Felipe VI, une référence pour les espagnols

Felipe VILes sondages se multiplient et se ressemblent. Si les espagnols soutiennent encore majoritairement le roi Felipe VI, le détachement qu'ils ressentent envers l'institution royale s’est considérablement accru depuis les récentes révélations de corruption qui ont entaché le règne du roi Juan-Carlos. Sécessionnisme catalan, crise économique, Covid-19..., le souverain reste encore une figure de référence pour l’ensemble de ses compatriotes mais dont l’aura faiblit auprès des « millénials » plus sensibles aux sirènes et autres mirages du républicanisme.

Le roi et la reine d'EspagneCensé être un « arbitre et modérer le fonctionnement régulier des institutions », il règne sur l‘Espagne depuis 2014, date à laquelle il a succédé à son père Juan Carlos. Face au séparatisme catalan, Felipe VI a su faire preuve de fermeté et gagner en estime.  Sa gestion de la crise de covid-19 a surpris ses compatriotes qui sont aujourd’hui 49,5%  à approuver son mode de gouvernance  avec une note moyenne de 6 points sur 10. Epargné par tous les scandales qui ont frappé les membres de la famille royale, y compris son propre père Juan Carlos qui a été exilé dans les Emirats arabes unis, il n’en demeure pas moins que 70% du panel des 1009 personnes interrogées par l'institut IMOP Insights pour le magazine Vanitatis affirme que la monarchie est plus affaiblie qu’il n’y a 7 ans.  Toutefois, ils ne sont que 27% à désapprouver l’action du monarque et 71% à penser que l’avenir de la monarchie pourrait être compromis par les affaires de corruption ou par l‘avènement de l’infante Léonor. Les espagnols ayant gardé un profond traumatisme du règne d’Isabelle II, dernière femme à avoir dirigé le pays entre 1839 et 1868, en raison de l'instabilité politique qui le caractérise. .

Felipe VI, un chef d'étatLe fossé générationnel et idéologique entre les partisans et les détracteurs de la monarchie s’est considérablement creusé sur cette dernière décennie. Ce sont les femmes (6,5/10) qui conservent une image positive du roi face aux hommes (6,3). Mmais là où il y a des différences significatives, c'est dans l'âge. Si l'on divise la population en seulement deux groupes, les moins de 45 ans donnent au souverain une note moyenne de 5,6, contre 7 pour ceux au delà de 45 ans à égalité avec les plus de 65 ans. Une génération qui a grandi avec Juan Carlos, considéré comme le restaurateur de la démocratie avec l’adoption de la constitution en 1978 et l'échec du pustch de 1981. Les « millenials » semblent se désintéresser de la monarchie ou s’en détourner puisque ceux qui ont entre 25 et 34 ans attribuent une note de  5/10 au roi d’Espagne. Politiquement, plus on est à gauche, plus le rejet de la monarchie est marqué à contrario des électeurs de droite (notamment la génération née entre 1970 et 1985), partisans d’un maintien de l’institution royale. Selon l’enquête, le militant royaliste type est un homme de 65 ans, retraité ou sur le point de l'être, marié, avec des enfants, une bonne éducation et de confession catholique, votant pour le Parti Populaire (Felipe VI y obtient 9/10 contre 7 pour le Parti socialiste). En face, le républicain  est un homme ou une femme (il n'y a pas de différences significatives selon le sexe dans ce cas) de 30 ans, athée qui vote pour Podemos ou un parti nationaliste quelconque,  avec un niveau universitaire qui attribue à la famille royale la note moyenne de 3/10. Parmi les mouvements indépendantistes, les basques du PNV  sont peut-être ceux-qui montrent une certaine indulgence envers la monarchie à contrario de Junts per Catalunya, ERC et Bildu (avec une moyenne de  2,5 sur 10). 

Si la gauche radicale de Podemos réclame toujours un référendum sur la monarchie avec des sondages dont les résultats sur le sujet restent très fluctuants en fonction des événements et qui a peu de chances d’aboutir, « les principaux partis espagnols, socialistes, conservateurs du Partido Popular, Vox et libéraux de Ciudadanos, défendent le régime actuel ».  Le roi Felipe VI, référence pour les espagnols, a donc toujours l’assurance d’un règne long mais peu paisible au regard des nombreuses élections que le monarque a du affronter depuis sa prestation de serment, la quasi majeure partie du temps apparaissant comme l'ultime rempart au désordre parlementaire.

Copyright@Frederic de Natal

Date de dernière mise à jour : 18/06/2021

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