« Quand il y a des difficultés ou des crises, il est important que l'Etat ne soit pas en apesanteur ». Ancien monarque et Premier ministre de Bulgarie, Siméon II est toujours considéré comme un personnage tutélaire vers lequel ses compatriotes ne cessent de se tourner à la moindre crise. Âgé de 84 ans, ce descendant du roi Louis-Philippe Ier a répondu aux questions de Peter Antonov, journaliste pour l’émission Bulgaria On Air, en marge d’une conférence organisée sur la vision que les européens et les bulgares ont des médias en général.
On Air : Vous avez participé à la Seizième Rencontre mondiale des médias bulgares dont le thème était « Médias et vérité », organisé au monastère de Rila. Quel est votre point de vue sur les médias ?
Siméon II : Les médias se doivent d’être crédibles et transmettre uniquement une information exacte et rigoureuse des sujets qu’ils traitent. Au lieu de cela, ils ne font qu’interpréter en fonction de leurs préférences, des perspectives ou des opinions politiques du moment. Au cours de ces années, je ne saurais dire si cela s'est amélioré ou a empiré. Mais je sais au moins qu’ils devraient être plus dans l’observation et rester dans le droit chemin de leur métier.
On Air : Justement, un article de journal russe [Arguments et faits-ndlr] a prétendu que 20 tonnes d'or et 50 tonnes d'argent sont parties pour la Russie? il y a plus d'un demi-siècle. Votre nom a été cité dans cette affaire puisque selon ce même journal vous réclameriez cette somme qui vous appartiendrait. Quelle est votre position sur ce sujet ?
Siméon II : Cette histoire se situe entre le fantasme et le discours infantile. Tout le monde peut imaginer ce que représentent 20 tonnes ou 50 tonnes. Où aurions-nous obtenu de telles sommes ou de telles richesses colossales [sous la monarchie-ndlr] ? Ce qui a été écrit est tout bonnement incroyable. Ce serait bien que ces gens refassent un peu leurs calculs [Siméon II a clarifié sa position en réfutant ces allégations, rappelant qu’il a réclamé à Moscou uniquement les archives sa famille et que la seule plainte déposée à Strasbourg concernait ses propriétés en Bulgarie-ndlr]
On Air : La Bulgarie se classe au 120ème rang du droit à la liberté d'expression et à une presse indépendante, selon Reporters sans frontières. Lorsque vous avez été Premier ministre, nous occupions la 48ème position de ce classement. Comment expliquez-vous cela ?
Siméon II : Je n'ai aucune idée de la manière et de la façon dont ils fixent leurs critères . Est-ce que nous devons considérer comme négatif d'avoir les médias en moins ou peu indépendants ? J’avoue ne pas savoir pourquoi cette situation se serait dégradée tant cela ne me semble pas tout à fait objectif. D’ailleurs si si je compare toujours avec d'autres pays, je ne sais pas si leurs critères correspondent toujours à la réalité. Ou si ils ne visent qu'à discréditer tel ou tel gouvernement.
On Air : La Bulgarie est sur le point d'organiser à la fois sa troisième élection anticipée et de nouvelles élections présidentielles. Le vote aura lieu le 14 novembre prochain. Quel est votre point de vue sur la situation actuelle de la Bulgarie ?
Siméon II : J’espère que nous allons sortir de cette crise qui perdure et voter pour un nouveau gouvernement qui va enfin gérer les affaires du pays. Lorsqu'il y a une difficulté ou une crise, il est important que l'État ne soit pas en apesanteur. J'espère que la campagne sera constructive, pas destructrice, avec des compromis de part et d’autres. Car les divisions ne mènent jamais à rien de bon. Chaque vote et chaque choix est quelque chose que tous doivent prendre à cœur car ils vont déterminer notre futur.
On Air : Des rumeurs affirment que vous allez être candidat à cette présidentielle ?
Siméon II : Je déments catégoriquement ces rumeurs selon lesquelles j’aurais reçu une invitation de l'une des principales forces politiques pour être candidat à la présidentielle.
On Air : Que pensez-vous des candidats qui ont une double nationalité ?
Siméon II : Objectivement parlant, si une personne à la double nationalité, il est tout à fait normal de la respecter et que tout le monde puisse le savoir. Je me souviens que lorsque j’ai dit que j’avais la nationalité espagnole, à une certaine époque, le ministère de la Justice a nié mon existence. Il serait intéressant de peut-être réfléchir à une modification de la constitution.
On Air : La Bulgarie est-elle dans la même situation que lorsque vous avez été élu Premier ministre en 2001 ?
Siméon II : Nous sommes maintenant dans des circonstances complètement différentes. Il ne serait ni correct ni objectif de comparer deux époques ou deux moments de l'histoire. Je me félicite de voir de nouveaux talents sur la scène politique, qui cherchent des solutions à nos problèmes. Je pense que c'est un signe d'évolution, d'une vision d'un monde plus large et qui sera accessible à tous.
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