Siméon II, Jean-Paul II et la filière bulgare

Siméon ii et Jean Paul II« Il m'а rеgаrdé dаns lеs yеux еt m'а dit: j'аi dеux сhоsеs quе jе vеux pаrtаgеr аvес tоi. Jе vеux quе tu sасhеs dе mоi quе la tentative d'аssаssinаt n'а riеn à vоir аvес ton pays ». C’est un chapitre de l’histoire de la Guerre froide qui a eu son lot de rebondissements et de théories complotistes. Le 13 mai 1981, le pape Jean-Paul II est la victime d’une tentative d’assassinat en plein coeur de la Cité du Vatican. Lorsqu’on découvre que son auteur est passé par la Bulgarie et y a séjourné durant deux semaines, c’est l’emballement médiatique.  Pointée du doigt, Sofia est accusée d’avoir été le bras armé de Mehmet Ali Agça. A l’occasion du quarantième anniversaire de cet événement, interrogé par la télévision, le roi Siméon II est revenu sur cette affaire « qui lui a laissé un sentiment très désagréable ».

Siméon II interrogé par Bulgarian On AirLe  13 mai 1981, le monde libre est sous le choc. Pape adulé et opposant notoire au communisme, Jean-Paul II est sur la Place Saint-Pierre de Rome, entouré par 20 000 personnes, lorsqu’il est la victime d’un coup de feu tiré depuis l’assistance. Son auteur, Mehmet Ali Ağca, est un islamiste turc et membre de l’organisation d’extrême-droite, « Les Loups gris ». Blessé, le Pontife est évacué et devra la vie à sa main gauche qui a dévié la balle mortelle dans l’abdomen, lui perforant le colon sigmoïde et l’intestin grêle. L’enquête, qui est rapidement mise en place, va privilégier la piste soviétique comme principal commanditaire de cet attentat. Preuve en est qu’aux policiers qui l’interrogent, Mehmet Ali Ağca affirme avoir reçu son arme de Sergueï Antonov, un responsable du bureau romain de la compagnie aérienne  « Balkan Air ». Pointée du doigt, la Bulgarie, alors satellite de l’Union soviétique, dément et nie toute responsabilité dans cette tentative d’assassinat. Interviewé par l’émission « Bulgarian on Air » à l’occasion du quarantième anniversaire de cet événement, Siméon II s’est confié sur cette affaire « qui lui a laissé un sentiment très désagréable ». 

Mehmet Ali Ağca tente d'assassiner le PapeMonarque déchu depuis 1946, Siméon II vit en en Espagne au moment de cette tragédie. Il va suivre le développement de cette affaire avec intérêt qui le laisse dubitatif. « J’étais très mal à l’aise, je ne comprenais pas pourquoi ils nous accusaient collectivement d’en être tous responsables »  explique le fils du roi Boris III à la journaliste et qui raconte qu'il faisait du sport quand est survenue cette tentative d’assassinat. Lors de sa visite officielle en Bulgarie, en 2002, Jean-Paul II accepte d’évoquer avec lui cet épisode de la Guerre froide  qui cristallise toujours toutes les passions. « Nоus nоus sоmmеs аssis аprès lа сérémоniе еt il а dit: Jе vеux rеstеr аvес tоi, un instаnt » raconte Siméon II.  « Il m'а rеgаrdé dаns lеs yеux еt m'а dit: j'аi dеux сhоsеs quе jе vеux pаrtаgеr аvес tоi. Jе vеux quе tu sасhеs dе mоi quе la tentative d'аssаssinаt n'а riеn à vоir аvес lа Bulgаriе » affirme l’ancien Premier ministre qui entend mettre fin à une des théories qui reposent sur des faits très fragiles. « Oui, beaucoup de choses ont été dites, mais pour moi, il n'y a pas eu d'implication directe » renchérit ce descendant du dernier roi des Français et qui en profite pour dédouaner Sergueï Antonov, finalement lavé de toutes accusations par la suite

Siméon II interrogé par Bulgarian On AirAucune preuve sérieuse n’a été réellement capable de démontrer la responsabilité de la « filière bulgare » dans l’attentat, qui présentait plus d’inconvénients au gouvernement pro-marxiste de Sofia que d’avantages en soi. Tout au plus, les services secrets bulgares auraient servi de  « couverture » et manipulé Mehmet Ali Ağca. Converti au christianisme et dans une biographie, ce dernier a affirmé avoir agi sur les ordres de l’Iran qui lui aurait demandé de « tuer le pape au nom d’Allah ». Sans que l’intéressé ne puisse le prouver pour autant. « Dans une certaine mesure, les gens ont une mémoire courte, selon ce qui les intéressent dans les informations qui sont données et selon le cours des événements qui influent sur leur compréhension » reconnaît le roi Siméon II qui a reçu dernièrement au palais de Vrana le président du parti ABV, Rumen Petkov, venu lui présenter un projet de réhabilitation de la mémoire de Sergueï Antonov. Décoré par le gouvernement de coalition socialo-monarchiste, le principal accusé de cette tentative d’assassinat est mort dans la pauvreté en 2007, emportant avec lui tous ses secrets. Une énigme qui n’en est plus une pour Siméon II qui a rangé définitivement ce mystère dans les affaires résolues de l’Histoire tout comme l'a été celui de la mort de son père, décédé dans des circonstances étranges après une entrevue avec Adolf Hitler en 1943.

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Date de dernière mise à jour : 18/05/2021

Commentaires

  • Serre Ivannick
    • 1. Serre Ivannick Le 19/05/2021
    la curiosité est un vilain défaut, mais voilà, il eut été intéressant de connaître la seconde partie de ce que le Pape JP II a confié au Roi Siméon II, d'une part et d'autre part les circonstances du décès du père du Roi après sa rencontre avec Hitler.

    Merci

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