défenseur ultra de la famille. Le progressisme, très peu pour lui. « Ce ne sont pas tant des convictions que des faits incontestables. C'est un héritage historique et culturel. Je suis né dans la famille dans laquelle je suis né et je me dois à elle, en défendant ce qu'elle représente;», assure-t-il sans hésiter. De quoi rassurer ses partisans qui le suivent avec une dévotion toute sacrale sur les réseaux sociaux, lui donnant à tout-va du « Sire » ou le qualifiant de « Sa Majesté Très Catholique », le tout sur fond d'ambiance très surannée. 

Si le prince Louis-Alphonse de Bourbon s’exprime que rarement, cette interview offre aux lecteurs un aperçu  de sa vision et de ses valeurs. Une perspective unique qui enrichit le débat sur le rôle de la monarchie dans notre société moderne, tout en mettant en lumière les défis personnels et familiaux auxquels le duc d’Anjou est confronté en tant que membre de la famille royale d’Espagne et prétendant à la couronne de France.

Copyright@Frederic de Natal

Date de dernière mise à jour : 28/04/2024

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