Juan Carlos dénonce un harcèlement de la justice et exige de rentrer

Juan CarlosExilé aux Emirats Arabes Unis, le roi-émérite Juan Carlos s’ennuie et fait part de son agacement vis-à-vis de la justice espagnole et suisse. Depuis deux ans, toutes deux enquêtent sur de probables fraudes fiscales, le soupçonnant de corruption, dissimulation de fonds et de blanchiment d’argent. Depuis sa résidence, le père du roi Felipe VI a publiquement dénoncé un acharnement contre lui et accusé les autorités judiciaires de retarder sans aucune raison son retour en Espagne. Un royaume qui ne l’attend pourtant pas forcément. De son côté la gauche et les indépendantistes dénoncent « l’impunité manifeste » dont jouit l’ancien monarque. 

Felipe VI  Photo@PurepeopleC’est son ancienne maîtresse Cosima Larsen qui a révélé le pot aux roses. En 2018, le roi-émérite Juan Carlos fait la une de toute la presse nationale et internationale. Des enregistrements démontrent que l’ancien monarque aurait caché des millions en Suisse, bénéficiant d’une loi d’amnistie votée par le Parti Populaire, 6 ans plutôt. Pis, il aurait aussi reçu de l’Arabie Saoudite d’autres sommes importantes afin de faire lobby au profit du royaume wahhabite. Un scandale d’état qui va faire brièvement vaciller la monarchie avant qu'elle ne s’empresse de réagir drastiquement. Felipe VI renonce à l’héritage qu’il aurait pu recevoir, issu de ces fonds douteux, et exile son père. La gauche exige que le roi, protégé par la constitution, comparaisse devant un tribunal. En vain. Depuis deux ans, la justice suisse et espagnole enquêtent sur la véracité des faits qui accusent et désignent Juan-Carlos dont l’étoile démocrate a été ternie aux yeux de ses compatriotes qui ne lui pardonnent pas cet écart de conduite. 

Comme tout citoyen, le roi bénéficie du droit de présomption. Et il n’a pas manqué de le faire rappeler dans une lettre comme le révèle le journal « El Mundo » qui en a obtenu une copie rendue publique. Par le biais de son avocat, Javier Sánchez Junco, Juan Carlos a accusé le procureur de la cour Suprême, Juan Ignacio Campos, d’avoir transmis aux autorités helvétiques « des déclarations sérieuses et autres allégations de conduite après enquête menée, à notre avis, sans aucun support et sans la moindre justification ».  L’avocat de l’ancien souverain souligne également que ces déclarations « sont contredites par d'autres faits qui ne reposent sur rien » et que la justice viole le principe de présomption d'innocence » dont jouit Juan Carlos d’Espagne. Ces affrontements et procédures juridiques irritent la gauche et les indépendantistes présents au parlement. D’autant qu’un cousin du roi, Alvaro d’Orléans, est dans l’œil du cyclone. La Fondation Zagatka qu’il préside aurait dissimulé entre 2009 et 2018, huit millions d'euros qui auraient servi à payer les nombreux vols privés du souverain. Ce que l’intéressé dément formellement. 

Palais royal de MadridPour la gauche marxiste et les indépendantistes (notamment catalans), il est temps que ces tergiversations s'arrêtent et que le roi Juan Carlos cesse de bénéficier d’une certaine impunité. Ils réclament même un changement dans la constitution et la possibilité de poursuivre la famille royale devant les tribunaux. Jusqu’ici les socialistes au pouvoir ont opposé une fin de non-recevoir à leurs turbulents alliés. Il est vrai que pour l’instant l’enquête en cours n’a pu démontrer clairement la responsabilité de Juan Carlos. Le roi demande désormais clairement de pouvoir rentrer chez lui. « Il tue le temps en regardant des films dans son cinéma privé et passe des heures au téléphone » explique le quotidien « El Pais » qui évoque la lassitude de Juan Carlos. Pour autant les espagnols et la monarchie souhaitent-ils son retour ?  Du côté du roi, on préférerait attendre que la justice rende ses conclusions définitives et on craint que son retour ne permette aux partisans de la République de jouer avec la présumée culpabilité du souverain pour générer un mouvement qui pourrait permettre à la chute de la monarchie en dépit des sondages qui lui sont favorables Du côté de ses sujets, on reste volontairement partagé sur l’attitude à adopter, notamment parmi la jeune génération. Nul n’a oublié ce que Juan Carlos a permis en février 1981 : mettre fin au franquisme.  Pas sur que cela suffise désormais à autoriser son retour dans le pays de Charles Quint.

Copyright@Frederic de Natal

Date de dernière mise à jour : 04/09/2021

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