Le trône fantasmé de Louis-Alphonse de Bourbon

Louis-Alphonse de Bourbon. Photo GettyAprès le comte de Paris et ses démêlés avec la Fondation Saint-Louis, c’est au tour du duc d’Anjou de susciter une nouvelle fois l’intérêt du quotidien « El Pais ».  Habitué à couvrir l’actualité politique de l’arrière-petit-fils de Franco, le journal a décidé de s’attarder sur les droits au trône de France du prince Louis-Alphonse de Bourbon. Alors qu’il peine à faire entendre ses messages dans un pays où la république semble enracinée et où il doit faire face aux prétentions similaires de la Maison d’Orléans, il reste ce « souverain en exil à la disposition des français » pour l’Institut de la maison de Bourbon  persuadé que la monarchie ne peut être restaurée que sous son « nom et les principes qu’il incarne ». Une (gué-) guerre de chapelles qui lasse le spécialiste du Gotha, Stéphane Bern, interrogé sur cette question.

Il ne rate jamais une occasion de venir, tous les 21 janvier, commémorer le martyr de Louis XVI aux côtés de ses partisans, les « Légitimistes », qui le considèrent comme le véritable héritier au trône de France sous le nom de Louis XX. Dans son édition dominicale du 21 février, le quotidien généraliste « El Pais » est revenu sur les prétentions du prince Louis-Alphonse de Bourbon qui ne cessent d’intriguer les médias espagnols. Si a Madrid, on ne lui reconnaît aucun titre ni droit, ses partisans français continuent de lui donner du « Monseigneur » lorsqu’ils s’adressent à lui. De la révolte des Gilets jaunes qu’il a soutenu aux critiques de la gestion de la pandémie par le gouvernement d’Emmanuel Macron, des condoléances adressées aux familles des soldats français morts dans l’exercice de leurs fonctions ou victimes innocentes d’attentats aux fêtes religieuses qu'il prend soin de célébrer, le duc d’Anjou ne cesse de publier des communiqués où il invoque de manière récurrente età tout bout de champ le « divin » note « El Pais » qui résume ainsi les activités du prince sur les réseaux sociaux.

Le  prince Louis-Alphonse de Bourbon qui se partage entre deux pays, la France et l’Espagne, rappelle le quotidien et qui explique à ses lecteurs qu’il y a deux facette de Louis-Alphonse de Bourbon.  « D’une part, il y a  Luis Alfonso de Borbón, ce garçon dont l'enfance a été frappée par la tragédie avec la mort de son frère dans un accident de voiture et celle de son père dans un accident de montagne. Un arrière-petit-fils du dictateur Franco et défenseur de sa mémoire, qui ne cache pas sa proximité avec les dirigeants du parti  d’extrême droite de Vox et un homme qui a épousé la fille d’un banquier vénézuélien, son domaine professionnel » note Marc Bassets qui lui consacre ce portrait. Puis « d’un autre côté, il est l’un de ces prétendants qui, dans le cas improbable d’une chute de la République, est prêt à revendiquer ses droits dynastiques et à régner sur la France. Peu connu du grand public, il a multiplié les interventions via les réseaux sociaux avec le ton solennel  empruntés de ceux qui se sentent imprégné d'un rôle transcendantal, comme s'il était un chef d'État, attendant le bon moment pour se déclarer » affirme avec une pointe d’ironie le journaliste d’ « El Pais ».

Louis de Bourbon et son épouse à l'Elysée en 2008 . Photo GettyDernièrement le « prétendant franco-espagnol » a déploré les effets sanitaires, économiques et sociaux de la pandémie, évoquant cette « négligence coupable » de la part du gouvernement tout en affirmant avec assurance que « nombreux sont ceux qui tournent leurs regards vers lui et encore plus le principe qu’il incarne ».  Souhaitant faire connaître l’histoire de France et de sa famille «  à travers unjeu de cartes dont il a fait la promotion sur son compte twitter » [un site lui est même consacré-ndlr], Louis–Alphonse de Bourbon semble persuadé que sa « parole a du poids et de l’importance » écrit Marc Bassets. Le journaliste qui rappelle qu’une « poignée de loyalistes » le suit seulement. Interrogé sur la querelle dynastique qui agite les royalistes français, le spécialiste du Gotha, Stéphane Bern, fait part de sa lassitude teintée d’une note de réalisme.  « Aujourd'hui, j'ai le sentiment que les gens ne savent pas qu'il y a des descendants de nos rois. Pour eux, la monarchie s'est terminée avec Louis XVI et avec en arrière-plan, une guerre de chapelle entre les orléanistes et les légitimistes  qui concerne un cénacle de monarchistes qui ont choisi leur branche » explique l’animateur « Secrets d’Histoire ». Une émission qui se décline aussi désormais sur les réseaux sociaux. « Quand ils me demandent de quel côté je suis, je dis que je suis en faveur du premier qui arrivera à Reims » poursuit Stéphane Bern qui fait allusion à la « Cathédrale de la ville où sont historiquement couronnés les rois de France ».  

Un avis que ne partage pas Philippe Montillet, représentant du prince Louis de Bourbon (comme il est communément appelé). « Personne n'a de plan ou de programme pour se rendre à Reims  et restaurer la monarchie. Cela arrivera parce que ce sera la résultante d'un changement progressif des esprits  qui pourra conduire au retour du roi » précise  ce cadre historique de de l’Institut de la maison de Bourbon (IMB), l’organe de représentation du prince Louis-Alphonse de Bourbon. « Le problème, tel que nous le voyons, est que nous assistons à une telle décrépitude des institutions que, sans la monarchie, on ne voit pas très bien comment aller de l'avant » resye convaincu Philippe Montillet. Lors d’une interview accordée à la chaîne KTO, il y a quelques années, Louis–Alphonse de Bourbon avait déclaré « être à la disposition des français » mais en habitant continuellement  en Espagne, ce « prétendant ne se coupe-t-il pas des réalités françaises ? »  pose comme question « El Pais ». « Cela n’est pas gênant à vrai dire. Cela lui permet d'avoir une certaine distance avec ce qui se passe en France » affirme Philippe Montillet qui qualifie toutefois ce fan de tauromachie et de polo comme d’un « souverain en exil ». « Méthode Coué »  diront certains quand d’autres se gausseront de cette complaisance historiquement fausse. Le palais de l’Elysée, où il avait été reçu en 2008, semble encore loin pour le prince Louis-Alphonse de Bourbon, père de 4 enfants, qui attend patiemment que les français l'appellent. 

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*Titre et guillemets extraits de l'article qui lui a été consacré par El  Pais sous le titre : El trono soñado de Luis Alfonso de Borbón, daté du 21/02/2021

Date de dernière mise à jour : 23/02/2021

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