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Le prince Joachim Murat, héros de la Résistance

Septième prince Murat, le prince Joachim est un descendant du maréchal d’Empire du même nom. Résistant à l’occupant nazi, il a donné sa vie à la fin de la Seconde Guerre mondiale pour que vive, libre, la France. Un destin héroïque qui se place dans les pas glorieux de son ancêtre, beau-frère de l’Empereur Napoléon Ier. 

C’est à Neuilly-sur-Seine, le 16 janvier 1920, que le prince Joachim Murat pousse ses premiers cris. Dans ses veines, coule le sang de son illustre ancêtre du même nom. Cavalier émérite, beau-frère de l’Empereur Napoléon Ier, le fondateur de cette dynastie sera aussi maréchal et roi de Naples entre 1808 et 1815. Ses fameuses charges ont effrayé plus d’un ennemi sur le champ de bataille. Son père (qui porte également le même nom et prénom, une tradition inhérente à tous les aînés) est le chef de la maison royale Murat. Élu député du Lot (1919-1924), sous l’étiquette de l’Appel au Peuple, le parti bonapartiste, il n’a pas démérité durant la Première Guerre mondiale. Commandant du Fort des Sartelles, à Verdun, sa conduite exemplaire lui a permis d’obtenir la Croix de guerre avec trois citations. Il va siéger comme rapporteur de la commission d'Alsace-Lorraine, de la commission de l'Algérie, des colonies et des protectorats, de la commission de la marine marchande et de celle des douanes et des conventions nationales où il se fait remarquer par sa verve tonitruante. Une marque chez les Murat qui imposent naturellement depuis tout temps. Sa mère, Louise Amélie Marie Plantié est la fille d’un préfet de Constantine et la petite-fille d’un sénateur des Basses-Pyrénées. Ses parents se sont mariés à Saint-Sébastien en février 1922 et attendront encore cinq ans avant de passer civilement devant le maire. Un an après sa naissance, Joachim hérite d’une petite sœur Caroline (décédée en 2003), baptisée du prénom de la soeur de Napoléon Ier et épouse du maréchal Murat. 

Joachim Murat, collection Jacques Enogat

Un héros de la Seconde Guerre mondiale

Joachim Murat va grandir dans le tumulte de la IIIe République. Un régime qui chute au moment de l’invasion de la France par l’Allemagne nazie en juin 1940. Le Maréchal Philippe Pétain a été propulsé à la tête d’un nouvel état qui va verser dans la collaboration avec Berlin. Chez les Murat, on est loin d’adhérer au fascisme ambiant qui règne à Vichy. La défaite est ressentie comme une humiliation. Joachim a 20 ans quand Paris capitule. Le bruit de bottes marchant au pas de l’oie dans la capitale le révulse. C’est pourtant par accident qu’il va entrer en résistance après avoir épousé la comtesse Nicolas Pastré dont les parents sont des mondains reconnus de la ville Lumière et issus de la noblesse pontificale. Passé en zone libre, il est hébergé par son oncle par alliance, Jean Lebaudy, au château du Blizon. Les deux hommes s’apprécient et ensemble vont rejoindre les réseaux de résistance qui se sont activés dans l’Indre dirigé par Jean Costa de Beauregard (alias « Carol »). En 1943, il prend sous son aile, son cousin, le prince Louis Napoléon qui a rejoint l’Organisation de Résistance de l’Armée (ORA). Prétendant impérial au trône, il s’est engagé dans la Légion étrangère dès le début du conflit (sous le pseudonyme de Louis Blanchard) et a mis un sérieux camouflet aux envoyés d’Adolf Hitler, le chancelier allemand, venu lui proposer une couronne. Son anti-hitlérisme notoire lui vaudra d’ailleurs quelques démêlés avec l’occupant. Mais pour l’ORA, le prince Napoléon un recrutement de choix, « un sujet intelligent, d’une haute valeur morale ».

La mitraille frappe le prince Murat

Sous-lieutenant des Forces Française de l’Intérieur (FFI), le prince Joachim Murat va écrire les plus pages de la résistance française et inscrire son nom parmi les héros de cette période complexe et agitée. Lorsqu’il apprend le débarquement des Alliés sur les plages de Normandie, le 6 juin 1944, le prince Joachim et son agent de liaison, Robert Boutin, décident de faire activer tous les réseaux de résistance afin qu’ils se tiennent prêt à combattre l’ennemi qui commence à reculer. Dans la longue cohorte de tanks, de voitures siglées de la croix gammée nazie, la fameuse seconde division SS de panzers Das Reich qui va s’illustrer par plusieurs actes ignobles au cours de cette retraite. Le 20 juillet, les Allemands débarquent sur la place du Marché à Mézières-en-Brenne. Un convoi de 15 camions qui va se diriger vers le lieu où déjeunent le prince et ses compagnons d’armes. Il faut alors fuir et se cacher au cas où l'ennemi engagerait le combat. Joachim Murat s’engouffre dans sa voiture conduite par son chauffeur Ludovic Paquin. Avec lui, des documents compromettants qu’il faut sauvegarder. Sa voiture va refuser de démarrer. Le prince de Pontecorvo est à l’arrière quand il entend les camions se rapprocher dangereusement de lui. Sans le moindre état d’âme, les Allemands l'aperçoivent et lui décochent sans sommation une rafale de mitrailleuse qui va faucher le prince Murat. Il a reçu 7 balles, son visage défiguré par la violence de l’attaque. Son chauffeur qui a réussi brièvement à  s'extirper du véhicule, va rapidement subir le même sort comme le mentionne le site de Brenne-au-coeur qui a consacré un article sur le sujet.

Lorsqu’il apprend son décès, le major Ronald Parkinson, un Anglais blessé aux jambes lors d’un parachutage, qui avait été caché par les réseaux du prince Murat déclare : « sa mort a été un grand coup pour nous tous. Il avait en charge tous les convois [parachutages-ndlr] qui nous transportaient ». Inhumé dans le caveau familial du Père Lachaise, Joachim Murat recevra la mention « Mort pour la France ». Une stèle a été érigée à l’endroit où il a été tué, rappelant à tous, l’héroïsme de ce prince de France qui laisse derrière lui trois enfants : les princesses Caroline (née en 1941) et Madeleine (1942-1990), le prince Joachim (né posthume en novembre 1944), actuel chef de la maison royale Murat.

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Date de dernière mise à jour : 09/05/2023

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